Lorsque Steve JOBS a fait la première présentation de l'Ipad le 27 janvier 2010, la démonstration était claire : Téléphone et Ordinateur, quid de la solution à mi-chemin.
Si le propos était efficace, l'accueil premier a été relativement mitigé. Certains estimaient que l'ipad allait « changer le monde » alors que d'autres avaient du mal à comprendre son intérêt et sa proposition de valeur.
Les legal tech : L'Ipad des services de formalités ?
Lorsque Monsieur Dupont doit relancer un client non payeur de son entreprise, il ne se dit pas qu'il existe une solution pour cela. Il le fait. Une relance, deux relances puis trois. Par téléphone, par courrier, il ne pense pas à utiliser un produit dédié. Ce n'est pas dans son scope, dans son fonctionnement. Si le montant engagé le justifie, alors il peut faire appel à un avocat. Mais là, il n'y pense pas. Donc il le fait ou le fait faire à son secrétaire. Puis, il arrête de le faire. Et au bout de quelques mois, quand il y repense, il se lance … dans une énième relance.
Entre le faire soi-même et l'avocat, il y a donc un gap, un no man's land. Avec les legal tech, cela change. De même que l'ipad vient compléter le marché des devices, sans mordre sur celui des téléphones et des laptops, les formalités en ligne viennent, combler un manque d'offre, créer un nouvel usage du juridique et révéler un besoin latent.
Les legal tech : Quelle proposition de valeur ?
Le « droit » signifie étymologiquement « en ligne droite, direct ». Pour le Larousse, « le droit est la faculté de réaliser une action, de jouir de quelque chose, d'y prétendre, de l'exiger ». Si l'ipad a pour proposition de permettre une navigation agréable et intuitive, quelle est celle des legal tech pour le droit ?
L'idée essentielle est d'automatiser la production de documents pour des formalités juridiques. Après avoir complété les champs personnalisables, l'utilisateur peut obtenir en ligne, en peu de temps, des documents nominatifs dont il peut se servir pour la suite de son projet.
Le legal tech proposent donc aux Français d'avoir un accès et un usage du droit et de la justice, jugé jusque là, trop complexe.
Si 70% d'entre eux disent vouloir être accompagnés par un professionnel du droit, 96% estiment le coût trop élevé. Et ils sont presque autant à se décourager avant d'entamer des démarches. De fait, près d'un litige sur deux en France, n'est actuellement pas résolu.
De même que la tablette vient proposer un type d'usage, les legal tech viennent combler un no man's land en proposant d'adresser ces situations non accompagnées jusqu'alors. Dans les TPE-PME, l'usage des legal tech intervient aujourd'hui essentiellement pour le recouvrement de créances. En effet, les enjeux financiers de l'impayé se révèlent importants face aux défaillances des clients mais aussi pour la survie de l'entreprise. Pour rappel, près d'1/3 des faillites de TPE/PME sont dues aux impayés.
Les legal tech demain : Quels usages insoupçonnés ?
Quels nouveaux usages devaient accompagner la tablette ? Initialement outil nomade, l'ipad est aujourd'hui principalement utilisé à 82% sur un canapé. Au-delà de combler ce que l'on pense être un vide en termes de gamme, de services et d'usage, cela montre également que le produit, une fois mis sur le marché, vit … sa vie. Et les consommateurs en font très souvent un usage autre que celui qui était anticipé.
Si les legal tech sont imaginées – entre autres – pour toutes les formalités de l'entreprise, quels seront les usages déviés, non identifiés qui en seront faits ? Création de SCI familiale, 1ère étape dans un processus de relance, modification de la forme juridique d'une entreprise … Certaines actions sont d'ores et déjà connues, mais d'autres vont émerger avec la démocratisation progressive des legal tech. Des idées ? Rendez-vous dans les prochaines années pour découvrir les usages – hors des prédictions et sentiers identifiés – qui en seront faits.