Sur un budget global de 1 292 milliards d'euros, 750 milliards sont consacrés à la protection sociale, en France. Il reste donc près de 540 milliards d'euros pour gérer la France !
750 milliards d'euros de protection sociale sur un budget global de 1292 milliards : il reste donc à l'État ; à l’ensemble des collectivités, régionales, locales dont Régions, métropoles, départements, communes, les 1 208 communautés de communes et d’agglomérations et j’en oublie certainement ; environ la somme de 540 milliards d'euros pour gérer la France ! Somme qui paraît très « maigre » par rapport à celle de la dépense de protection sociale. Ce n’est pas étonnant que toutes les administrations se plaignent de plus en plus de manque de moyens, notamment l’enseignement, les services de santé, infirmières comprises, la police, les services pénitentiaires, la justice ; même l’armée mise en évidence par la démission du général Pierre de Villiers. En fait, presque toutes souffrent de manque de financement, alors que nous avons déjà une des dépenses publiques la plus élevée au monde soit 56,5% du PIB, dont 33% pour la seule protection sociale.
La France représente 1% de la population mondiale et 15% des dépenses sociales. Cherchez l’erreur !
Principales dépenses et recettes des administrations publiques en 2017 (INSEE) | ||||||||
Administrations
publiques centrales |
Administrations
publiques locales |
Administrations de sécurité sociale |
Ensemble des
administrations publiques |
|||||
En milliards d'euros |
Évolution 2017 / 2016 (en %) | En milliards d'euros |
Évolution 2017 / 2016 (en %) |
En milliards d'euros | Évolution 2017 / 2016 (en %) |
En milliards d'euros |
Évolution
2017 / 2016 (en %) |
|
Total des dépenses |
529,1 | + 2,4 |
255,4 |
+ 2,5 | 599,0 |
+ 2,4 |
1 292,3 | + 2,5 |
Dépenses de fonctionnement2 |
179,1 | + 2,7 |
132,7 |
+ 2,2 | 99,4 |
+ 1,6 |
411,1 | + 2,3 |
dont consommations intermédiaires2 |
34,7 | + 4,7 |
48,1 |
+ 1,8 | 27,1 |
+ 1,1 |
110,0 | + 2,5 |
dont rémunérations des salariés |
142,2 | + 2,2 |
81,5 |
+ 2,3 | 66,4 |
+ 1,9 |
290,1 | + 2,2 |
Intérêts versés2 |
35,0 | - 2,8 |
4,8 |
- 7,9 | 4,7 |
- 5,1 |
44,4 | - 3,7 |
Prestations sociales en espèces et en nature |
106,9 | + 2,0 |
26,2 |
+ 0,6 | 458,2 |
+ 2,2 |
591,3 | + 2,1 |
Transferts courants entre administrations publiques |
65,3 | + 1,6 |
3,7 |
+ 1,1 | 12,4 |
+ 5,3 |
0,0 | - |
Autres transferts et subventions |
115,4 | + 5,6 |
42,4 |
+ 1,4 | 17,6 |
+ 19,5 |
165,7 | + 6,5 |
Acquisitions nettes d'actifs non financiers |
27,4 | - 2,2 |
45,6 |
+ 7,2 | 6,8 |
- 4,5 |
79,8 | + 2,7 |
dont formation brute de capital fixe |
27,4 | - 1,7 |
43,3 |
+ 7,2 | 6,8 |
- 1,1 |
77,5 | + 3,1 |
Total des recettes |
463,8 | + 5,4 |
256,2 |
+ 1,6 | 604,0 |
+ 3,7 |
1 232,8 | + 4,0 |
Impôts et cotisations sociales |
409,0 | + 6,0 |
143,6 |
+ 3,5 | 553,1 |
+ 3,3 |
1 105,7 | + 4,3 |
Recettes de production |
25,5 | + 2,1 |
44,0 |
+ 1,2 | 20,1 |
- 0,1 |
89,6 | + 1,2 |
Revenus de la propriété |
8,9 | + 2,0 |
2,8 |
+ 2,1 | 3,7 |
+ 2,5 |
15,3 | + 2,0 |
Autres transferts |
20,4 | - 0,5 |
65,8 |
- 2,1 | 27,0 |
+ 15,2 |
22,1 | + 3,7 |
Capacité (+) / Besoin (-) de financement |
- 65,3 | /// |
0,8 |
/// | 5,0 |
/// |
- 59,5 déficit annuel | /// |
Comment en est-on arrivé là ?
Depuis 1975, l'État est en déficit. Dans cette période, c’est en grande partie dû au premier choc pétrolier. Mais c’est avec les ordonnances de 1982/83 que cela a fortement dérapé. Mise en place des 39 heures, de la cinquième semaine de congés, le 8 mai redevenu férié supprimé sous Giscard, la réévaluation du Smig et le pire pour les finances, les 60 ans, ceux-ci ont couté 300 milliards d’euros (d’aujourd’hui) de perte par année depuis cette date. La répercussion de ces « cadeaux » ne s’est pas fait attendre, obligation de mettre en place un premier plan de rigueur suivi d’une dévaluation du franc de 3% pendant qu’à la même période le Deutsch Mark gagnait 5,5%.
Et, cerise sur ce triste gâteau, le vendredi 25 mars au Journal télévisé de 20 H, le ministre des Finances Jacques Delors annonce une politique économique de rigueur.
- hausse des taxes sur la vignette auto, l’alcool et le tabac,
- hausse du forfait hospitalier et de l’essence,
- hausse des tarifs EDF, GDF et SNCF,
- emprunt forcé,
- contrôle des changes et instauration d’un carnet de change aux devises.
Ainsi, ce plan d’austérité comporte entre autres mesures, une augmentation des impôts et interdit pratiquement aux Français de sortir de France. En effet pour l’année entière, ils ne peuvent obtenir que l’équivalent de 2.000 francs en devises et 1.000 francs en billets français. ! !
Estimant que cela ne suffira pas, le 6 avril 1983, Pierre Mauroy passe à la vitesse supérieure.
Le Premier ministre socialiste décide une augmentation des prélèvements obligatoires (forfait hospitalier, prélèvement de 1 % sur l'ensemble des revenus des ménages, impôt forcé sur les contribuables les plus imposés).
Les finances se dégradant encore, il a fallu nommer Laurent Fabius en remplacement de Pierre Mauroy pour mettre en place un deuxième plan de rigueur.
Et personne dans la rue, c’était bien pire qu’aujourd’hui !
L’État ponctionnera ainsi 68 milliards de francs sur les ménages !
Au total c’est 3 dévaluations qui se sont échelonnées de 1981 à 1983. Baisse du franc de 3% le 04 octobre 1981, de 5,75% le 12 juin 1982 et de 8% le 21 mars 1982 !
Les cadeaux c’est très bien, mais cela se paie souvent au prix fort !
En fait la France ne s’en est jamais vraiment remise. Tous les gouvernements n’ont eu d’autres recours que d’augmenter les prélèvements et de plus en plus appel aux emprunts pour boucher les déficits annuels.
Il pourrait être cité beaucoup d’autres mesures fiscales mises en place, mais celle qui restera dans les anales par sa progression c’est bien la CSG mise en place sous Rocard en 1991 avec un taux de 1,1% qui est passé aujourd’hui à 9,2% sur les salaires et beaucoup d’autres taux différents, retraites, et un total 17,2% sur la finance...
L’autre mesure phare qui est devenue un gouffre financier, c’est toujours à l’initiative de Michel Rocard, la création du RMI devenu RSA et RSA activité. 100.000 familles bénéficiaires en 1988, plus de 2 millions aujourd’hui ! Coût évalué : 10 milliards d’euros payés par les départements dont les finances en deviennent exsangues !
En 2000/2002, ce sont les 35 heures qui ont achevé la déroute de l'État français : 5 années de blocage des salaires, une productivité horaire augmentée (mais pas globale, la France a fortement régressée) productrice de stress et de burn-out, forte baisse des embauches. Il a fallu cinq années pour commencer à s’en remettre lorsque la crise de 2008/2009 a tout annulé et pire puisque nous en avons encore quelques conséquences.
Alors qu’une reprise s’était amorcée, les 45 milliards de taxes, impôts du début du quinquennat de François Hollande ont à nouveau plongé la France en récession. Même si la mise en place du CICE pouvait quelque peu rétablir les marges des entreprises en passant 28,5 à 32,5 points, les entreprises auraient encore besoin de 10% supplémentaires pour être plus compétitives, notamment à l’export, et rattraper un pays comme l’Allemagne.
Autre mise en place de François Hollande à son arrivée lourde de conséquences financières : les départs anticipés pour carrières démarrées entre 18 et 20 ans. Le coût est énorme, de l'ordre de 11 milliards par année en tenant compte de toutes les pertes dans l’économie !
Alors que le président actuel avait prévu une stratégie de développement intéressante en commençant par les entreprises et la finance et qu’une confiance internationale était revenue, ainsi que des résultats tangibles : Baisse du déficit, progression intéressante du PIB, trois éléments viennent presque tout enrayer et même briser :
La première, une baisse d’activité européenne et même mondiale
La deuxième, des gilets jaunes qui ont déjà provoqué un blocage partiel de l’activité
La troisième, le résultat du lest lâché dont il n’est pas encore possible d’en mesurer l’importance et les conséquences.
Il sera certainement très difficile d’atteindre, voir impossible de réduire le déficit de l'État, comme annoncé à l’Europe et surtout l’arrivée d’un décrochage prévisible de l’activité compte tenu des « cadeaux » qui seront faits. Et pourtant la solution pourrait être les 40 heures, mais ni le gouvernement, ni les gilets jaunes ne semblent être sur cette ligne. Le Smic passerait ainsi à 1355 euros net, plus que les 1300 réclamés.
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