Comment faire baisser les bourses sans baisser les taux ? En relançant la guerre commerciale

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Par Charles Sannat Publié le 7 mai 2019 à 10h01
Us Chine Sannat
@shutter - © Economie Matin

Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Il n’y a pas 36 manières de faire baisser les marchés financiers.

Soit on monte les taux, mais en faisant cela, les conséquences sont terribles puisque ces hausses de taux touchent l’ensemble de l’économie des pays et comme nous sommes dans une économie globalisée, l’ensemble des économies de la planète, soit… on fait baisser les profits des entreprises et donc les bénéfices. Si on fait chuter les bénéfices, on fait chuter les dividendes. Si on fait chuter les dividendes alors, les actions baissent puisqu’elles rapporteront moins dans l’avenir.

Comment donc faire pour faire baisser les profits des entreprises.

Simple mes amis.

Il suffit d’augmenter les coûts des entreprises.

Mais… il y a une gros MAIS. Si vous augmentez les coûts de vos entreprises et pas des autres, dans une économie globalisée et mondialisée à la concurrence débridée, alors, vous allez dégrader également votre compétitivité relative!

Vous pourriez bien augmenter les impôts et autres taxes. Demandez à Bercy ils emploient quelques milliers d’experts en augmentations & inventions d’impôts taxes et rapine en tous genres. Mais là aussi, vous allez faire perdre vos entreprises face à celles des voisins.

D’où l’idée géniale d’en remettre une couche sur la guerre commerciale et la démondialisation!!

Démondialiser c’est faire baisser les profits et donc la bourse mais… que la bourse sans monter les taux!

Je sais qu’il est de bon ton de continuer à dire que Trump est un imbécile, mais Trump est tout sauf un crétin. C’est un type malin, qui a l’intelligence de son peuple et de sa population. Il est simple, et sait se mettre à la portée de tous. Vous pouvez le qualifier de populiste, cela m’importe peu, il n’est pas plus mon président que le votre, mais en termes analytiques, ne le pensez pas sans soutien. En termes analytiques ne le prenez pas pour un imbécile, en termes analytiques n’imaginez pas un seul instant qu’il se lève le matin et se mette à hurler dans le couloirs de la Maison Blanche faisons la guerre commerciale.

Tout cela est bien plus fin, bien plus technique que ce qu’il apparaît à la surface de la mer où l’on ne vous présente que l’écume des choses.

Ceux qui connaissent un peu l’histoire des services secrets anglo-saxons, de leurs opérations, de leurs décisions et de leurs choix, savent à quel point les anglo-saxons sont tortueux et revêches. Ils sont aussi d’un cynisme et d’une violence sans limites que nous faisons mine de ne jamais voir et de ne pas comprendre.

Ils ne reculent devant rien, et Trump incarne l’élite américaine « Old School » face à l’élite « nouveaux-riches-mondialistes ». L’une des icônes françaises des « nouveaux-riches-mondialistes »Carlos Ghosn est en train de croupir entre les geôles nippones et les tribunaux.

Il faut faire baisser les marchés boursiers et les marchés boursiers vont baisser. Trump sert sur un plateau une nouvelle correction boursière alors que nous étions de retour sur les sommets graphiques et techniques. Même le moment choisi pour cette opération de démondialisation saison 2 épisode 1 ne l’a pas été au hasard.

En mettant un peu d’incertitude dans les anticipations des marchés Trump, sans déclencher la panique, déclenche un mouvement de prise de bénéfices.

Les marchés sont pilotés.

Les marchés sont administrés par la parole politique.

Cela signifie et montre bien que la politique prime largement sur l’économique!

Voici donc les 3 tweets qui ont mis le feu aux poudres!

C’est celui-ci qui résume le mieux la pensée « trumpienne » une pensée qui n’est pas nouvelle.

« Les États-Unis ont perdu pendant de nombreuses années 600 à 800 milliards dollars par an sur le commerce. Avec la Chine, nous perdons 500 milliards dollars. Désolé, on ne va plus faire ça! ».

Vous pouvez traduire cela par les déséquilibres des balances commerciales en notre défaveur c’est fini. Terminé!!

Le problème, c’est que les immenses profits des multinationales et du totalitarisme marchand proviennent directement de la mondialisation. Ils fabriquent là-bas à pas cher, et vendent ici à prix d’or empochant des marges plantureuses et en créant au passage un désastre environnemental considérable et des déséquilibres économiques terribles pour la stabilité même du système économique.

Ce n’est pas du capitalisme. C’est un comportement de parasites puisque cela tue l’hôte à savoir les économies des pays dits développés (d’où l’édito d’hier sur ces milliardaires qui voudraient réparer le système).

Vous avez la traduction automatique sur ces copies d’écran, c’es imparfait mais… vous comprendre l’essentiel et le sens du discours de Trump qui annonce la poursuite des hausses de taxes et un protectionnisme que Trump rend responsable en grande partie de la bonne santé économique des Etats-Unis.

Il a raison.

Comme je vous l’ai déjà dit, la mondialisation a été un processus de 30 ans et la démondialisation sera un processus vraisemblablement plus court mais un processus tout de même qui prendra de 10 à 20 ans. Il peut être plus court, notamment en raison de la préoccupation environnementale. Il n’y a pas d’écologie possible avec une mondialisation telle qu’elle est conçue aujourd’hui.

Je vous disais hier que l’emploi américain était très faux. Je le maintiens, mais n’oubliez pas non plus que je disais qu’il y avait une nette amélioration.

Le vrai sujet, c’est que la mondialisation a tellement laminé les classes moyennes, tellement sorti de gens de l’emploi et du travail, provoqué tellement de désastres humains en fermant des usines et des entreprises, tellement de dégâts écologiques, qu’elle est en réalité indéfendable.

« Tuer » la mondialisation sous cette forme est une nécessité que le pompeux accord de Paris se garde bien d’évoquer.

Ce processus de redressement sous l’égide d’un Trump qui prend des coups quotidiennement a commencé aux Etats-Unis.

Nous, ici, en Europe, nous nous enfonçons dans plus de la même politique qui ne fonctionne pas et nous amene dans le mur.

L’Europe sous sa forme de l’Union Européenne est le cimetière de nos nations, de nos souverainetés et de nos prospérités. Parce que la paix est assurée par la prospérité partagée, toute politique de misère conduit irrémédiablement à de nouvelles formes de guerres.

L’Union Européenne n’est pas la paix. L’Union Européenne prépare les conditions des futures guerres européennes. Elles ne seront pas entre les nations mais sans doute civiles.

L’enfer est pavé de bonnes intentions. Dans notre cas, l’enfer nous est présenté sous la forme de bonnes intentions. Seule la prospérité partagée et les climats politiques apaisés sont de nature à assurer la concorde et la paix. Nous en sommes très loin. Trop loin.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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