Syndicats : un lobby plus puissant en Belgique qu’en France ?

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Par Modifié le 18 juin 2013 à 4h56

En tant que démocrates, il est grand temps de mettre un terme à ces privilèges qui n'ont que trop duré. À cette omniprésence qui étouffe les politiques publiques. À cette toute-puissance qui mine notre société et la conduit tout droit à la catastrophe. Car il convient de ne pas oublier que les syndicats portent une lourde responsabilité dans le processus d'endettement qui a fait passer notre dette de 30 à plus de 100 % du PIB en quelques années suite aux chocs pétroliers des années 1970.

Les privilèges des syndicats coûtent aujourd'hui cher à la collectivité

Malgré les sacrifices nécessaires que nous imposaient ces derniers, les syndicats n'ont cessé de revendiquer la conservation de l'ensemble d'un système social érigé au moment des Trente Glorieuses, voire toute une série de nouveaux privilèges que nous avons évoqués tout au long de ces pages. Des privilèges qui coûtent aujourd'hui très cher à la collectivité.

Nous pensons d'ailleurs que la responsabilité des organisations syndicales dans l'explosion de la dette publique que les Belges (et leurs enfants) sont aujourd'hui condamnés à rembourser ainsi que ses conséquences, notamment une pression fiscale qui étouffe l'initiative individuelle et ampute les salaires des travailleurs salariés eux-mêmes, est à la fois écrasante et historique. Les syndicats, si prompts à agiter l'épouvantail du complot du « grand capital » et du « néolibéralisme », doivent balayer devant leur porte. Ils sont devenus, et de loin, le plus puissant lobby du pays.

Un lobby qui n'avait pourtant, à ce jour, jamais fait l'objet que d'ouvrages historiques ou d'articles universitaires portant sur des aspects très ponctuels (par exemple le nombre d'affiliés). Un lobby est un acteur privé, défendant des intérêts privés avec des objectifs qui lui sont propres. Au nom d'une « démocratie sociale » qui n'a de démocratique que le nom, vu le chantage permanent dont font l'objet les employeurs et les pouvoirs publics, nous avons laissé ce groupe d'intérêt s'insérer dans la plupart des rouages essentiels de notre économie.

La modernisation du pays n'est pas soutenue par les syndicats

Un groupe d'intérêt qui semble d'ailleurs de plus en plus se couper de sa base. Plusieurs dirigeants syndicaux peuvent d'ailleurs, par leur parcours, apparaître comme des apparatchiks des temps modernes, la quasi-exclusivité de leur carrière se faisant au sein de l'institution syndicale. C'est par exemple le cas d'Anne Demelenne, qui aura passé l'essentiel de sa carrière au sein de l'administration de la FGTB*, après avoir enseigné pendant trois ans.

Le monde, l'Europe, la Belgique sont en pleine mutation. Si nous ne parvenons pas à moderniser nos régions et notre pays, notre système social, façonné en des temps bien plus cléments, disparaîtra. Il n'est plus tenable en l'état. Soutenir le contraire (comme le font les syndicats) est suicidaire. C'est cette attitude conservatrice et intransigeante, générée par leur toute-puissance, qu'il faut à présent briser. Sans pour autant remettre en cause la liberté syndicale.

Nous avons également rappelé que le droit de grève, aussi fondamental soit-il, n'est pas absolu : il ne peut remettre en cause d'autres droits tout aussi fondamentaux dans une société démocratique. On pense notamment au droit de chaque salarié de travailler, au principe de continuité du service public. La grève doit être utilisée avec parcimonie, lorsqu'il s'avère que la conciliation n'a aucune chance d'aboutir. Elle ne peut par ailleurs prendre les usagers en otage ou mettre l'entreprise en danger.

*Fédération générale du travail de Belgique, deuxième fédération syndicale belge.

Extraits du livre "Syndicats, enquête sur le plus puissant lobby du pays", par Alain Destexhe, aux éditions Renaissance du livre.

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