Les études et rapports issus d’enquêtes menées depuis 1979 par deux instituts officiels, le CREDOC pour la France et l’OCDE pour une partie du monde, arrivent aux mêmes conclusions :
Ils montrent que les ménages de la classe moyenne sont en perte de vitesse et ont vu leur niveau de vie stagner ou baisser dans de nombreux pays et même accentuer en France, tandis que les catégories ayant un revenu supérieur ont continué d’accumuler revenu et patrimoine.
Très concrètement, les fractions à fort capital culturel, démographiquement en perte de vitesse dans les nouvelles générations, voient se dégrader leurs avantages relatifs dans l'accès de leurs enfants à l'élite scolaire, en particulier face aux fractions mieux dotées économiquement.
Le panel a été divisé en trois classes sociales, selon la répartition des revenus des ménages autour du revenu français moyen mais aussi en tenant compte du chômage, du pouvoir d’achat et du logement.
Les ménages ayant les plus faibles revenus constituent 20% de la population, comme la classe supérieure également à 20%. La classe moyenne qui se trouve entre ces deux situations correspond à 60% de la population française.
Le niveau de vie de la classe moyenne tend à rejoindre celui des plus défavorisés, alors que les ménages les plus aisés se démarquent.
La paupérisation, ou l’appauvrissement progressif et continu, de la classe moyenne au cours des 25 dernières années est très évidente : 30% des ménages les plus modestes et 23% des classes moyennes se plaignent d’avoir vu une dégradation de leur niveau de vie sur les dix dernières années.
Voici les principaux éléments qui permettent de tirer cette conclusion :
Sont propriétaires de leur logement :
• 33% des ménages les plus modestes (ils étaient 51% en 1990)
• 46% des ménages de la classe moyenne (54% en 1990)
• 70% des ménages les plus aisés (65% en 1990)
Possèdent des valeurs mobilières :
• 9% des plus modestes
• 12% de la classe moyenne
• 36% des plus aisés
Ont peur d’être confrontés au chômage :
• 13% des plus modestes
• 15% de la classe moyenne
• 11% des plus aisés
Sont confrontés à une situation de chômage :
• 34% des plus modestes
• 12% de la classe moyenne
• 6% des plus aisés
Redoutent une dégradation de leur santé :
• 21% des plus modestes
• 16% de la classe moyenne
• 7% des plus aisés
S’imposent des restrictions pour leurs achats de tous les jours :
• 76% des plus modestes
• 69% de la classe moyenne
• 37% des plus aisés
D’une voix commune, tous s’inquiètent du fait que leurs enfants puissent avoir un niveau de vie inférieur au leur (70% des ménages les plus modestes, 76% des ménages de la classe moyenne et 71% des ménages les plus aisés).
L’accès à la culture n’est donc pas, lui non-plus, égalitaire...Une part importante des revenus faibles ou modestes bénéficie de gratuité (y compris pour les transports) ou de réduction très importante.
Fréquentent les musées :
• 25% des plus modestes
• 30% de la classe moyenne
• 54% des plus aisés
Fréquentent les théâtres :
• 11% des plus modestes
• 13% de la classe moyenne
• 31% des plus aisés
L’équipement informatique des foyers marque également une inégalité.
Possèdent un ordinateur :
• 40% des plus modestes
• 48% de la classe moyenne
• 85% des plus aisés.
Il en est de même pour les ménages qui constituent la classe moyenne française, ils sont moins (voire pas du tout) avantagés par la distribution des prestations sociales et familiales et les avantages fiscaux appliqués lorsqu’il y a au moins deux enfants au sein du foyer. Leurs revenus sont à la fois trop importants pour bénéficier des aides sociales et familiales accordées aux foyers les plus modestes, et trop faibles pour profiter d’abattements fiscaux.
Grâce aux transferts, les ménages les plus modestes et les plus aisés bénéficient d’un surcroît de revenu d’environ 20%.
Analyse et conclusion
Une classe moyenne forte et prospère est essentielle à la réussite de l’économie et à la cohésion de la société.
La classe moyenne soutient la consommation, stimule en grande partie l’investissement dans l’éducation, la santé et le logement, et elle joue aussi un rôle majeur dans le maintien des systèmes de protection sociale grâce aux impôts dont elle s’acquitte.
Les sociétés qui reposent sur une classe moyenne forte affichent des taux moindres de criminalité et des niveaux supérieurs de confiance et de satisfaction à l’égard de la vie, et elles jouissent aussi d’une plus grande stabilité politique et d’une meilleure gouvernance.
Il ressort toutefois des données disponibles que les 10% situés au sommet de la distribution des revenus détiennent près de la moitié de la richesse totale, tandis que les 40% situés au bas de l’échelle n’en possèdent que 3%.
Cette étude a également mis en évidence qu’un large pan de la population est touché par l’insécurité économique : en effet, plus d’un individu sur trois est vulnérable sur le plan économique, c'est-à-dire qu’il ne dispose pas des actifs financiers liquides nécessaires pour conserver un niveau de vie supérieur au seuil de pauvreté pendant au moins trois mois.
Nous avons également observé que les enfants dont les parents n’ont pas achevé leurs études secondaires n’ont que 15% de chances d’atteindre l’université, par rapport à une probabilité de 63% chez les enfants dont les parents ont fait des études supérieures.
Les résultats sur le plan de la santé, et même de l’espérance de vie, sont aussi largement influencés par le milieu socioéconomique.
La baisse de cette classe moyenne provient essentiellement de l’augmentation continue des prélèvements sociaux, impôts, taxes…
Deux exemples pour ceux qui travaillent : les retenues sur salaires étaient à moins de 6,7% en 1967, aujourd’hui à plus de 22% (soit multiplié par plus de 3 pour moins de remboursements en ajoutant une mutuelle), et la création de la CSG qui était uniquement sur salaire avec un taux de 1,1% s’est étendue progressivement à tous les revenus y compris, retraites, Assedic, financiers… au plus haut à 17,2% !
Malgré toutes ces fortes augmentations d’impositions, les déficits n’ont pas cessé ! Sécurité sociale, Retraites, Assedic, État et bien entendu les dettes, puisque c’est le cumul des déficits.