En août 2013, selon les chiffres du Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social, les moins de 25 ans et les plus de 50 ans représentaient 39% des demandeurs d’emploi (respectivement 19% et 20%) de France métropolitaine. On pourrait donc être en droit de se demander s’il n’est pas possible de créer des synergies entre l’expérience et la sagesse des uns et la fougue et la volonté d’évoluer socialement des autres.
En effet, en France, malheureusement, lorsqu’on est jeune et ambitieux, sans expérience et/ou sans diplôme, on est trop souvent mis sur le banc de touche. Preuve en est lorsqu’on analyse les chiffres du chômage (près de 25% des jeunes sont au chômage). Pourquoi embaucher un jeune sans expérience et/ou sans diplôme et devoir le former en interne quand pour un prix légèrement supérieur on peut se payer un diplômé ou quelqu’un qui a déjà roulé sa bosse et donc directement opérationnel ? A l’opposé, lorsqu’on est « sénior » et expérimenté, certains DRH peuvent parfois avoir des doutes quant à l’intégration réussie du « sénior » dans une équipe de « juniors». En effet, bien que le taux de séniors au chômage soit relativement « faible » (inférieur à 8%), le problème principal auquel doit faire face un sénior qui perd son travail est celui de pouvoir en retrouver un rapidement. Or, le nombre de DRH prêts à intégrer une personne dont on sait qu’elle prendra sa retraite quelques années plus tard n’explose pas… Plus on approche de la fin de carrière et plus le risque de perdre son job devient stressant lorsqu’on sait que si l’on fait une sortie de piste quelques centaines de mètres avant la ligne d’arrivée, le simple fait de finir la course parait fortement compromis.
Si une grande majorité des entreprises restent donc ancrées dans cette logique du « pas assez expérimenté et/ou pas assez diplômé » et du « trop proche de la fin de carrière pour pouvoir être intégré à une équipe de juniors » ou « trop cher pour nous », pourquoi ne pas favoriser la rencontre entre juniors et séniors et leur permettre d’entreprendre ensemble ?
Ce qui manque terriblement à notre pays ce n’est pas le nombre de jeunes motivés et de séniors compétents et expérimentés mais plutôt l’outil qui peut leur permettre de se rencontrer
Imaginons durant un court instant ce qui pourrait se produire si l’on pouvait réunir dans un endroit réel ou virtuel un individu porteur d’une idée, quelques jeunes motivés et quelques séniors, pédagogues et experts du domaine en question. Tous les éléments seraient alors réunis pour développer une entreprise potentiellement créatrice de richesses dans laquelle chacun trouverait sa place. Une idée qui n’aurait peut-être jamais pu voir le jour serait mise sur le marché pour le plus grand bienfait du consommateur, des jeunes à qui personne n’était prêt à donner leur chance travailleraient et pourraient évoluer et enfin, des séniors que beaucoup considéraient comme « has been » pourraient continuer à travailler et à exister socialement, former la future génération et se retirer progressivement du marché du travail en réduisant peu à peu le nombre d’heures de travail.
Soyons clair, permettre à des juniors et à des séniors exclus du marché du travail de créer ensemble leur entreprise générera de la richesse, de l’emploi et repoussera en douceur l’âge du départ à la retraite.
Le monde bouge, avance, se complexifie et il est essentiel pour notre pays de trouver des solutions qui le propulseront dans la nouvelle ère économique qui s’ouvre devant nous. La France dispose de ressources humaines considérables et c’est décevant de voir à quel point certaines de ces ressources sont sous exploitées par manque d’initiatives des pouvoirs publics. Cela fait des années que les gouvernements successifs tentent de résoudre sans succès deux problèmes qui sont les deux faces d’une seule et même pièce : le chômage des jeunes et des séniors et le financement des retraites. Mais c’est en favorisant l’entreprenariat que l’on pourra enfin sortir la tête de l’eau. Or, l’entreprenariat c’est avant tout une question de ressources plutôt qu’une question d’idées, de concepts ou de fiscalité.
En favorisant la rencontre et la création d’entreprise entre juniors et séniors on fait d’une pierre, trois coups : on ouvre le marché du travail à des jeunes qui galèrent, on permet à des séniors qui ne retrouve pas d’emploi salarié de se maintenir en activité jusqu’à la retraite et on allège automatiquement les dépenses du système de retraite en favorisant un départ à la retraite en douceur puisqu’on réduit progressivement le nombre d’heures travaillées. Mais pour essayer de nouvelles méthodes, comme je l’ai dit plus haut, c’est d’abord une question de mentalité. Sommes-nous prêts ?