Vers une réduction des indemnisations chômage ?

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Par Charles Sannat Publié le 15 janvier 2013 à 9h31

Dans l’édito d’hier, je suis revenu longuement sur l’accord concernant la « sécurisation » de l’emploi. Loin de nier les rigidités du marché du travail français, je trouve juste qu’appeler « sécurisation » la précarisation, c’est nous prendre pour des imbéciles. Je ne juge ni positivement ni négativement cette réforme. Je constate un certain nombre de faits qui, à mon sens, mènent l’ensemble des pays d’Europe vers une « grècification » plus ou moins violente et rapide. Or il ne faut pas se leurrer. Nous venons de vivre l’étape numéro un : la précarisation et la fin d’une certaine forme de sécurité de l’emploi. Sécurité toute relative néanmoins.

Nous sommes désormais en chemin pour l’étape 2 et celle-ci est d’une logique évidente. Dans une économie, ce qui accroît le niveau d’emploi est avant tout l’activité et la croissance. Sans croissance, sans activité de production point de salut de la création d’emploi. Cela fait 40 ans que le chômage monte inexorablement et François Hollande a déjà oublié les paroles d’un autre François Mitterrand qui avait déclaré que contre le chômage, nous avions tout essayé et que tout avait échoué. Alors quelle va être cette étape 2 ? La réduction de l’indemnisation du chômage qui passera sans doute par la remise en place d’une forme de dégressivité, qui existait soit dit en passant avant le début des années 2000. Face aux déficits abyssaux de l’assurance chômage résultant d’une double pression, c’est-à-dire d’un côté une augmentation du nombre de demandeurs d’emploi qui génère des coûts supplémentaires, et de l’autre une baisse importante des recettes liée à une baisse du nombre de cotisations puisqu’il y a moins de cotisants, on ne peut qu’aboutir à des déficits records que notre pays surendetté n’aura pas les moyens de financer. Ainsi la presse commence à se faire écho de ces difficultés qu’il faudra bien régler… rapidement.

La dette de l’assurance chômage n’en finit plus de se creuser

Selon l’Unédic, une hausse du nombre de demandeurs d’emploi indemnisables de près de 180 000 personnes en 2013 est à prévoir, après 322 400 chômeurs supplémentaires en 2012. Du coup, l’Unédic a revu à la hausse ses prévisions de déficit pour 2013 à 5 milliards d’euro contre un déficit prévu de 2,6 milliards en 2012. Au total, l’assurance chômage a cumulé un déficit de 13,8 milliards fin 2012. La dette de l’Unédic devrait augmenter à 18,6 milliards fin 2013. Voilà quelques chiffres qui font froid dans le dos, tout en sachant que cette dette n’est pas comptabilisée dans celle de l’État français… (Les trous sont partout mes braves.) Il n’y aura donc pas d’autre solution que de couper dans les dépenses de l’assurance chômage à un moment ou à un autre. Mais rassurez-vous, ce sera juste, ce sera pour votre bien, et puis comme ce sera fait par un gouvernement de gauche ce sera forcément « populaire » !! Mais nous vivons les premiers instants de la fin de notre État-providence. Accrochez-vous car cela risque de sacrément secouer socialement parlant.

Pendant ce temps, et comme le disait Jacques Chirac parce que les emmerdes volent en escadrille (comme nos mirages au-dessus du Mali), un monument de la Kulture (Kulture avec un K cela fait jeune et moderne) parisienne s’effondre, je parle bien sûr du Megastore de chez Virgin. Or je le rappelle, en France, la culture c’est bien, c’est beau, c’est important et on ne peut être que pour, ce qui a valu une mise au point de je ne sais plus quel ministre qui s’est senti obligé de dire : « Non le gouvernement ne nationalisera pas les disquaires. » Quel courage politique tout de même, j’en suis encore admiratif. Bref.

Virgin Megastore placé en redressement judiciaire

À l’issue d’une audience sur le dossier de cessation de paiement déposé par Virgin Megastore, le tribunal de commerce de Paris a décidé de placer Virgin Megastore en redressement judiciaire avec une période d’observation de 4 mois. Le tribunal n’a pas prononcé la mise en liquidation judiciaire, qui aurait signifié la mort de l’entreprise. La chaîne Virgin compte 26 magasins et emploie un millier de salariés en France qui viennent juste d’obtenir 4 mois de répit avant de rejoindre l’Unédic, et de se voir réduire la durée de leur indemnité chômage dès la fin de l’année 2013… Enfin, pendant ce temps-là, et comme les Français aiment se faire enfumer par leur dirigeants qui auraient grand tort de s’en priver, puisque vous mettez tous vos sous sur vos livrets A qui restent l’une des dernières niches fiscales qui échappent à l’impôt, et que votre argent sert à financer la dette de l’État tout en permettant de faire baisser le taux d’emprunt de notre pays, la rémunération du livret A va baisser… eh oui… Vous ne pensiez pas devenir riche tout de même avec un livret à la banque postale !! Restons sérieux.

Le taux du livret A ramené à 1,75 % le 1er février prochain ?

Selon une information du JDD, le taux du Livret A devrait être ramené à 1,75% à compter du 1er février 2013. Le chiffre de l’inflation s’établit sur un an à 1,2 %. Mais la communication gouvernementale étant très, très bien rodée, c’est une bonne nouvelle. Je vous explique en vous montrant le type de phrases lénifiantes auxquelles nous avons droit dans pareil cas : « En effet, si la formule de fixation de la rémunération du placement préféré des Français avait été appliquée à la lettre, la Banque de France aurait été contrainte de le ramener à 1,5 %. Christian Noyer – gouverneur de la Banque de France – avait jusqu’au 15 janvier pour faire connaître sa décision. Après moult réflexions et concertations, Pierre Moscovici aurait arbitré vendredi… » Haaa merci Mosco ! Merci Mosco ! Car grâce à Mosco, le taux du livret A sera ramené de 2,25 % à 1,75 % au lieu de 1,50 % !! Répétez après moi : « Merci Mosco ! Merci Mosco ! » (Rassurez-vous amis de gauche, nous avons eu droit au même cinéma sous le gouvernement Fillon.)

Bon, à l’arrivée, on va voir nos dépôts moins rémunérés, dépôts qui de toute façon se sont évaporés dans le trou noir de la dette depuis bien longtemps et vous n’avez pas intérêt à courir en même temps à la banque chercher vos sous. Vous pourriez être désagréablement surpris… mais je ne veux pas vous casser le moral. Bon, pendant ce temps-là, la production baisse, mais rien d’inquiétant : c’est juste que le chômage c’est comme le cholestérol, ça s’entretient par des efforts quotidiens.

3e baisse consécutive de la production industrielle

D’après Eurostat, l’agence de statistiques de l’Union européenne, la production industrielle a, contre toute attente, reculé en novembre, subissant ainsi une troisième baisse mensuelle d’affilée dans les 17 pays utilisant l’euro puisqu’elle s’est repliée de 0,3 % en novembre alors que les économistes avaient anticipé une progression de 0,1 %. Sur 12 mois, la production industrielle – dont les deux tiers proviennent de l’Allemagne, de la France et de l’Italie – a chuté de 3,7 %. Plus grave, les prix à la production ont reculé de 0,2 % pour la première fois en cinq mois en novembre. Et enfin, les nouveaux prêts accordés au secteur privé de la zone euro ont encore diminué de 0,8 % comme le montrent les derniers chiffres publiés par la Banque centrale européenne (BCE).

L’équation hilarante

Reprenons rapidement l’équation actuelle car je ne résiste pas. On est bien d’accord, la production industrielle baisse, les prix à la production également, le chômage explose et atteint des plus hauts dans la zone euro, et la croissance négative patine…. Sans oublier la production de crédit qui s’effondre littéralement (ce qui est essentiel pour l’évolution de la masse monétaire). Mais, mais, mais : la masse monétaire M3 a augmenté de 3,8 % en rythme annuel en novembre en Europe !! Alors, de vous à moi, c’est pô beau l’économie moderne ? Enfin, vous savez, c’est normal, car cette fois-ci,… c’est différent, c’est nous qui n’avons rien compris !!

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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