Chine, Russie et dédollarisation : « d’abord tout doucement, puis brutalement »

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Par Alexandre Lagny Modifié le 29 novembre 2022 à 10h10

L'effondrement du dollar se fera en deux phases : d'abord tout doucement puis brutalement. Cette formule paraphrase celle d'un héros d'Hemingway répondant à la question comment vous êtes-vous ruiné. L'hégémonie du dollar américain montre ses premiers signes de faiblesse les événement vont probablement accélérer.

Mercredi 21 mai 2014, la Russie et la Chine ont conclu un accord d'approvisionnement gazier portant sur 400 Mds $. Pour la Russie, fournisseur de gaz sur le continent européen et asiatique, l'objectif est de se désolidariser de l'Europe dans le cas de sanctions économiques prises à son encontre. Pour la Chine, il n'est pas uniquement question d'approvisionnement en gaz pour faire face aux soucis environnementaux liés au charbon. Le but est véritablement de faire un pas en avant dans le processus de dédollarisation puisque cette transaction se fera en dehors du dollar.

Néanmoins, cet accord manque tout de même de précision, et les deux superpuissances ont quelques différents sur ce projet. Par exemple, lorsque la Russie projette de ne construire qu'un seul gazoduc qui alimenterait à la fois la Chine, le Japon et la Corée, la Chine souhaiterait deux tuyaux séparés. S'il faut mettre en place deux gazoduc au lieu d'un (le coût d'un pipeline étant estimé à 322 Mds $), les marges de la société GazProm seront affectées. De plus, la construction prendra plusieurs années (2018) et Gazprom a besoin d'argent maintenant.

Mais même vague ce contrat constitue une avancée importante dans le processus de dé-dollarisation.

De plus en plus d'échanges indépendants du dollar

Depuis plusieurs années, il semble qu'un grand nombre de pays aient la volonté commune de se passer du dollar dans leurs échanges. La signature entre Poutine et la Chine d'un accord avec la Bank of China afin de contourner le dollar et régler leurs échanges commerciaux en monnaies locales est un passage à l'acte. En effet, ces deux nations envisagent que le dollar ne restera pas encore longtemps la monnaie de réserve mondiale. Bien entendu, les deux géants ne se contentent pas d'attendre que les choses se fassent d'elles-mêmes, ils donnent un petit coup de pouce...

Récemment, les BRICS ont également travaillé sur le projet d'une nouvelle banque internationale comme alternative au FMI, qu'ils ont dévoilé en avril 2013. Le but n'est pas seulement d'empêcher les Etats-Unis de faire pression sur certains pays (notamment la Russie) mais aussi de créer un marché de l'énergie indépendant du dollar. Cela nous rappelle étrangement l'accord gazier sino-russe passé récemment. Certes, le projet FMI Bis n'a pas encore abouti. Pourtant, le Brésil et la Chine devraient ainsi passer près d'un quart de leurs échanges commerciaux hors du dollar américain.

Enfin, en République Démocratique du Congo, la BCC (Banque centrale du Congo) a instauré qu'à partir de la fin 2014, les échanges nationaux devraient se faire exclusivement en franc CFA. Les autorités du pays sont fortement actives dans la dédollarisation, car l'arrivée du billet vert dans les années 1990 fut mal perçue.

Un tiers des dollars sont détenus à l'étranger

Les dollars des échanges commerciaux qui ne rapportent rien sont replacés en dette américaine En mars 2014, ce sont 35% des 17 200 Mds $ de dette publique américaine qui étaient détenus par des pays étrangers, dont principalement la Chine et le Japon. 12% supplémentaires sont entre les mains de la Réserve Fédérale des Etats-Unis (la Fed) qui rachète les titres sur le marché afin de maintenir les taux bas pour soutenir l'économie.

Les conséquences sont doubles :

- soit les acteurs étrangers souhaitent se séparer des dollars qu'ils possèdent, et dans ce scénario le retour de dollars en très grande quantité sur le sol américain provoquerait une très forte inflation puisque plus de billets verts se retrouveraient en quête d'une même production de biens et services.

- soit la Fed lance un énième énorme programme de Quantitative Easing pour sauver l'économie américaine et dans ce cas, la conséquence risque d'être l'hyperinflation (fuite devant la monnaie fabriquée en grande quantité).

Si vous nous lisez assidûment, vous devinez la suite ; c'est là que ça devient intéressant pour l'or. Les scénarios inflationnistes sur le sol américain sont toujours favorables au métal jaune. D'autant plus que les puissances souhaitant se passer du dollar admettent que l'or pourrait bien avoir un rôle à jouer dans la mise en place d'un nouveau système monétaire international. Dès que les évènements s'accélèreront, l'or grimpera bien au-delà des niveaux rencontrés en été 2011.

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  Etudiant de première année en école de commerce, passionné d’économie et de finance depuis plusieurs années, Alexandre Lagny est un contributeur des Publications-Agora depuis plus de six mois dans le cadre d’un stage.       

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