Le gouvernement chinois est inquiet : les cinq premiers mois de l’année 2012 ont vu défiler un nombre inquiétant de mauvais chiffres. La croissance au premier trimestre n’était « que » de 8,1 %, le taux le plus bas depuis trois ans. La production d’électricité a ralenti, les prêts bancaires aussi. L’indice manufacturier est également en berne depuis sept mois consécutifs… Même si une croissance à 8 % ferait rêver bien des pays, la deuxième économie mondiale montre donc pour la première fois des signes de faiblesse.
C’est pourquoi Pékin a indiqué qu’une série de mesures de relance devaient voir le jour. Selon Tao Dong, économiste en chef chez Crédit Suisse, le gouvernement doit notamment décider s’il libère des fonds à hauteur de 2000 milliards de yuans (environ 250 milliards d’euros), afin d’éviter un ralentissement. Les autorités vont lancer en parallèle un plan dit de « prime à la casse », pour inciter la population à acheter de nouvelles voitures. De nombreuses subventions, pour les climatiseurs ou les télévisions font également partie de ces mesures.
Dilemme : depuis le début de l’année 2012, la Commission du Développement et des Réformes Nationales a déjà validé deux fois plus de projets que l’année dernière à la même période, selon le Wall Street Journal. Les plus gros bénéficiaires sont les usines d’acier, avec près de 16 milliards d’euros injectés la semaine dernière afin de construire deux nouvelles installations. Dans un pays qui cumule déjà 110 millions de tonnes d’excédent en aciérie, cette nouvelle stimulation de l’économie ne risque-t-elle pas d’amplifier le déséquilibre actuel ?
Malgré une expansion à faire pâlir d’envie le monde entier pendant dix ans, les « failles » du modèle chinois commencent à se voir. Son impressionnante croissance a été en grande partie alimentée par les capitaux engagés : construction d’autoroutes, d’appartements, d’usines, d’aéroports ou encore de lignes de train à grande vitesse. Le tout au détriment de la consommation. En 2010, selon la Banque Mondiale, 45 % de la croissance était due à ces investissements. Un rythme quasiment impossible à tenir ! Et rien n’indique que les nouvelles mesures prévues permettront de renverser cette tendance. Or d’après les analystes de Barclays, « une croissance lente est essentielle pour rééquilibrer une économie »…
Par Benjamin Carlson
Global Post-Adaptation Henri Lahera pour JOL Press
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