Contre le chômage, on a tout essayé ?

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Par Philippe David Modifié le 5 décembre 2012 à 5h35

C’était il y aura quarante ans l’an prochain. Une éternité. La France, victime comme l’ensemble du monde du premier choc pétrolier, entrait dans la spirale infernale du chômage de masse.

Depuis 1973, le chômage fait partie de la vie des français. Toutes les familles ont été frappées par celui-ci puisque la barre du million chômeurs a été dépassé il y a bien longtemps : au second trimestre 1977 très exactement. Le chômage est devenu dès lors un enjeu politique majeur à toutes les élections nationales.

« Moi Président, la France ne passera pas le cap des deux millions de chômeurs, je m’y engage ». Ainsi parla François Mitterrand en 1981. Inutile de dire que, comme le disait déjà à l’époque Charles Pasqua, « les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent » puisque c’est sous François Mitterrand, au second trimestre 1984, que le cap des 2 millions de chômeurs fût dépassé et que, lorsque celui-ci quitta le pouvoir après deux septennats, le cap des 2.5 millions était lui aussi dépassé. Enfin, bien plus que 2.5 millions puisque entre temps avait été crée le RMI dont les allocataires étaient, et sont toujours même si celui-ci a été rebaptisé RSA, sortis manu militari des chiffres du chômage (il y avait plus de 800 000 allocataires lorsque François Mitterrand quitta l’Elysée) mais tant pis, le but étant de se faire élire on pouvait bien promettre tout et n’importe quoi. D’ailleurs n’est ce pas le même François Mitterrand qui déclara en 1993 : « Dans la lutte contre le chômage, on a tout essayé », une formule alambiquée pour dire que « faute avouée est à moitié pardonnée » ?

Depuis 1984, la France n’est repassée sous le cap des deux millions de chômeurs (officiels pas réels) que pendant trois trimestres en 1990. Jacques Chirac, qui promettait de « réduire la fracture sociale » et Nicolas Sarkozy, qui promettait « le plein emploi à la fin de son quinquennat » ont eux aussi échoué. Quand à François Hollande, et même si c’est à la fin du bal qu’on paye les musiciens, il y a fort à parier qu’il va lui aussi échouer. Pourquoi ? Parce que si dans les sports collectifs on ne change pas une équipe qui gagne, dans la politique française on ne change pas une méthode qui perd.

Depuis quarante ans, les mêmes recettes qui ont toutes échoué sont remises à l’ordre du jour gouvernement après gouvernement mais, tant que les fondamentaux n’auront pas été remis en ordre, le chômage restera endémique. Depuis quarante ans, on a sans discontinuer multiplié le nombre de strates administratives, de fonctionnaires, de comités théodule ce qui a eu pour effet de toujours faire augmenter les prélèvements obligatoires donc les charges qui pèsent sur les particuliers et, surtout, sur les entreprises qui ne peuvent pas se développer.

Car c’est dans les PME que se trouve la solution contre le chômage mais, écrasées d’impôts et de charges, celles-ci au mieux se développent moins vite que leurs concurrentes étrangères, au pire disparaissent purement et simplement. Comment expliquer que nos PME payent de 15 à 33,33 % d’impôt sur les sociétés quand les entreprises du CAC 40 en payent en moyenne… 8% ? Ce seul exemple, mais il y en a tant d’autres, nous montre que, non, « tout n’a pas été essayé contre le chômage ». Malheureusement.

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Philippe David, 46 ans, est cadre dirigeant à l'international, auteur de plusieurs livres politiques dont le dernier, « De la rupture aux impostures », est sorti en 2012 aux éditions du Banc d'Arguin. Il est également chroniqueur sur Sud Radio.

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