Michel Sapin, le ministre du Travail, doit en trembler. Et les principaux intéressés avec lui... Les chiffres de l'Insee viennent de tomber : au quatrième trimestre 2012, 10,2% de la population active, soit 2,9 millions de personnes, était au chômage en France métropolitaine, contre 9,9% le trimestre précédent. La barre symbolique des 10% est donc franchie. Cela faisait trois ans qu'une telle hausse n'avait pas été enregistrée. Et cela fait treize ans, depuis 1999, que la France n'avait pas connu un tel niveau de chômage. L'Insee a une méthode de calcul semblable à celle du Bureau international du travail, mais différente de Pôle Emploi, qui, lui, comptabilise un à un les demandeurs d'emploi qui viennent s'enregistrer.
Parmi ces chômeurs, les jeunes –c'est-à-dire les actifs de moins de 24 ans, ayant terminé leurs études- font figure de « parents pauvres ». 25,7% d'entre eux sont au chômage. Du jamais-vu depuis 1975, date des premières statistiques en la matière (+1,6% par rapport au troisième trimestre) ! D'après le baromètre 2013 du moral des jeunes diplômés publié par Deloitte et dans le Huffington Post, 45% des jeunes diplômés de l'enseignement supérieur depuis moins de trois ans indiquent d'ailleurs être à la recherche d'un emploi. Quant aux grandes écoles, en un an, la proportion de leurs diplômés cherchant un job a pratiquement doublé : 28% en janvier 2013, contre 16% en 2012.
Et il y a peu de chances que la situation s'améliore : d'après la Commission européenne, le chômage va progresser encore pour atteindre 11% de la population active en 2014... Malgré tout, le chômage en France reste inférieur à celui qui frappe la zone euro : 11,7% au dernier trimestre 2012. Une bien maigre consolation.