« Les promesses n'engagent que ceux qui y croient » ? Le chef de l’Etat a bien malgré lui été obligé d'admettre un échec en matière d'emploi, ce samedi 23 février, lors de sa visite au Salon de l'agriculture : François Hollande a, en effet, reconnu que la courbe du chômage ne serait pas inversée cette année : « J'ai demandé au gouvernement de mobiliser tous les moyens pour l'atteindre », a-t-il estimé. « S'il n'y a pas d'objectif, il n'y a pas de volonté et moi je ne me résigne pas ».
« Nous devrons y parvenir coûte que coûte », assurait pourtant le Président lors de ses vœux télévisés, le 31 janvier dernier. Or, d'après un sondage Ifop paru dans le Journal du Dimanche début janvier, seul un quart des Français pensait que le chef de l’Etat parviendrait à « inverser la courbe du chômage » d'ici fin 2013.
Faut-il changer de cap ?
Pour Yves Jégo, délégué général de l’UDI et député-maire de Seine-et-Marne, le gouvernement doit changer de cap rapidement : « Je crois qu’il est urgent que le gouvernement prenne conscience qu’il a pris la mauvaise direction. Il faut prendre des mesures de compétitivité, je pense notamment à la baisse des charges », a-t-il déclaré sur RMC. « Nous avions prévu, dans la TVA sociale, de baisser de 6 % les charges des entreprises. C’est la baisse des charges qui peut favoriser le retour de la croissance et de l’emploi. Moi je crains que les Français ne supportent pas cette absence de résultat sur le combat majeur qu’est celui du chômage ».
Mais pour la majorité, la politique du gouvernement est la meilleure à appliquer, seulement les mesures doivent être prises rapidement. Jean-Marc Germain, député PS des Hauts-de-Seine en charge des questions d'emploi, estime en effet que « le cap de la politique de l’emploi est bon ». « En revanche, il faut accélérer. Je pense aux emplois d’avenir : on pourrait assouplir les conditions d’accès des plus diplômés », a-t-il précisé aussi sur RMC. « Je pense aussi au chômage partiel : il faudrait que la France ouvre largement les vannes du chômage partiel. »
Sombres perspectives
Déjà en octobre, l'Observatoire français des conjonctures économiques, prévoyait que le taux de chômage en France métropolitaine pourrait atteindre 11 % de la population active fin 2013, un taux historique. Par ailleurs, l’OFCE avait aussi que la politique budgétaire de réduction des déficits menée par le gouvernement ne permettraient pas d'inverser la courbe du chômagepour cette année. Or il semblerait que cette estimation se vérifie effectivement.
La zone euro n’est pas en reste sur le sujet : selon les dernières prévisions économiques de la Commission européenne, le chômage risque de s'aggraver dans la zone euro cette année et devrait dépasser les 12 % de la population active. Si le taux de chômage devrait atteindre les 27 % en 2013 en Grèce et 26,9 % en Espagne, la Commission prévoit un taux de 5,7 % pour l’Allemagne, et 10,7 % pour la France. Le record absolu de chômage en métropole (10,8 %) a été enregistré en 1994 et 1997. Sera-t-il dépassé cette année ?
Vers un nouveau record ?
En décembre, la France comptait 3,13 millions de chômeurs sans activité (+0,9 % en un mois, +10,8 % en un an). Si cette tendance se poursuit, le record absolu de janvier 1997 (3 205 000 chômeurs) pourrait bien être dépassé. Dès janvier ? Certains le pensent. Si l'Insee table sur un taux de chômage qui pourrait monter au niveau de 10,5 % à la fin juin, d’autres assurent que le taux pourrait être encore plus important.
Par ailleurs, l’Insee affirmait le 14 février, qu’en moyenne annuelle, la croissance a été nulle en 2012, alors qu’elle était de 1,7 % du PIB en 2011. Si cette tendance se confirme pour 2013, le taux du chômage risque immanquablement d’augmenter de façon exponentielle. En effet, les économistes s'accordent pour considérer que la France recommence à créer des emplois avec 1 % de croissance et que le chômage baisse à compter de 1,5 %... Le record est donc, selon toute vraisemblance, en passe d’être battu dans les mois à venir.