Ce n’est pas nouveau, mais cela s’inscrit dans un moment grave de l’économie, car la France est en croissance zéro, qu’elle a des coûts de production qui continuent à augmenter et que son appareil production est vraiment au bord de la rupture à cause du choc fiscal qui lui a été infligé et également à cause de la terrible tenaille entre "la compétitivité qualité" des pays de l’Europe du Nord et "la compétitivité prix" des pays de l’Europe du Sud. Le chômage est donc un problème majeur : il y a risque de crise sociale et risque de crise politique et on n’arrivera pas à le régler si on ne règle pas le problème de la croissance c'est-à-dire le problème de l’appareil productif français.
Il faut savoir que la France est en croissance zéro depuis 5 ans (on était à l’indice 100 début 2008 et on est à 99 en 2013). Nous sommes donc en stagnation économique depuis 5 ans. Bien plus grave, nous sommes en croissance 0 en matière industrielle depuis 10 ans. La crise française est de fait une crise ancienne, elle pèse particulièrement lourd, avec l’érosion permanente de notre compétitivité et l’effondrement de notre activité industrielle. Mais tout ceci est bien connu.
Nous sommes de toute évidence en panne économique. Mais la mauvaise nouvelle est qu’en 2013 nous serons probablement aussi en croissance zéro. De par cette situation, on assiste à une montée ouvrière radicale dans les luttes sociales. À ce jour, les dirigeants syndicaux remettent en cause la mondialisation, l’économie de marché et les pouvoirs du patronat, et au travers des demandes de nationalisation, remettent en cause les données fondamentales que le Français a cru acquises.
Face à l’urgence, grâce à l’ingénierie de nouvelles mesures sociales (crédit d’impôt compétitivité, accord sur la sécurisation de l’emploi, banque publique d’investissement...) la puissance publique tente d’atténuer la violence du chômage et tente le pari que par un dialogue social renouvelé, un nouveau compromis social pourra être élaboré. D’où l’enjeu de l’accord compétitivité emploi. Pourtant cet acte reste purement défensif.
Nous voudrions tous que la croissance reparte
Il nous faut regarder les choses simplement : quels différents leviers de la croissance pourrions-nous actionner ? Le moteur de la consommation française, plus précisément celui de la demande intérieure ? Mais quand le chômage augmente et que les revenus stagnent, voire baissent, vous ne pouvez pas espérer une reprise de la consommation. Le moteur de l’investissement ? Mais qui sera prêt à investir quand les perspectives de la demande intérieure faiblissent et que vient s’ajouter un problème de compétitivité pour répondre à la demande extérieure.
Le moteur de la dépense publique ? Mais cette dernière doit être diminuée et on observe là aussi un effet récessif supplémentaire. Aucun de ses trois moteurs ne fonctionnera. Quel levier actionner ? Il n’y en a pas et la pire preuve est que l’économie française stagne et va continuer à stagner. Alors il faudrait que l’Europe reparte, mais l’Europe, la zone euro, est en crise et n’arrive pas à sortir de cette crise.
Deux courants peuvent amener l’Europe à se porter mieux
C’est d’une part le sentiment que nous sommes en train de sortir de la crise financière dans sa phase aigüe, un peu de confiance retrouvée, que le risque d’éclatement s’éloigne peu à peu… même si rien n’est réglé au problème de fond. Et d’autre part, c’est la reprise de l’économie internationale qui crée une demande adressée à l’Europe, qui commence à stimuler l’activité au niveau européen. Cela est l’espoir de bénéficier par capillarité de cet effort de reprise. Mais tout cela ne concerne pas le court terme !
Si on veut profiter de la reprise de l’euro et de la reprise mondiale, il faut faire au plus vite des réformes en France : compétitivité, marché du travail et baisse des dépenses publiques. Sinon il n’y aura pas de croissance et la part du chômage s’accentuera encore.