La Gestion Technique des Bâtiments (GTB) est un des leviers prometteurs de la transition énergétique, encadrée et encouragée par de nombreuses directives telles que la Loi Climat ou la Loi Elan. La GTB gère et optimise électroniquement les apports énergétiques (air, eau, électricité) afin d’ajuster la quantité d’énergie à fournir en fonction des besoins des bâtiments, et ainsi de réduire leur consommation globale.
Cependant, seuls des grands bâtiments ont aujourd’hui adopté ce dispositif et ces derniers ne représentent que 6% du parc immobilier du secteur tertiaire. Il est essentiel de trouver la raison de l’absence d’investissement des bâtiments de petite et moyenne tailles dans la GTB, car ce manque risque de mettre à mal les projets de baisse de gaz à effet de serre entrepris par l’État.
La transition énergétique et la GTB : une paire gagnante
Adoptée en 2015 par l’Assemblée Nationale, la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) fixe comme objectif pour la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Un objectif minimal en vue de limiter la hausse des températures moyennes sous la barre fatidique des 3°C. Pourtant, entre 2014 et 2019, le secteur du bâtiment, qui représente 44 % de l’énergie consommée en France selon le Ministère de l’Ecologie, a vu ses émissions de gaz à effet de serre augmenter de 11%.
Dans ce contexte, innover et diffuser les innovations vertes dans le domaine du bâtiment sont des missions décisives auxquelles les pouvoirs publics comme les entreprises du secteur doivent s’atteler de façon prioritaire. Parce qu’ils permettent de réduire entre 20% et 40% la consommation énergétique des bâtiments dans lesquels ils sont installés, les dispositifs de Gestion Technique des Bâtiment (GTB) comptent parmi les outils les plus puissants dont nous disposions pour inverser la tendance et accélérer la transition énergétique.
D’abord écrire les directives, maintenant les appliquer
L’enjeu stratégique que constitue la transition énergétique des bâtiments a largement été intégré et compris par les pouvoirs publics depuis bientôt 20 ans. En 2002, déjà l’Union Européenne adoptait la Directive sur la Performance Energétique des Bâtiments (DPEB) visant à réduire de 20% la consommation globale des bâtiments en Europe de façon à respecter les objectifs fixés par l’accord de Kyoto. Traduisant cette directive dans le droit français, le décret BACS (Building Automation & Control Systems) a quant à lui été publié au journal officiel le 21 juillet 2020 et prévoit notamment l’obligation pour les entreprises d’équiper les bâtiments tertiaires de systèmes de GTB d’ici le 1er janvier 2025. Une mesure ambitieuse et contraignante qui devrait donc porter ses fruits.
Malheureusement, sur un an, le taux d’équipement n’a que très faiblement progressé : seuls 6% des bâtiments du secteur tertiaire disposent d’un système de GTB. Etant donné cette faible appropriation de la loi par les professionnels, il est fort probable que, comme c’est trop souvent le cas en matière environnementale, l’échéance fixée ne soit pas respectée et laisse place à une période de coercition et d’amendes, dont on sait qu’elles sont très peu efficaces.
Le décret BACS, un premier pas prometteur à mieux mettre en avant
Nous savons désormais que l’incitation et la réflexion conjointe avec les professionnels sont bien plus efficaces à long terme que la punition. Or, les leviers incitatifs pouvant favoriser l’adoption de la GTB n’ont été que très faiblement mis en avant par les pouvoirs publics, notamment si on les compare aux importantes initiatives de l’Etat et des collectivités locales en faveur de la rénovation énergétique des bâtiments. Pour inciter, il faut avant tout comprendre les raisons économiques à l’origine de cette résistance des professionnels du tertiaire.
Si 94% des bâtiments n’ont pas encore choisi une démarche d’optimisation de leur consommation, c’est en effet principalement parce que celle-ci n’est pas perçue comme suffisamment rentable en regard des investissements qu’elle demande. Les bâtiments équipés sont pour la plupart de grandes voire de très grandes surfaces sur lesquelles les économies d’énergie réalisées sont considérables et justifient donc un effort financier. Ce qui est loin d’être le cas pour les plus petites surfaces.
Un investissement qui fait vite ses preuves
Aujourd’hui, des solutions techniques innovantes à destination des petites et des moyennes surfaces existent et sont mises sur le marché à des prix désormais abordables pour tous. Elles rompent avec les outils de GTB traditionnellement fermés dont la maintenance était jusqu’ici particulièrement exigeante. Des innovations qui permettent aux entreprises de toutes tailles d’engager une démarche de transition énergétique de ses bâtiments et d’en espérer un retour sur investissement à très court terme. Parce qu’elles allient efficacité énergétique et rentabilité financière, ces solutions techniques constituent une part importante de la solution. Elles doivent cependant être portées par une véritable politique d’information et d’incitation auprès des entreprises. Pour atteindre ses objectifs écologiques, la France a ainsi à sa disposition des outils extrêmement puissants. Il s’agit désormais de les populariser auprès du plus grand nombre pour qu’ils portent tous leurs fruits.