Le Champagne, vin de fêtes par excellence qui trône sur les tables au réveillon, entre autres, est menacé… en Russie. Le pays a adopté une loi qui change radicalement la définition du champagne et qui interdit au Champagne, le vrai, AOC, produit dans un certain périmètre de la Champagne, en France, de s’appeler ainsi. Forcément, les producteurs s’inquiètent.
Quand le champagne ne peut être que russe…
Le Champagne ne peut être que français, quelques vignobles se partageant l’AOC en question. Mais la nouvelle loi russe inverse les choses : le champagne, en Russie, ne pourra que provenir de Russie, tandis que les autres vins pétillants ne seront que ça, du vin pétillant : Veuve Cliquot, Dom Perignon, Mumm… tous relégués au statut de simples vins avec des bulles.
Chez LVMH, on a déjà annoncé des mesures : la fin des livraisons de champagne dans le pays, en réponse à la loi russe votée vendredi 2 juillet 2021. Une mesure qui sert surtout à faire pression sur le gouvernement et qui ne va impacter que les plus riches des Russes… Une bouteille de Veuve Cliquot, vendue environ 30 euros en France, coûte près de 50 euros en Russie, ce qui représente un huitième du salaire médian dans le pays (environ 400 euros). L’équivalent, en France, d’une bouteille à 250 euros.
Le champagne est-il champagne pour ce qu’il est, ou pour son nom ?
S’il est tout à fait compréhensible que les producteurs veuillent protéger leur appellation, l’affaire a de quoi interroger sur la nature de la valeur du champagne, comme de toute chose. Une bouteille de Dom Perignon a-t-elle moins de valeur si le terme « champagne » n’est plus présent sur l’étiquette, sachant que le prix peut rester identique en magasin ? Ne sont-ce pas sa qualité, sa fabrication, son raisin qui font sa valeur ?
On connaît tous des « crémants » lorrains ou alsaciens bien meilleurs que certaines bouteilles de champagne, mais vendus bien moins cher… des « Spumanti », mousseux italiens, capables de tenir tête aux champagnes français, y compris dans les concours internationaux… Mais le champagne reste le champagne, tout du moins dans l’imagerie populaire.
Un amateur de vins, surtout capable de mettre l’équivalent, en Russie, de 250 euros dans une bouteille en France, ne devrait-il pas apprécier le vin pour le vin, et non pour son étiquette ? C’est peut-être ce qu’a compris Moët Hennessy qui, plutôt que renoncer au marché russe, a changé ses étiquettes qui mentionnent, désormais, « vin mousseux ».