Ce qui pousse les marchés à la volatilité et comment réagir

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Par Nomi Prins Publié le 18 août 2016 à 5h00
Marches Argent Volatilite Banques Centrales
@shutter - © Economie Matin
4 000 milliards $La Fed a déboursé près de 4 000 milliards de dollars pour racheter des obligations.

Personne n’aurait pu prédire que l’ampleur de l’ultra-laxiste politique monétaire mondiale soutiendrait le système bancaire et financier actuel. Et pourtant, nous voilà bien installés pour la septième année dans un contexte de marchés financiers soutenus par des stratégies coordonnées entre gouvernements et banques centrales.

C’est ça, le keynésianisme appliqué à Wall Street.

Lorsque vous déciderez d’investir, tenez compte de ces facteurs de risque

?Le caractère inédit de ce déploiement international a produit l’illusion d’une stabilité. La réalité, pourtant, c’est que le secteur privé compte de plus en plus sur une stimulation artificielle, sous forme d’injection d’argent pas cher (taux zéro, voire négatifs !), de taux de changes dépréciés (guerre des changes), et de programmes de rachat d’obligations (planche à billets) s’élevant à des milliers de milliards de dollars.

Mais la façade se fissure. Les conséquences néfastes de cette politique, à commencer par une volatilité accrue, se multiplient. Même ceux qui soutiennent cette folie de l’argent facile, comme le FMI, émettent des mises en garde concernant la volatilité grandissante.

On nous répète sans cesse que ces politiques profitent à la population et aux économies dans leur ensemble. C’est faux. Elles profitent essentiellement aux financiers et aux banquiers.

Lorsque les capitaux bon marché cessent d’affluer et que les capitaux spéculatifs portent leur attention ailleurs — ce qui ne manque jamais d’arriver — il se produit une escalade de volatilité, comme nous l’avons constaté au cours de ces derniers mois. En général, c’est un signe annonciateur de baisse, mais pas avant que des hauts et des bas stressants n’interviennent dans le processus.

Quatre facteurs de risque contribuent à l’accroissement de la fluctuation des cours. Individuellement, ils alimentent la volatilité des marchés. Simultanément, ils peuvent provoquer des dégâts bien plus importants. Ce sont les suivants :
1. les politiques menées par les banques centrales ;?
2. le risque de défaut sur crédit ;?
3. les manoeuvres géopolitiques ;?
4. les délits et la manipulation commis par le secteur financier.

Lorsque vous prenez vos décisions de placement, vous devez tenir compte de ces facteurs de risque. Entrons dans le détail.

L’hérésie des politiques des banques centrales?

Premier facteur de volatilité : le jeu trouble de la Fed. Début mai, les marchés actions et obligations ont plongé lorsque la présidente de la Réserve fédérale, Janet Yellen, a annoncé que “la valorisation des marchés boursiers était généralement assez élevée, actuellement”.

Toutefois, La Fed continue d’affirmer que sa politique monétaire laxiste a produit une croissance soutenable. Mais à quel prix ? Chaque fois que Janet Yellen s’exprime, les médias multiplient les interprétations et les marchés réagissent en conséquence. Ils baissent d’abord, puis rebondissent et repartent à des niveaux légèrement plus bas qu’auparavant. Le schéma devient de plus en plus prononcé, tout comme la volatilité qui y est associée.

Fed, BCE, Banque centrale du Japon, de Chine, de Suisse… toutes nous inondent d’argent pas cher. Les pics de volatilité enregistrés récemment soulignent la fragilité des marchés, devenus accros à l’argent pas cher. A l’image de l’héroïnomane qui a abusé de drogues dures, couper la dose entraîne crises d’angoisse et convulsions.

Nous en sommes là : depuis le début de l’année 2015, le marché actions n’a cessé de fluctuer entre nouveaux plus-hauts et risque de retournement baissier.

L’accroissement du risque lié au crédit

?C’est le second facteur de volatilité. Lorsque les taux d’intérêt appliqués aux créances de grande qualité sont bas, le seul endroit où trouver des rendements se situe dans les valeurs présentant plus de risques. Plus l’argent est facile et pas cher, moins on devient sélectif dans ses investissements et plus on investit dans des actifs risqués. Une bulle du crédit s’est ainsi créée.

La Fed n’a pas vu arriver la dernière bulle, pas plus qu’elle ne voit celle-ci. Au lieu de relever ses taux en 2014, la Fed n’a cessé d’hésiter. Sa politique des taux d’intérêt à zéro et de l’assouplissement quantitatif (QE) a soutenu les marchés, encouragé les entreprises à racheter leurs propres actions, poussé à la chasse au rendement et incité les banques à tout financer par l’emprunt. Avec de gros leviers de surcroît.

Aujourd’hui, le marché obligataire des entreprises aux Etats-Unis et dans les pays émergents est menacé d’implosion. Ce qui provoquerait un séisme sur le marché actions.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

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Nomi Prins est une journaliste et écrivaine américaine de renom, particulièrement connu pour son travail d’investigation mettant en lumière les liens entre le gouvernement américain et les grands banquiers. Elle est également chroniqueuse pour Intelligence Stratégique.

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