Chez Casino, les cessions d’hyper laissent les syndicats sceptiques

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Par Michel Delapierre Modifié le 13 septembre 2019 à 13h18
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@shutter - © Economie Matin

Pas de pause estivale pour Casino : dans un communiqué daté du 20 aout, le groupe annonçait de nouvelles cessions s’étalant jusqu’au premier trimestre 2021 pour un montant de 2 milliards d’euros. Ce plan, surnommé « Plan Rocade », fait suite à la politique engagée en 2018 et qui programmait des cessions d’actifs portant sur un total de 2,5 milliards d’euros. Les économies ont depuis touché plus de 50 hypermarchés, cédés, et la fermeture de près de 120 magasins. En réduisant la voilure, le groupe, sous procédure de sauvegarde depuis mai 2019, veut rassurer les investisseurs qui pointent l’endettement massif de l’enseigne, qui a depuis juin 2018 baissé de plus d’un milliard pour s’établir aujourd’hui à un peu moins de trois. Pourtant, cette dernière annonce, loin de rassurer les syndicats sur l’avenir de Casino, provoque des réactions inquiètes chez les représentants des salariés.

La CFDT vent debout pour la protection des emplois du siège

En effet, à ce jour, les actifs concernés ne sont toujours pas tous désignés. Pour Guillaume Touminet, secrétaire général de la CFDT des services Loire/Haute Loire chez Casino, qui note que l’annonce du 20 aout évoque une « accentuation du positionnement unique du groupe sur les formats et géographie porteurs », la menace plane directement sur les 2000 emplois situés à St Etienne, épicentre historique de Casino et cœur de sa logistique. Son syndicat, en interpellant les élus locaux, appelle de ses vœux « un dialogue franc et sincère » entre les partenaires sociaux.

Vente de Vindemia à GBH

Car, toujours selon le représentant de la CFDT, « le groupe va nécessairement se retrouver à un moment dans l’obligation d’ajuster la volumétrie logistique et le volume en activités centrales à la partie commerciale. On ne gardera pas le même nombre de salariés pour un chiffre d’affaires qui sera entre 10 et 20% plus faible. Pour l’instant, les fermetures de magasins n’ont pas directement touché la région, mais la cession de notre filiale dans l’Océan Indien, Vindemia, à GBH, un groupe familial d’outre-mer représente déjà la perte d’un gros client pour nos services centraux et logistiques. Et les résultats du réseau ne sont pas encourageants : les parts de marché ont encore baissé. Nous sommes en train d’être distancés par nos concurrents. »

Priorité au désendettement

L’UNSA Casino confirme ces craintes, mais les nuance : « A St Etienne, il y a des inquiétudes comme ailleurs. Nous avons tous une épée de Damocles au-dessus de la tête. Qui sera le prochain à être vendu ou cédé à la concurrence ? Nous espérerons que durant les 18 prochains mois nous aurons un peu plus les coudées franches sur les enseignes Casino et Monoprix, mais le groupe doit trouver des solutions pour se désendetter plus vite. Les cessions aujourd’hui se font par à-coups, il n’y a pas de grand plan annoncé, les ventes sont morcelées, pas d’annonce concernant 15 magasins d’un coup par exemple. Par conséquent, les problématiques se traitent localement. Pour l’instant, il n’y a pas eu d’impact immédiat au niveau des emplois. Par exemple, la restauration collective, qui a quitté le giron Casino et qui est passée sous pavillon Compass a préservé ses 2000 salariés. Au niveau des super et des hyper, l’emploi est également préservé, c’est ce qui compte pour nous.»

Pas de plan global de cessions

« Une préservation des emplois en trompe-l’œil, dénonce de son côté Jean Pastor, délégué syndical de la CGT, « le groupe dégraisse de manière active. On continue à supprimer des postes d’encadrement dans les magasins et on pousse les plus âgés vers la sortie. Pour la région stéphanoise, la baisse de notre chiffre d’affaires va nécessairement impacter les emplois au siège et dans les entrepôts, chamboulés par l’arrivée prochaine de l’entrepôt automatisé d’OCADO. Les cessions vont continuer mais, à l’inverse de ce qui se fait chez Carrefour ou Auchan, il n’y a pas de plan global. »

De son côté, la direction nie tout impact sur la vie des collaborateurs du groupe et dans son communiqué du 20 aout insiste sur la cohérence de sa stratégie : « accentuation du positionnement unique du Groupe sur les formats (l’e-commerce, le premium et la proximité) et géographies porteurs ; accélération sur les nouveaux métiers à forte croissance (énergie, data et publicité, data centers) ; en matière financière, priorité à la génération de cash-flows récurrents. » Pour les salariés, l’enjeu des prochains mois sera bien de connaitre toute la portée de cette dernière phrase.

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