Le cartel du yaourt avait un Judas

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Claire Bléhaut Modifié le 13 mars 2015 à 12h17
Yaourt Concurrence Fraude Cartel Prix Industrie
@shutter - © Economie Matin
192,7 millions €Le total des amendes de l'Autorité de la concurrence représente 192,7 millions d'euros.

L’affaire est digne d’un polar. Ils avaient tout prévu. Les réunions secrètes, les téléphones portables secrets, tout. Tout sauf qu’un obséquieux employé de Yoplait noterait scrupuleusement ces échanges et que l’entreprise serait le Judas de la bande. L’Autorité de la concurrence a rapidement épinglé les entreprises fraudeuses de l’industrie laitière.

Le goût de la prune

Ils sont douze industriels à s’être réunis pour s’entendre sur les prix et les appels d'offres sur les marques distributeur. Programmant des hausses de prix ensemble, ils ont échangé principalement entre 2006 et 2012 pour négocier leurs accords. Condamnés par l’Autorité de la concurrence, ils ont écopé d’amendes représentant au total 192,7 millions d'euros.

On compte dans leurs rangs Novandis (Andros), Lactalis Nestlé et Senagral (Senoble). Lactalis Nestlé écope une amende de 56,1 millions d'euros dont 4 millions pour Lactalis, Nestlé étant plus largement pénalisé du fait de sa taille. La coentreprise composée des deux industriels a annoncé qu'elle ferait appel de cette décision. Yoplait et son actionnaire principal General Mills, faisaient partie du cartel mais n’écoperont rien. Ils ont dénoncé leurs conjurés à l’Autorité de la concurrence, et bénéficié d’un traitement de faveur. Une façon simple de garder l'argent du beurre. Senoble a également coopéré rapidement pour réduire de moitié son amende prévue à 100 millions d’euros.

Les réunions au Chien qui fume

Thierry Dahan, vice-président de l'Autorité de la concurrence, avoue lui-même qu’un « cartel très organisé » a été mis à jour. Les accords entre les membres du cartel se sont négociés lors de réunions secrètes, à chaque fois dans un lieu différent. Ce pouvait être dans des hôtels ou cafés, comme à l’enseigne du Chien qui fume, par exemple, boulevard du Montparnasse. L’endroit était bien placé : près de la gare desservant le Grand Ouest, mais aussi des bureaux parisiens de Lactalis dans la Tour Montparnasse, et de l’appartement parisien du directeur général de Novandie.

Ils avaient également prévu des téléphones portables spécifiques avec des factures n’ayant aucun nom. Mais un salarié de Yoplait avait noté scrupuleusement tous ces échanges dans un carnet, livré à l’Autorité de la concurrence, décrivant plusieurs réunions de décembre 2006 à 2008. Au 4 juillet 2007 on y trouve écrit : « La hausse générale des tarifs devrait prendre effet au 1er octobre 2007, selon les principes suivants : + 3 % sur les desserts, + 4 % sur les yaourts et + 5 % sur les fromages frais et la crème fraîche. »

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg

Journaliste pour Economie Matin depuis janvier 2015, Claire Bléhaut est également dessinatrice et consultante en communication. Elle est diplômée de la Faculté des Sciences Economiques et Sociales de l'Institut Catholique de Paris, et est notamment engagée dans la recherche médicale pour la Sclérose en plaque.

Aucun commentaire à «Le cartel du yaourt avait un Judas»

Laisser un commentaire

* Champs requis