Q1 : Vous personnellement êtes-vous favorable ou opposé à la dépénalisation de la consommation de cannabis ?
• Sous total « favorable » : 39 %
• Sous total « opposé » : 61 %
61% des Français interrogés défavorables à la dépénalisation de la consommation de cannabis
Pendant que le Premier ministre et la ministre du Travail discutaient avec une partie des représentants des étudiants, des lycéens et de la jeunesse, le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie le Guen, a déclaré être personnellement pour la dépénalisation de la consommation du cannabis, pour lutter contre les trafics…
Si ce débat a rapidement été évacué par le Porte-parole du gouvernement qui a considéré qu’il s’agissait de l’avis personnel d’un ministre, cette prise de position pose question sur l’organisation de la communication du gouvernement à 12 mois du 1er tour de l‘élection présidentielle.
En tentant d’imposer dans le débat public un « marqueur politique » de gauche, on sent bien poindre derrière cette sortie médiatique la tentation de reprendre contact avec un électorat de gauche déboussolé par la déchéance de nationalité ou la loi El Khomri. Pour autant, cette prise de position est une triple erreur de communication : erreur de casting, erreur de timing et de méthode argumentaire.
Une erreur de casting, car un ministre ne peut pas considérer aujourd’hui qu’il peut prendre des positions personnelles sans engager le gouvernement tout entier. Il est difficilement compréhensible pour l’opinion publique que le ministre des relations avec le Parlement, fut il médecin de formation, prenne la parole sur un sujet de société sans que le couple exécutif n’en ait été informé, voir ne l’ait provoqué. Raid solitaire de Le Guen ou mission médiatique organisée, cette prise de parole est un échec et la cacophonie qu’elle a induite porte préjudice à l’ensemble du gouvernement.
C’est ensuite une erreur de timing. En pleine négociation avec les représentants de la jeunesse sur la loi travail, la ficelle est franchement grosse et montre un gouvernement qui cherche à se réconcilier avec une jeunesse qui lui échappe en manifestant contre la loi El Khomri. L’arrière-pensée politicienne est tellement visible qu’elle retire tout intérêt à l’annonce. En effet, elle implique que l’opinion publique se focalise prioritairement sur « l’arrière-pensée » : plaire à la jeunesse, plutôt que sur l’annonce en elle-même : une mesure sociétale qui aurait comme effet secondaire de lutter contre les trafics et in fine peut-être contre le financement du terrorisme.
Pour finir, c’est une erreur de méthode. L’argumentaire du ministre considérant que dépénaliser le cannabis ferait disparaître les trafics ne convainc pas : 61% des Français interrogés sont opposés à une dépénalisation et n’apparaissent pas convaincus par le fait que la dépénalisation limiterait le trafic.
Finalement, cette séquence gouvernementale montre que les questions de communication sont désormais centrales quand on veut toucher au cœur l’opinion publique et que la communication ne peut rimer avec improvisation. Pour réussir, il faut savoir envoyer le bon message, au bon moment, aux bonnes personnes… et être un émetteur légitime.
Q2 : Selon vous, construire davantage de logements sociaux est-elle une mesure efficace ou pas efficace pour lutter contre la formation de ghettos dans certains quartiers ?
• Sous total « efficace » : 43 %
• Sous total « pas efficace » : 56 %
• NSP : 1 %
56% des Français interrogés considèrent que construire davantage de logements sociaux n’est pas efficace contre la formation de ghettos.
Deuxième séquence de communication visant à reprendre contact avec un électorat de gauche déboussolé et deuxième difficulté pour le gouvernement a retisser le lien qui avait fait le succès de François Hollande en 2012 : en déplacement à Vaulx en Velin, le Premier ministre a multiplié les annonces en direction des habitants des banlieues, touchés par les questions de discriminations.
La question posée par le sondage OpinionWay pour LCI et Tilder visait à savoir si des mesures sociales, telles que la construction de logements sociaux pourraient être efficace pour lutter contre la formation de ghettos dans les quartiers. 56% des personnes interrogées considèrent que de telles mesures ne seraient pas efficaces.
Derrière ce déplacement de près d’un tiers du gouvernement derrière le Premier ministre, à grands renforts de sécurité, se cache une action de communication : retrouver les fondamentaux de la victoire du candidat Hollande en 2012 et redevenir un choix électoral prioritaire pour les classes populaires. Celui-ci avait, dans la même ville en 2012, annoncé faire de la banlieue et de la jeunesse les priorités de son quinquennat. Quatre ans après, la jeunesse est dans la rue contre la loi El Khomri et les zones dites « de non droit » n’ont pas disparus.
En communication, cette situation implique deux remarques :
• D’abord que la rupture de l’exécutif avec l’électorat populaire est profonde et il faudra bien plus qu’un déplacement massif ultra sécurisé du gouvernement pour le reconquérir. C’est un des enjeux majeurs de l’élection présidentielle à venir.
• Ensuite, que ce sont d’abord et avant tout des résultats économiques qui sont attendus de la part des Français interrogés pour tenter de trouver le chemin de la prospérité et de la croissance et donc de l’emploi. Sondages après sondages, il est manifeste que les Français attendent de moins en moins de l’Etat et que la confiance dans la politique pour régler les difficultés du quotidien s’érode au profit des mesures individuelles.
Sondage exclusif TILDER/LCI/OpinionWay du 14 avril 2016