Dans les prochaines années, les retards de diagnostic et d’intervention chirurgicale dus à la déprogrammation des soins au plus fort de la crise sanitaire pourraient entraîner jusqu’à 6.000 décès par cancer en plus en France, estime la Fédération Française des Centres de Lutte contre le Cancer (UNICANCER).
Cancer : les diagnostics en forte baisse dans certains établissements
Entre janvier et août 2020, le nombre de patients souffrant de cancer pris en charge dans les hôpitaux français a baissé de 23,3% par rapport à la même période en 2019, indique la Fédération Française des Centres de Lutte contre le Cancer (UNICANCER). Dans certains établissements, en mars-mai 2020, le nombre de diagnostics a chuté de 30% voire 50%. Et les chiffres n’ont pas été rattrapés par la suite.
Tout porte à croire que, d’une part, les patients tardent à consulter et que, d’autres part, les hôpitaux ont du mal à gérer le flux. Alors, est-ce grave, docteur ? La réponse est oui. Car, s’agissant des cancers, un diagnostic réalisé à temps a une importance capitale. Selon l’estimation d’UNICANCER, dans les prochaines années ce retard de prise en charge pourrait entraîner jusqu’à 6.000 décès supplémentaires par cancer dans notre pays.
Décès évitables : un chiffrage scientifique existe
UNICANCER n’est pas la seule voix à avancer des estimations inquiétantes de décès supplémentaires qui auraient pu être évités. À en croire une récente étude publiée dans la revue médicale BMJ, une chirurgie réalisée avec un retard de 6 à 12 semaines augmente le risque de décès de 9% environ. Pour le cancer du sein par exemple, un retard de huit semaines augmente le risque de décès de 17%, et un retard de 12 semaines l’augmente de 26%. Selon les chercheurs, même un petit retard ne doit pas être considéré comme étant sans risque. Dans le cas du cancer du sein, une chirurgie réalisée avec deux semaines de retard augmente le risque de décès de 4%.
Cette étude fournit d’ailleurs des estimations de mortalité supplémentaire pour d’autres pays. Un retard de prise en charge 12 semaines pourrait ainsi provoquer 1.400 décès supplémentaires au Royaume-Uni, 6.100 aux États-Unis, 700 au Canada et 500 en Australie.