Oui, non, peut-être... Ce gouvernement est définitivement difficile à suivre. Manuel Valls, qui est tout de même Premier ministre, suggère l'idée en quasi off lors d'un déplacement à Londres, François Hollande, qui est tout de même président de la République, déclare trois jours après qu'il n'est pas question de toucher au système d'assurance-chômage pour l'instant et... 48 heures plus tard, dans une interview validée par.. l'Elysée et Matignon, que, quand même, si, il faudrait faire quelque chose, plutôt vite, et que si les partenaires sociaux ne se mettaient pas rapidement d'accord, le gouvernement prendrait les choses en main. Alors, réforme ou pas réforme de l'assurance chômage ? On vous explique tout.
Retenez un chiffre : 4,3 milliards d'euros. C'est le montant du déficit du seul régime d'assurance chômage cet année, déficit qui s'ajoute au déficit des années passées. Au total, on parle de plus de 22 milliards. Ah on allait oublier : comme à chaque fois, c'est une estimation. 4,3 milliards, c'était le chiffre prévu en début d'année. On saura début 2015 si l'hémorragie financière est encore plus grave.
En temps normal, le simple fait de dire qu'un système versant des droits d'un côté, collectant des cotisations de l'autre, est déficitaire, suffirait à clore le débat. Oui, il faut réformer, soit en augmentant les cotisations, soit en diminuant les droits versés ou la durée de prise en charge. Point final, mon article est terminé.
Mais nous sommes en France. Dans un pays où les déficits ne font pas peur. Nous sommes dans un pays où la Sécurité Sociale, qui là encore vit de cotisations, et finance des prestations, a accumulé plus de 236 milliards d'euros de dettes, et sera encore dans le rouge de 15,3 milliards en 2014. Normal.
Je vous passe tous les autres déficits qui portent la dette de la France à 2000 milliards d'euros, sans compter les engagements de dépenses futures. Engagements de dépenses futures ? C'est quoi encore ce truc ? Eh bien tout simplement, les pensions de retraite des fonctionnaires embauchés avant-hier, hier, et aujourd'hui, et que l'Etat payera au fil de l'eau parce qu'il n'a pas mis l'argent de côté bien sûr ! Si l'on arrêtait tout aujourd'hui (par exemple, si l'Etat faisait faillite) il laisserait une ardoise de 2000 euros, la dette classique, ce que l'on a emprunté pour finir les mois, plus 3000 milliards d'euros de dettes envers les fonctionnaires pour leur retraite présente ou à venir ! Utopie ? C'est arrivé à l'étranger, même dnas une grande et belle démocratie, les Etats-Unis, ou certains fonctionnaires locaux ne touchent rien ou presque depuis la faillite de la ville qui les embauchait, comme à Détroit par exemple.
Là, avec ces trois exemples, normalement, vous devriez me dire, la réforme est indispensable, évidemment ! Oui mais voilà : en France, toute réforme est bonne, pourvu qu'elle ne s'applique qu'aux autres. C'est pour cela qu'il est si difficile de revoir en profondeur le système de retraite français, alors que l'on sait quoi faire pour le sauver. Tout le monde est d'accord, pourvu que ce soient les autres qui subissent la réforme.
Dans le cas du régime d'assurance-chômage, la "bonne" nouvelle, c'est qu'il y a beaucoup moins de chômeurs indemnisés (environ 2,2 millions) que de fonctionnaires (5,5 millions) ou de retraités (15 millions) en France. En théorie, ces 2,2 millions de chômeurs, auxquels s'ajoutent les 500 000 bénéficiaires d'une allocation de solidarité, ne pèsent pas lourd dans la balance. Oui mais voilà...
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