La très critiquée décision du gouvernement de donner les allocations familiales en fonction des ressources du foyer risque de devenir un casse-tête bien plus important pour les familles... et pour l'administration française. Et ce n'est pas comme si elle n'avait déjà pas assez de difficultés à gérer ses dossiers.
Le problème de la « condition de ressource »
Qui dit versement des allocations sous condition de ressource dit connaissance des ressources de la famille en question. Un problème que la Caf n'a jamais dû gérer jusque-là, en tout cas au niveau des allocations familiales.
Car jusqu'à présent, c'était plus que simple : la famille Dupont a deux enfants, on lui versait 129,35 euros... la famille Delan a trois enfants, on lui versait 295,57 euros... et ainsi de suite selon un barème plus que simple à gérer. Surtout qu'à moins d'une tragédie, un enfant reste un enfant à charge des parents pendant au moins 18 ans, si ce n'est plus.
Maintenant, grâce à la nouvelle réforme du gouvernement, ce ne sera plus le cas. Les familles devront donner leurs ressources sur la base desquelles la Caf versera les allocations après calcul... un calcul qu'il faudra renouveler tous les ans... si ce n'est tous les mois.
Au programme, donc, de la paperasse, de la paperasse et encore de la paperasse. Ironique alors que la France veut réduire son impact sur la planète par la loi de transition énergétique.
Un coût de plusieurs dizaines de millions d'euros pour l'Etat
Si la paperasse était le seul souci de cette réforme, ce ne serait pas trop mal. Mais non. La Caf prévient déjà qu'elle sera débordée par les dossiers et que, du coup, il leur faudrait quelques 600 personnes supplémentaires.
Budget pour ces embauches : 60 millions d'euros par an. Et c'est pas fini.
Il va falloir également mettre en place un recoupement des informations entre les Caf et la direction générale des finances publiques, la seule à connaître les ressources des Français. Temps estimé pour la mise en place ? Au moins six mois... peut-être un an. Et c'est pas fini.
Louis Deroussen, président de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF), prévoit également un coût par dossier de près de 20 euros pour le traitement.
Et c'est sans doute pas fini.