Dans les coulisses de Meccano à un mois de Noël

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Par Valérie Pujol-Mazzini Modifié le 1 décembre 2012 à 9h25

Meccano, aujourd’hui mondialement célèbre, a vu le jour en 1901 à Liverpool, grâce à Franck Hornby. La légende veut qu’il ait inventé les premiers éléments de ce qui allait devenir le Meccano pour faire un cadeau original à ses deux garçons, Roland et Douglas, pour le Noël 1899. Le bouche à oreille et son sens inné du marketing feront le reste. Un peu plus de cent ans plus tard, un total de près de 250 millions de boîtes de Meccano avaient été vendues, dont un tiers en France, et le chiffre d’affaires annuel s’élevait, pour l’année 2012, à 40 millions d’euros.

Si Meccano est né en Angleterre, c’est aujourd’hui pour l’essentiel en France que sont fabriqués les fameuses tiges métalliques multicolores, vis, et boulons. L’usine de Calais, ouverte en 1959, quasi-entièrement automatisée, emploie 70 personnes et réalise près des trois quarts de la production mondiale de Meccano. Celle-ci nous a exceptionnellement ouvert ses portes, à un mois de Noël…

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Meccano se place donc en ambassadeur du Made in France, tendance qui fait couler beaucoup d’encre depuis qu’Arnaud Montebourg a posé en Une du Parisien vêtu d’une marinière… Sentant la vague, la marque communique sur le Made in France depuis trois ans, et ses acheteurs ont conscience de l’ampleur du phénomène. Mais le « frémissement », comme l’appelle en souriant le directeur, Michaël Ingberg, ne s’est produit qu’en cette fin d’année, où une « opération Made in France » a été envisagée lors du salon de Deauville, un salon professionnel des jouets réservé aux revendeurs, qui a eu lieu du 19 au 23 novembre.

Si la gamme classique de Meccano n’a pas vu ses prix augmenter depuis près de cinq ans, les coûts, eux, croissent régulièrement. « Il faut rester dans les prix du marché », insiste Michael Ingberg, et ce malgré une fabrication française (quand 80 % des jouets sont fabriqués en Chine), qui est pour beaucoup synonyme de qualité. Aussi la marque s’appuie sur l’automatisation, qui permet de conserver sa compétitivité à l’usine de Calais, et sur l’innovation. « Le marché du jouet est un marché d’offre ; c’est le renouvellement des gammes – environ 30 % du catalogue chaque année – qui nous permet d’enregistrer des marges acceptables » nous explique Michaël Ingberg.

Les principaux avantages de la production locale, proche des consommateurs sont la flexibilité de la production, qui peut être augmentée ou réduite à souhait, à la différence d’une production sous-traitée, et la réactivité de la chaîne de production. En effet, alors qu’une usine en Chine mettrait quatre mois à livrer une commande, l’usine de Calais, elle, peut faire face à une demande urgente sous quinze jours. Un avantage conséquent pour les achats de Noël qui s’annoncent imprévisibles. Quelle boîte de Meccano fera un tabac ? Dès que les premiers signaux parviennent du terrain, l’usine lance la production de boîtes supplémentaires, qui seront en tête de gondole quelques jours plus tard, permettant ainsi d’éviter les ruptures de stock.

Cependant, il semblerait que les Français, qui avouaient il y a trois semaines à Economie Matin être prêts pour plus des trois quarts à payer plus cher pour des produits fabriqués en France, n’aient pas encore transformé leurs paroles en actes.

Ainsi, chez Meccano, Michaël Ingberg nous révèle que – malgré une gamme historique dont les prix n’ont pas augmenté depuis des années – les ventes pour 2012 accusent un retard par rapport aux années précédentes. « Les ventes n’ont pas démarré », ajoute-t-il même.

La faute, non pas à la crise, mais surtout à un changement des habitudes de consommation. En effet, si les achats de Noël, il y a cinq ans, se faisaient encore dès la mi-octobre, les consommateurs ont tendance à les retarder le plus possible. Pour cette année, les ventes s’amorcent difficilement à la mi-novembre. Si cela peut ne pas avoir d’impact final sur le chiffre d’affaires de la période des fêtes, il existe toutefois un risque : comment gérer les stocks, de plus en plus en flux tendu ? Comment anticiper un rush de retardataires des achats de Noël ou une baisse de chiffre d’affaires, sans signaux avant-coureurs lisibles  ?

Un élément rassure les équipes de Meccano : malgré le raz de marée des jeux vidéos, le succès attendu des tablettes numériques sous le sapin, l’arrivée de la nouvelle Wii U, les parents et grands parents (qui offrent 1/3 des cadeaux à Noel) ont tendance à en revenir aux valeurs sûres, les jouets “traditionnels”. Et les jeux de construction comme le Meccano, vieux de plus de cent ans, font clairement partie de la mémoire collective et de la magie de Noël de bien des parents et grands-parents... C’est d’ailleurs à se demander, comme pour les trains électriques (dont l’inventeur du Meccano fut aussi un des grands promoteurs, la marque de trains miniatures Hornby qu’il a fondé et qui existe toujours porte d’ailleurs son nom) qui joue le plus au Meccano au sortir de la boîte : les enfants, ou les parents et grands-parents appelés à la rescousse ?

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Valérie Pujol-Mazzini, jeune étudiante polyglotte de 17 ans, est apprenti journaliste chez Economiematin.fr depuis l'obtention de son baccalauréat. Elle gère la rubrique "Les Experts" et écrit des articles de temps à autre.

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