Est-il bien raisonnable, en plein tourment de la loi « travail », en pleine crise, au milieu des polémiques de parachutes dorés en tous genres, de révéler que les places d’invités aux matches de l’Euro coûtent 5900 euros par invité ?
Alors qu’une grande banque comme la BNP par exemple annonce des fermetures d’agence et des réductions d’effectif, ou que Lagardère supprime 40% des effectifs de certaines filiales, on apprend que plusieurs centaines de places ont été réservées par de grands groupes au profit de leurs « clients ».
Le prix de ces places est tellement élevé que les entreprises locales puissantes n’ont pas eu les moyens d’y accéder, y compris le très puissant consortium Airbus à Toulouse. Quel est le niveau de prestations de ces « clients » pour accéder ainsi à de telles prestations ? Parmi les invités, il serait intéressant d’apprendre si des hommes politiques ou de hauts responsables publics ont cédé à de telles invitations. Le niveau d’avantage est tel qu’on est à la limite du recel d’abus de biens sociaux. On a déjà vu certaines chasses aux sorcières se terminer en procès pour des avantages similaires, surtout si les voyages et d’autres prestations ont accompagné l’accès au stade, comme c’est probable. Des procès ont déjà eu lieu dans les vingt dernières années pour dénoncer des « largesses » dont certaines n’étaient pas plus complaisantes que celles de l’Euro.
Vu le niveau de ces prestations, on peut se demander si par la suite les « clients » de ces grands groupes seront réellement indépendants dans leurs décisions, et si le consommateur ne paiera pas finalement l’addition de ces largesses. Alors que le Medef insiste sur l’instauration de l’éthique et des codes d’honneur, alors que toutes les entreprises se targuent de leur « responsabilité sociétale », alors que des organismes comme Transparency International réclament des registres des lobbies, et la clarté sur un certain nombre de démarches d’approche des décideurs, ce nouvel épisode n’est pas à la gloire d’une société qui donne des jeux au peuple sans lui donner le pain.