L'Automobile Club association (ACA) a passé au peigne fin les dépenses des automobilistes français sur 2012. Et là, mauvaise surprise : alors que tout augmente, l'automobile ne déroge pas à la règle : l'association constate une augmentation du prix de revient de la voiture de 4,5 %, et dénonce le poids considérable des taxes sur l'automobiliste.
« Il n'y a rien de plus taxé que l'automobile en France » souligne Didier Bollecker, président de l'ACA. Et le poids des taxes sur l'automobile est en effet considérable, « voir excessif ». Elles représentent 25 % des dépenses de l'automobiliste pour une voiture neuve revendue au bout de quatre ans, mais... 75 % de son budget, pour une voiture d'occasion en prenant en compte les coûts d'exploitation.
L'étude menée par l'ACA repose sur les données du kilométrage moyen réellement parcouru fourni par le Service de l'observation des statistiques et sur le véhicule le plus vendu dans sa catégorie l'année précédente, que ce soit essence ou diesel, neuf ou d'occasion.
60 % de diesel
Le parc automobile français compte près de 60 % de voitures fonctionnant avec un moteur diesel. Aujourd'hui, plus de 7 acheteurs sur 10 se tournent vers ce type de carburant. Le prix de revient de ces automobiles a augmenté de 4,4 % par rapport à l'année dernière, et s'élève donc à 7 991 euros. C'est plus cher que pour les voitures à essence qui, lui, revient à 6 049 euros, soit 1,2 % de plus qu'en 2011.
Néanmoins, les conducteurs diesel roulent plus. Leur kilométrage n'a baissé que de 0,7 % en 2012 alors que celui des conducteurs essence a réduit de 3 %. Tous deux payent pourtant plus cher leur essence et leur assurance. Le gazole ainsi que le super plus 95 ont augmenté de 4,5 % à la pompe, soit deux fois l'inflation. Le coût des réparations a augmenté de 3 % malgré la baisse du nombre d'accidents de la route de 6 %.
Côté entretien de l'automobile, le prix des pièces de rechange augmente également. Chez Renault, le budget entretien connaît une hausse de 2,6 %. En revanche, Peugeot n'effectue une hausse qu'à 1,42 %.
Au final, l'automobiliste diesel s'acquitte de 1 945 euros de taxes en 2012, soit 3,1 % de plus qu'en 2011, et revenant à près de 2 000 euros pour 15 000 Km. L'automobiliste essence voit un quart de son budget partir en taxes.
Aligner les taxes de carburant et de dépenses courantes sur celle du gazole
L'actuel projet du gouvernement consiste à aligner les taxes du gazole sur celui du super. Pour l'ACA, il s'agit d'une grossière erreur. Un tel changement ferait peser près de 9 milliards d'euros supplémentaires sur les Français (qui n'en ont vraiment pas besoin).
Les particuliers participeraient à hauteur de 4,5 milliards d'euros et les professionnels pour 4 milliards. Une somme qui finirait répercutée sur leurs prix de vente, et donc sur les particuliers.
La première facture de dépenses courantes s'élèvera donc à 4,8 milliards d'euros, et la seconde facture de carburant à 4,5 milliards. Le gouvernement pense en effet à augmenter de 21 centimes la taxe par litre de gazole, soit une augmentation de son coût de 15,3 % devant rapporter 8,5 milliards à l'Etat. L'ACA pointe du doigt « l'éternelle tentation de régler les problèmes par une taxe » dans un contexte de pouvoir d'achat stagnant.
La solution proposée par l'Association consiste à aligner ces deux taxations sur celle du gazole. Une manipulation qui permettrait, selon elle, de « redistribuer 2 milliards (c'est le manque à gagner de l'alignement du super) de pouvoir d'achat ».
Une moyenne d'âge de 7,5 ans
Face au contexte économique actuel n'encourageant pas les automobilistes à changer de voiture très souvent, l'ACA constate que le parc automobile français connaît un vieillissement considérable. Des voitures neuves côtoient des autos vieilles de 15 ans, posant la moyenne d'âge à un peu moins de 8 ans. Dans ce cadre, l'ACA s'est également penchée sur le budget d'un conducteur d'un véhicule d'occasion à la recherche d'un maximum d'économies.
En réduisant son budget sur tous les fronts (poste achat-reprise, frais financiers, assurance, entretien, garage et péage), les économies effectuées sont de 54 % de dépenses en moins que pour la voiture essence neuve. Le tout « au détriment de la sécurité routière et l'écologie ». La voiture d'occasion consomme en effet 12 % de carburant en plus.
Des embouteillages à 5,5 milliards
Calculé par l'Institut CEBR, le coût des embouteillages provoqué par « des restrictions autoritaires de la circulation » qui sont, pour Didier Bollecker, « un non-sens économique », s'élève à 5,5 milliards d'euros. Ce qui fait 175€ en moins dans le portefeuille des automobilistes par an.
L'ACA en arrive à la conclusion que « deux ans de bouchons coûtent autant qu'un train complet de pneumatiques ».
Penser à l'avenir
« C'est facile de taxer l'automobiliste, car il utilisera sa voiture malgré la pression fiscale » dénonce M. Bollecker. La voiture n'est pas un produit de luxe, et elle est même vitale pour de nombreux français, autant au niveau personnel que professionnel. 88 % des déplacements se font par la route, et 73 % des conducteurs se rendent au travail en auto.
Plus de taxes sur l'automobile, donc plus de ressources pour le Gouvernement. Mais « taxer toucher à l'automobile est une erreur considérable » souligne le président de l'ACA. « Ce qu'il faut, c'est redonner du souffle aux automobilistes ».