Budget 2015 : Quand la France boit le calice teuton jusqu’à la lie

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Par Eric Verhaeghe Modifié le 16 octobre 2014 à 5h33

La presse détaille par le menu la façon dont la France négocie avec l'Allemagne une approbation de son budget par l'Union Européenne en échange de réformes qui seront, de fait, imposées par Berlin. Ce qui s'appelle boire le calice teuton jusqu'à la lie.

Une réunion se tiendrait donc le 20 octobre, au-delà du Rhin, pour savoir ce qui doit changer en-deçà de ce fleuve dont on ne dira jamais qu'il dérive d'un mot celtique. Eh oui ! "rein", en Gaule, voulait dire "couler". Tous ceux qui aiment ce pays, tous ceux qui l'ont choisi, tous ceux qui chérissent son histoire, son identité, sa personnalité, sentiront ce jour-là l'acidité et l'amertume d'une humiliation officielle inonder leurs papilles, et peut-être même iront-ils (ce sera mon cas) jusqu'à écraser une larme de tristesse au triste spectacle de la première nation d'Europe par l'Histoire et la culture s'humilier devant son voisin.

Il faudra bien tôt ou tard, avant de reconstruire une nouvelle France digne de son histoire, établir les responsabilités de ce désastre.

Au premier chef, on ne manquera de s'étonner en voyant un gouvernement élu au nom de la croissance et de la "relance" aller avec autant d'empressement chercher ses ordres à Berlin pour soumettre la France à la coupe réglée de l'austérité. Sur ce point, le débat est volontiers polarisé entre ceux qui sont pour un statut quo dépensier, et ceux qui sont pour une cure d'austérité.

Cette polarisation est illusoire ! Il est évident que la France doit réduire ses dépenses publiques, et qu'elle n'y parvient pas. Austérité ou pas, il n'est pas sain que l'Etat ne soit pas sous contrôle, et que le gouvernement ne parvienne plus à se rendre maître de son administration. Plus que jamais, la démocratie doit reprendre le dessus, et il est temps que les élus parviennent à reprendre les commandes de la machine étatique. Pour ce seul motif, il est indispensable que des réformes structurelles soient conduites.

Mais ne nous leurrons pas, si l'activation des dépenses publiques, c'est-à-dire la mise des dépenses au service de la prospérité collective, est indispensable, l'obsession du remboursement de la dette est funeste. Même l'Allemagne ne sera pas capable de rembourser ce qu'elle doit, sauf à saigner son niveau de vie dans des proportions qu'aucun de ses nationaux n'acceptera sereinement.

Le drame français est probablement aujourd'hui de savoir qu'il faut réformer, de vouloir sincèrement le faire, mais de ne pas y parvenir. Ce naufrage politique est celui d'une classe de dirigeants parvenus au pouvoir à force de combinazioni et non de compétences. François Hollande en est un merveilleux exemple.

Sur ce point, nul ne pourra exonérer les "enfants de Mitterrand" de leur terrible responsabilité. Depuis près de quarante ans, certains d'entre eux sont aux manettes, et contemplent aujourd'hui avec un air dégagé et fat le désastre dont ils sont les principaux organisateurs. On notera par exemple avec consternation le billet de Jacques Attali, qui constitue un monument d'irresponsabilité. Attali qui se vantait encore il y a peu de son influence sur la décision politique française, notamment par sa capacité à mettre sur orbite des gens qui lui doivent beaucoup, comme Emmanuel Macron.

Plus que jamais, il faut fossoyer ce régime qui met la France plus bas que terre, et purger la classe politique de tous ceux qui ont trempé dans sa défaite.

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Né en 1968, énarque, Eric Verhaeghe est le fondateur du cabinet d'innovation sociale Parménide. Il tient le blog "Jusqu'ici, tout va bien..." Il est de plus fondateur de Tripalio, le premier site en ligne d'information sociale. Il est également  l'auteur d'ouvrages dont " Jusqu'ici tout va bien ". Il a récemment publié: " Faut-il quitter la France ? "

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