BTP : quelles perspectives pour la décennie à venir ?

Stephanie Haerts
Par Stéphanie Haerts Modifié le 29 novembre 2022 à 10h07
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70 %Le secteur du BTP devrait croître de 70 % d'ici dix ans.

2025 pourrait bien être l’âge d’or du secteur du BTP mondial. Le marché de la construction devrait croître de 70% d’ici dix ans pour atteindre les 15.000 milliards de dollars contre 8.700 à présent selon l’étude la plus récente d’Oxford Economics sur les perspectives du BTP mondial datant de 2013.

Les pays émergents tirent le secteur vers le haut

Le Nigeria pourrait tirer le secteur vers le haut avec un taux de croissance annuelle de 9% par an d’ici à 2025, l’un des plus élevés au monde. L’Indonésie serait l’autre moteur du secteur et devrait voir son marché croître de 6 ou 7% par an et ainsi passer du dixième au cinquième rang mondial.

La part de la Chine qui représente déjà 18% du marché mondial pourrait s’élever à 26% dans dix ans. D’ici là, la Chine pourrait construire avec l’Inde 270 millions de nouveaux logements. Pas étonnant que les trois premiers leaders mondiaux de l’ingénierie de construction de bâtiment soient chinois. China State Construction Engineering (CSCEC), le leader mondial du secteur, a réalisé 108 milliards de dollars (95 milliards d’euros) de chiffre d’affaires en 2014, du jamais vu. Le quartier financier de Shanghai est l’un des projets phares du CSCEC. D’autres projets d’envergure viennent compléter le portfolio du groupe tels que le World Trade Center-Phase 3 ou le quartier financier de Shenzhen Ping ’an encore en construction. China Railway Construction Corporation et China Railway Goup sont les deux autres leaders du triptyque chinois. Les entreprises de l’Empire du milieu représentent désormais 27,2% des 1.625 milliards de dollars (1.423 milliards d’euros) de chiffres d’affaires cumulés des 200 premières entreprises de construction au monde.

Quatrième position pour la France

La France arrive en quatrième position avec Saint-Gobain suivi de Vinci et de Bouygues en septième position. L’essoufflement du marché de la construction en Europe se révèle être la pierre d’achoppement des grands groupes français qui cherchent des perspectives de développement en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. Avec le renforcement du poids des sociétés chinoises, les géants du bâtiment français doivent appréhender les changements du secteur de la construction. Ils cherchent ainsi à s’internationaliser en direction des régions les plus dynamiques pour trouver de nouveaux relais de croissance. Le groupe français de matériaux de construction Saint-Gobain, a confirmé fin avril 2015 ses objectifs pour l’année 2015 et anticipe une reprise progressive de l’activité particulièrement en Allemagne et aux Etats-Unis. Selon Pierre-André de Chalendar, le PDG du groupe, les marchés de la construction en France resteront difficiles en 2015. L’hexagone représente un peu moins de 30% des ventes et celles-ci ont reculé de 4,7%. Toutefois, le groupe mise sur les marchés asiatiques et émergents qui restent bien orientés.

Au premier trimestre 2015, Saint-Gobain a fait état d’un chiffre d’affaires de 9,86 milliards d’euros en repli de 0,2%. Le groupe avait publié un chiffre d’affaires de 41,1 milliards d’euros en 2014. Durant cette période, le groupe a accusé une légère baisse de ses ventes. L’une des priorités de Saint-Gobain est le projet d’acquisition de Sika, l’entreprise suisse de matériaux de construction. Saint-Gobain a également annoncé un programme de réduction des coûts de 400 millions d’euros par rapport à 2014 ainsi qu’une possible augmentation de ses prix de vente. De son côté, le géant français du BTP, Vinci, a fait état d’un chiffre d’affaires en baisse de 5,3% à 8,2 milliards d’euros au premier trimestre. Sur l’année 2014, le chiffre d’affaires de l’entreprise s’est établi à 38,7 milliards d’euros.

Le chantier du Grand Paris

Le chiffre d’affaires de sa branche construction est particulièrement affecté, en baisse de 12%. Cette contraction marque la fin des grands travaux de la LGV et la décroissance du marché français du BTP. Le groupe anticipe une légère baisse de son chiffre d’affaires pour l’année 2015. Le cours de l’action Vinci reculait de 0,41% à 53,38 euros. Les prises de commandes ont atteint 7,7 milliards d’euros au premier trimestre 2015 en baisse de 11% sur 12 mois glissants. Cette évolution traduit un recul de près de 18% en France. Au 31 mars 2015, le carnet de commande du groupe s’élevait à 29,2 milliards d’euros. Le PDG du groupe Vinci, Xavier Huillard, garde une vision positive concernant le futur du marché de la construction. Toutefois, l’activité devrait rester en berne pour l’année 2015.

De nouveaux projets tels que les chantiers du Grand Paris pourraient participer à la reprise du secteur. Jusqu’en 2030, ce chantier devrait représenter 30 milliards d’euros de travaux d’infrastructures de transport. Plusieurs autres contrats significatifs sont entrés dans le carnet de commandes telles que la construction de plusieurs bâtiments au centre CEA de Valduc en France, la transformation d’un ensemble immobilier de l’îlot Fontenoy-Ségur à Paris ou la construction du nouveau centre hospitalier universitaire de Cracovie-Prokocim en Pologne. Le groupe a également annoncé le rachat, par sa filiale Entrepose, de la société indonésienne PT Istana Karang Laut (IKL). IKL est un acteur reconnu du secteur amont et aval pétrolier et gazier en Asie. Vinci confirme ainsi l’un des axes majeurs de sa stratégie, le développement à l’international dans les régions à fort potentiel de croissance ainsi que la diversification de ses métiers.

Bouygues Construction en baisse de chiffre d'affaires

Enfin, Bouygues Construction a publié ses résultats du premier trimestre 2015. Le chiffre d’affaires recule de 2% à 6,7 milliards d’euros. Le premier trimestre est moins décevant que prévu, les performances sont supérieures au consensus des analystes. Bouygues accuse toutefois une perte nette de 157 millions d’euros contre un bénéfice de 238 millions d’euros un an plus tôt. En 2014, le groupe Bouygues Construction avait publié un chiffre d’affaires de 33,1 milliards d’euros. Le groupe anticipe une année difficile en 2016 pour ses différents métiers, marqués particulièrement par une baisse d’activité dans le secteur de la construction. Dans ce secteur, le carnet de commandes du groupe a progressé de 5% à 30,1 milliards d’euros au premier trimestre 2015 tiré par le développement du groupe à l’international ce qui corrige la faiblesse du marché français.

Le groupe a déjà de nombreux projets emblématiques derrière lui tels que le Parc Zoologique de Paris, le complexe philharmonie de Paris, le stade Vélodrome de Marseille ou le Sport Hub de Singapour. Plus récemment, Bouygues Energies & Services, la filiale de Bouygues Construction a remporté un contrat d’environ 110 millions d’euros pour la construction d’une usine de biomasse au Royaume-Uni. Cette centrale de production d’électricité par gazéification des déchets sera la plus importante du Royaume-Uni. Bouygues et Vinci ont également été retenus pour réaliser l’extension d’une ligne du réseau du métro du Caire. Ce chantier représente 264 millions d’euros. La livraison est prévue pour 2017.

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Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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