Brexit : vers un troisième report ?

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Par Sébastien Oum Publié le 1 août 2019 à 6h05
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@shutter - © Economie Matin
43,5 MILLIARDS €Le gouvernement anglais doit rendre 43,5 milliards d'euros à l'Union européenne.

Avec l'arrivée de Boris Johnson au 10 downing street et à un mois du G7 qui se tiendra en France à Biarritz, la perspective d'un troisième report du Brexit s'annonce comme un hypothèse de plus en plus évidente. L'Europe doit se réinventer tout en tenant compte des conséquences de ce départ. Les PME doivent anticiper les répercussions possibles. Les marchés financiers observent. Les valeurs refuges vont-elles ressurgir. Plus que la canicule, il semblerait que l'été s'annonce bouillant pour tous les acteurs. L'attention reste de mise. Explications.

Le chef du Parti conservateur et désormais Premier ministre du Royaume-Uni a montré les muscles face aux institutions européennes concernant le Brexit. Boris Johnson a en effet déclaré devant les parlementaire britanniques, que les termes de l'accord de retrait sont "inacceptables pour son pays." Après les efforts de Theresa May pour obtenir une sortie raisonnée et négociée, son successeur s'engage donc dans la direction d'une sortie du Royaume-Uni sans conditions, le 31 octobre. Plus que les conditions de retrait, ce sont bien les 43,5 milliards d'euros que le gouvernement anglais doit rendre à l'Union qui cristallise les désaccords.

Allons nous assister à un troisième report du Brexit ? Cela est fort probable de fait. Ursula von der Leyden, la nouvelle patronne de la Commission Européenne s'est déclarée favorable à des conditions de retrait négociées. Et Boris Johnson devra aussi compter sur l'avis des députés britanniques qui eux aussi veulent une échéance supplémentaire pour entamer des pourparlers avec la nouvelle équipe de Bruxelles. Mais ces derniers n'auront sans doute pas leur mot à dire puisque le Premier ministre envisage de passer outre, en suspendant les séances de la Chambre.

Conséquences nationales

De son côté, le Gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney tire la sonnette d'alarme depuis des mois sur les conséquences économiques dramatiques d'une sortie de l'UE sans accord. Il pointe les droits de douane qui viendraient perturber la production industrielle. Mais aussi un ralentissement de l'emploi et du produit intérieur brut, évalués à -3%. Enfin, cela entraînerait aussi la chute des investissements et des exportations. Pour le moment, seul le secteur de la finance viendrait à s'en sortir mais Paris lorgne déjà vers Londres et veut en tirer les fruits. Malgré la chute de la livre sterling dans les mois qui ont suivi le référendum de juin 2016 et une baisse du pouvoir d'achat, l'économie britannique n'a pas subi de profonds dommages... Le Brexit n'ayant pas encore eu lieu.

Délicates perspectives

De son côté, l'Union européenne, outre la crise politique ouverte depuis 2016, mesure mal les difficultés que vont engendrer le Brexit. D'un côté, elle sait qu'elle perd l'un des trois grandes puissances, une des plus importantes places financières du monde et le premier partenaire diplomatique avec les Etats-Unis. Mais aussi l'un des seuls pays membres qui était jusqu'ici doté d'une armée régulière, dotée en moyens. De l'autre côté, les partisans du retrait de l'Europe et autres partis populistes, vont voir amoindrir leurs velléités. La facilité à quitter l'UE longtemps plaidée par ces derniers, montre qu'avec le dossier britannique, les choses ne sont pas aussi aisées. La situation devrait donc ressouder les autres pays membres.

Des répercussions pour la France

Après la sortie du Royaume-Uni qui finira bien par être actée en octobre 2019 ou plus tard, l'Union Européenne devra aller de l'avant et faire déboucher des réformes institutionnelles. En terme de budget, l'absence d'un pays va redistribuer les clés de répartition des pays contributeurs. Dans l'attente, les institutions estiment aussi les potentiels rebonds négatifs pour la France...Commerce, transports, agriculture, pêche, immobilier, finance... l'ensemble de l'économie hexagonale pourrait être fortement touchée par un Brexit sans accord. Particulièrement le pourtour de la Manche, dont les Hauts-de-France, la Normandie et la Bretagne qui sont logiquement en première ligne.

Chamboulement des monnaies ?

Plus encore que les prévisions négatives pour la Grande-Bretagne, la France et plus largement l'Europe, ce sont aussi les cours des monnaies qu'il va falloir surveiller. Particulièrement pour toutes les entreprises internationales qui réalisent de l'import-export et qui de fait, réalisent des opérations de change.

En effet, il est fort probable que la Livre Sterling va s'affaiblir encore face au billet vert américain et dans la même mesure face à l'Euro. On se souvient aussi comment les Bourses de Hong Kong, Paris et Francfort avaient dévissé à l'annonce du vote favorable au Brexit 3 ans plus tôt. Il faut donc s'attendre soit à des remous sur les marchés financiers lorsque le Royaume Uni actera définitivement son départ, en faveur des valeurs refuges, comme l'or. Ceci implique que les PME européennes anticipent et se prémunissent des répercussions dès cet été. Il semble comme évidence que l'on reparlera encore du Brexit lors du sommet du G7 qui aura lieu du 24 au 26 août 2019, en France à Biarritz. Puisque, autour de la table, seront réunis les participants permanents du sommet, à savoir, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, la France, l'Allemagne, l'Italie et le Japon. Le FMI, l'ONU et l'OCDE seront également représentés. Affaire à suivre.

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Sébastien OUM est président de Yseulis, plateforme universelle de gestion des risques de change.

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