L’écart de performance constaté depuis le 7 juin entre les indices américains et européens (au soir du 14 juin) n’était pas seulement troublant mais carrément abyssal : -9% en cinq séances pour l’Euro Stoxx 50, -2% pour le S& P500 (et pas plus de -1,8% pour le Dow Jones).
Déjà beaucoup de mensonges et la promesse d’un euro encore plus malhonnête Les indices américains sont devenus de véritables totems. Ils font l’objet de vénération pour leur capacité quasi magique à n’être affectés par aucune des scories économiques ou géopolitiques qui font tanguer pour un oui ou pour un non les marchés asiatiques ou ceux du Vieux Continent.
Même soumis à une pluie (de mauvaises nouvelles) intense, le totem S&P reste imputrescible. Ses couleurs ne se délavent pas, aucun coup de hache ne parvient plus à l’entailler. Le premier semestre 2016 sera positif, le second trimestre s’avère le meilleur avec un gain de +1,5% (depuis la précédente journée des Quatre sorcières).
Et si les doutes sur la croissance, l’emploi, l’inflation ne suffisaient pas, la Fed dispose d’un excellent argument pour prendre son temps. Vu la volatilité qui agite les places européennes, ce n’est vraiment pas le moment de mettre de l’huile sur le feu!
Le Brexit a bon dos : j’aimerais que quelqu’un nous démontre en quoi il va peser sur les exportations de l’eurozone (puisque la livre n’en a jamais fait partie), en quoi cela affectera notre croissance (le Royaume-Uni, en cas de sanctions, imitera-t-il la Russie en bannissant nos produits agricoles de son territoire, les Grands-Bretons cesseront-ils de rouler en BMW ou en Clio ?).
Et puis, la procédure de divorce va prendre deux ans. Il ne va rien donc se produire de brutal sur le plan économique (hormis un choc psychologique). Le couple n’a pas d’enfant. Ce qui règle en grande partie la question de la pension alimentaire : personne ne devra rien à personne… et les protagonistes n’ont même pas besoin de changer de domicile afin d’éviter les scènes de ménage, puisque chacun restera chez soi, opportunément séparés par la Manche.
Les banques britanniques échapperont en revanche à la spirale des taux négatifs qui menace le business model des établissements de crédit européens et qui pourrait mettre au tapis de nombreux assureurs et fonds de retraite d’ici 2020. Nous pouvons faire confiance à la City pour se réinventer. Surtout une fois qu’elle sera dispensée de se conformer à la panoplie de directives européennes qui entravent le développement de nombreux services et produits financiers qui ne sont disponibles qu’à Singapour ou aux Caïmans !
En attendant, des « stratèges » nous invitent déjà à profiter de l’hystérie du Brexit, procéder à une vague de rachats à bon compte… mais à Wall Street ! Comme si les 2% perdus en 10 jours sur le S&P faisaient surgir une profusion d’opportunités à des cours de braderie décennaux !
Le référendum du 23 juin sert véritablement de révélateur à ce qu’est la nature profonde de l’Europe de 2016 et qui n’a certainement rien à voir avec celle rêvée par Jean Monnet et le chancelier Adenauer. Au-delà de la petite guéguerre des sondages donnant tour à tour le Brexit et le Brimain en tête des intentions de vote, nous assistons surtout à un florilège d’arguments de mauvaise foi.
La faiblesse des partisans du Brimain, c’est qu’ils n’ont guère d’autres arguments que « ce serait pire sans l’Europe » (tremblez pauvres insulaires, car votre pays sera puni en cas de sortie, le méchant JC Juncker l’a prédit). La faiblesse des partisans du Brexit, c’est d’être incapables d’apporter la preuve que l’économie du Royaume-Uni en tirera de réels bénéfices.
La BCE de son côté avertit que les conséquences seront sérieuses : les turbulences pourraient durer de 3 à 6 mois… Et dans ce cas, face à un mur d’incertitudes, les agents économiques repousseraient frileusement leurs projets d’investissements, compromettant une croissance qui commençait juste à retrouver un petit rythme de croisière dans certains pays de l’UE (la France fait partie de cette short list).
La BCE promet déjà qu’elle ne restera pas les bras croisés en cas de Brexit. Elle fera tout pour s’opposer aux éventuelles retombées négatives en accroissant le volume de ses rachats d’actifs. Et chacun comprend qu’il pourrait s’agir d’un élargissement du QE à 100 Mds€ par mois (nouveau tsunami d’euros extraits de l’air ambiant), associé à une modification des plafonds de rachat de dettes souveraines. Ce qui accélèrerait la décrue des rendements sur les bons du Trésor puis les obligations corporate.
L’hypothèse de taux devenant encore plus négatifs en Allemagne, et pouvant le devenir aux Pays-Bas ou au Danemark a déjà fait réagir de nombreux gérants de hedge funds global/macro. Ceux-là ont le droit d’acheter de l’or et ils ne s’en privent pas : avec maintenant près de 10 000 Mds€ d’instruments obligataires affichant un rendement négatif, l’argument du métal précieux qui ne rapporte pas d’intérêt est devenu tout simplement ridicule. Il ne rapporte rien (et personne ne le souhaite)… mais au moins, il ne coûte pas d’argent.
Et surtout, il n’est pas endetté comme ces pays – tel le Japon avec ses 270% de déficit – que les investisseurs payent désormais pour qu’ils achèvent de creuser allègrement leur tombe budgétaire.
Il vous a été conseillé de renforcer vos avoirs sous forme d’or physique à plusieurs reprises ces 6 derniers mois lorsque l’once est venue tutoyer les 1 210/1 220 $. Nous n’y reviendrons pas… mais la grande question à 5 000 ou 10 000 (dollars l’once), c’est : Que se passera-t-il si l’or franchit les prochains seuils de résistance parfaitement identifiés à 1 300 $ (ex-zénith de fin janvier 2015) puis 1 325 $/once. Pourquoi 1 325 $ ? Parce ce que le métal précieux évolue au sein d’un « biseau d’élargissement » 1 210/1 275/1 300 $ dont le sommet se situe 25 $ au-delà du précédent. En cas de franchissement, l’once progresserait très vite en direction des 1 390 $ (ex-zénith de mi-mars 2014), puis 1 420 $ (ex-zénith de fin août 2013).
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