Le Brexit n’est qu’un évènement de plus d’une longue série qui dure maintenant depuis plusieurs années et qui parcourt désormais toute l’Europe du nord au Sud. Ce mouvement va bien au-delà de la question européenne : il conteste la technocratie issue de la globalisation.
Le Brexit est déjà prolongé par un autre évènement : l’éviction populaire massive du Président islandais compromis dans les Panama Papers par Gudni Johanneson, un universitaire eurosceptique et apolitique. La semaine dernière, les partis traditionnels étaient balayés en Italie par deux jeunes femmes élues Maires de Rome et de Turin. Le programme du mouvement 5 étoiles était de dire « si vous voulez que rien ne change, continuez de voter pour les politiques traditionnels, de droite comme de gauche ».Un des points essentiels de ce mouvement est de remettre en cause la zone Euro en faveur d’une économie de proximité à échelle humaine.
On remarquera que ces points de programme ne font que mettre en pratique les démonstrations économiques de deux Prix Nobel d’Economie : Joseph Stiglitz et Elinor Ostrom. Ces deux économistes de renommée mondiale ont toujours dénoncé d’une part les aberrations des grosses institutions internationales devenues des monstres technocratiques. D’autre part, ils ont démontré que les fusions institutionnelles ou économiques aboutissaient toujours à des rendements décroissants, et que plus les entités grossissaient, moins elles étaient efficaces sur le terrain. En clair, il ne peut y avoir de saine gestion que dans la proximité. On pourrait compléter cette analyse par le fameux Théorème de Gödel.
Faut-il d’autres exemples de cette vague de fond ? Citons les dernières élections espagnoles avec une contestation massive du ronronnement politique et européen, la très forte poussée de Podemos , Ada Colau devenue Maire de Barcelone, Manuela Carmena devenue Maire de Madrid. Podemos demande la renégociation du Traité de Lisbonne vers la reconquête d’une souveraineté locale. Au Portugal, l’accès au pouvoir d’Antonio Costa est le reflet d’une volonté populaire de rompre avec la pression énorme des technostructures européennes qui écrasent le Portugal depuis des années dans une stricte politique comptable et budgétaire qui étranglait toute son économie, quasiment au même niveau que la Grèce. Ce dernier pays a connu une longue période de Grexit incertain depuis maintenant deux ans, sous le poids des mêmes mesures inadaptées, quelle qu’en soit l’origine, même si des fautes de gestion ont été commises dans le passé. On oublie le récent Non massif des Néerlandais par referendum aux dernières mesures européennes, y compris avec l’Ukraine en avril dernier. Faut il aussi évoquer le score historique des eurosceptiques aux dernières élections au Danemark, ayant entrainé la chute de la Première Ministre..
Avec le Brexit, les milieux financiers en frissonnent encore – Tant mieux ! C’est donc bien la fin de ces trente années d’exploitation financière et de globalisation qui ont détruit des millions d’emplois par une spéculation frénétique des marchés, et la manipulation des lobbies à la Commission européenne. Les milieux bobos parisiens en frémissent aussi : Tant mieux ! c’est bien la fin de ces politiques qui n’ont jamais vu une urne, de ces décideurs qui n’ont jamais franchi le périphérique, de ces fausses élites si loin des réalités dans le petit cocon de leur petit café, de leur petit écran, de leur petit fauteuil, de leur petit smartphone, si fragiles, si évanescents.