Plusieurs fonds d’investissement ont commandé des sondages sortis des urnes afin de se positionner sur le marché et engranger le plus de bénéfices possibles avant l’annonce officielle des résultats. Il faudra toutefois être prudent et ne pas tirer de conclusions hâtives à propos de l’issue du scrutin en fonction de l’évolution de la livre sterling en début de soirée. Les mouvements sur les changes devraient être très erratiques et surtout refléter un regain de spéculation et non une tendance électorale. Les rumeurs qui vont inévitablement circuler vont parasiter le marché ; c’est certainement le pire moment de l’année pour avoir des positions ouvertes.
Pour avoir une idée plus précise du résultat au niveau national, il faudra surveiller de près la publication des résultats pour la zone de Salford à 2h30 le 24 juin qui constitue habituellement un bon baromètre de la tendance au niveau national.
En cas de maintien dans l’Union Européenne :
C’est aujourd’hui le scénario le plus probable en comptant sur le pragmatisme et le tempérament pro-business des britanniques. Si les partisans du maintien dans l’UE l’emportent, il y aura à moyen terme un ajustement des cours en bourse, notamment un rééquilibrage des valeurs bancaires et de la livre sterling. Ce sera plus que nécessaire pour la monnaie britannique qui a chuté ces derniers mois face à ses principales contreparties alors que les fondamentaux de l’économie sont extrêmement bons, avec en particulier un taux d’emploi à un niveau record.
Sur le court terme, tout est possible. La logique voudrait que les investisseurs poussent un « ouf » de soulagement permettant d’entrainer les principaux actifs à la hausse dès vendredi matin. Toutefois, on sait que les marchés sont loin d’être rationnels. La seule certitude, c’est qu’il y aura beaucoup de volatilité et que c’est seulement à partir de lundi que les investisseurs pourront se tourner vers les vrais problèmes économiques de l’été, à savoir l’évolution de la politique monétaire américaine et le risque toujours présent de dévaluation massive du yuan chinois.
En cas de Brexit :
C’est le scénario du pire. On peut aisément comprendre que tous les actifs libellés en GBP s’effondreront dans la foulée de l’annonce des résultats officiels, voire même avant, entraînant avec eux un renforcement global de l’aversion au risque. Il est extrêmement difficile de modéliser la baisse potentielle de la livre sterling mais elle pourrait au moins rappeler l’effondrement connu en 1992. La liquidité pourrait rapidement baisser à des niveaux extrêmement bas ; déjà on constate une forte baisse de celle-ci sur les options forex expirant après le 23 juin.
Pour éviter une nouvelle crise financière, une action rapide et concertée des banques centrales devrait survenir, réunissant a minima la Banque d’Angleterre, la Banque Centrale Européenne, la FED et la Banque Nationale Suisse. Elle pourrait dans un premier temps consister à racheter des GBP sur le marché afin de stopper la chute de la monnaie. Des mesures plus décisives (baisse des taux d’intérêt ou rachats d’actifs) pourraient être envisagées dans un deuxième temps si la panique n’est pas endiguée.
En termes d’investissement, dans un tel contexte, les investisseurs favoriseraient l’or, y compris l’or physique, et le yen japonais en priorité. Nous avons déjà constaté ces dernières semaines un mouvement dans ce sens qui s’est intensifié afin de se protéger contre les aléas du marché.
Beaucoup d’investisseurs auront la tentation de profiter de l’extrême volatilité en cas de Brexit mais ils devront bien avoir en tête qu’ils seront face à deux puissants acteurs en mesure de tenir le marché, les robots de trading et les banques centrales, contre lesquels ils seront démunis.