Trois jours après le fatal Brexit, la clique qui a mené l’Europe à cet état de délabrement semble plus que jamais décidée à achever son travail toxique. Le trio qui se réunit à Berlin devrait préparer les ingrédients de la potion létale ultime.
Mais pourquoi un sommet à Berlin?
On notera d’abord la folie qui consiste à accourir à Berlin pour sauver l’Europe. La capitale de la Prusse ne figure pas parmi les villes fondatrices de l’Union. Le fait que Renzi et Hollande y obéissent à la convocation d’Angela Merkel ne peut pas mieux illustrer le problème de l’Europe aujourd’hui, son vice systémique: le continent est conduit par une puissance qui n’appartenait pas au projet initial et qui ne prend aucun gant pour le redéfinir.
Par principe, on sait donc déjà, rien qu’à examiner la configuration de la réunion, que rien de bon ne peut en sortir. En particulier, la responsabilité de l’Allemagne dans le Brexit sera évacuée. C’est pourtant bien l’ouverture unilatérale des vannes migratoires qui explique pourquoi Cameron a dû proposer un referendum interne, et pourquoi ce referendum a consacré la rupture avec l’Angleterre.
Le fait que Merkel reste une puissance invitante montre bien l’incompréhension des dirigeants européens vis-à-vis de ce qui est en train de se produire…
Les idées saugrenues de François Hollande
De son côté, François Hollande arrive à Berlin avec quelques idées affolantes, mais jugées très intelligentes par ceux qui sont branchés en courant continu sur l’éloge sans nuance de l’Union Européenne. Il devrait plaider pour un surcroît d’intégration européenne pour ceux qui restent. Manifestement, depuis sa sortie de l’ENA, notre Président n’a pas fait évoluer son logiciel de compréhension de l’Europe. Comme beaucoup de décideurs politiques français, il est nourri à cette idée que l’Europe, c’est comme le crème fraîche: plus on en met dans les plats, meilleur c’est.
Pourtant, il suffit d’entrouvrir un oeil pour comprendre que ce n’est pas le moment. Non seulement les peuples n’aiment pas ça, mais économiquement, la mutualisation des dettes et des déficits dont rêve François Hollande pourrait se terminer par une très méchante déculottée économique.
Bref, François Hollande part à Berlin avec des solutions qui devraient achever le malade encore plus vite que prévu. Celui-là, on l’aura vraiment bien choisi!
Ce raidissement européen qui vient
Comme un malheur ne vient jamais seul, l’Europe manifeste déjà les signes d’une impatience qui a du tout d’un raidissement dangereux.
D’une part, et selon toute vraisemblance, les Européens demanderont au sommet de mardi et mercredi, présidé par Donald Tusk, un engagement de la procédure de sortie au titre de l’article 50. Les Européens devraient donc presser les Britanniques de sortir de l’Union, ce qui ne fera que jeter de l’huile sur le feu.
D’autre part, la Prusse commence à se cabrer et poussera sans doute l’Europe, comme elle l’a fait depuis plus de cent ans, aux pires extrémités. Sa ministre de la Défense, Ursula von der Leyen, vient par exemple d’apostropher la Russie en exigeant d’elle une information complète sur ses mouvements de troupe.
Nous n’en sommes qu’au début, et la température est déjà très élevée.
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog