Le Brésil est aujourd'hui confronté à 2 crises. D'une part une crise politique, provoquée par les affaires de corruption mêlant hommes politiques et hommes d'affaires (voir le scandale Petrobras), et qui conduit notamment certains Brésiliens à réclamer la démission de la présidente du pays Dilma Rousseff.
Cette crise a été largement dépeinte dans les medias. D'autre part une crise économique, moins relayée mais pourtant au moins aussi importante. Comment expliquer ce marasme économique dans lequel se trouve le Brésil ?
L'origine des difficultés économiques que rencontre actuellement le Brésil vient essentiellement d'une crise de la balance des paiements : le déficit abyssale de la balance courante n'est aujourd'hui plus financé par des entrées de capitaux (des investissements) :
Le pays est alors dans l'obligation de laisser se déprécier sa monnaie (le réal, noté BRL) afin de faire augmenter mécaniquement le prix des produits importés, donc de comprimer la demande intérieure et au final de rééquilibrer la balance courante. Depuis un an, le réal a ainsi perdu 55 % de sa valeur par rapport au dollar :
Mais la très forte dégradation des termes de l’échange (hausse des prix des importations) et la chute brutale de la consommation des ménages induite détériore la croissance du pays qui risque bien en 2015 d'entrer en récession :
La baisse de l'activité économique fait augmenter le chômage (loi d'Okun). De plus, l'économie du pays souffre de manière plus générale de nombreux goulots d'étranglement (sur le marché du travail : offre trop faible de travailleurs hautement qualifiés, sur la production d'électricité, sur les infrastructures de transport...) d'où l'apparition d'une inflation non désirée (demande supérieure à l'offre car manque d'offre) :
En outre, pour endiguer la fuite des capitaux et la forte hausse de l'inflation, la Banque Centrale du Brésil a décidé depuis 2 ans de remonter ses taux, ce qui a comme effet secondaire de réduire davantage la demande intérieure (baisse des crédits au secteur privé) :
Notons enfin une politique budgétaire restrictive en 2015 (par exemple : hausse des impôts sur l'essence, baisse des allocations chômage, baisse des subventions publiques des prix de l'électricité...) dont l'objectif principal est de restaurer la confiance des investisseurs étrangers sur la dette émise par le Brésil pour que les flux d'investissement continuent de financer la demande intérieure du pays. Mais malgré ces coupes budgétaires, l'agence de notation Moody's a dégradé le 11 août dernier la note souveraine du pays de Baa2 à Baa3, soit un cran juste avant que la dette brésilienne ne soit considérée comme spéculative. Les perspectives économiques sur le court/moyen terme du Brésil sont donc très négatives.