L’année 2013 aura incontestablement été rythmée par l’action des banques centrales : BCE, FED, BoE et BoJ. Pour la zone euro, la BCE aura baissé par 2 fois ses taux pour faire face au net recul de l’inflation qui est passée au cours des derniers mois sous les 1% (alors que la BCE recherche en permanence la stabilité des prix avec une inflation à 2%).
Ces actions accommodantes des banques centrales à travers le monde auront permis une nette détente des taux d’emprunt des pays fragiles de la zone euro (Italie et Espagne notamment) et, parallèlement à cela, une remontée des taux d’emprunts de la France et de l’Allemagne, qui ont vu leur statut de valeur refuge s’amenuiser. La remontée des taux français s’explique également par la situation économique de la France qui a été rappelée à l’ordre par Bruxelles et a subi une nouvelle dégradation de sa note par les agences de notation.
L’année 2014 devrait donc être une année de consolidation sur les marchés financiers et notamment les marchés actions. Après la hausse sensible observée depuis 2009 sur les indices américains (DowJones 150% de hausse depuis 2009 – post crise des subprimes- Nasdaq 240% de hausse depuis 2008, SP500 170% de hausse), une correction baissière devrait se produire en 2014, catalysée par le début du ralentissement de la politique monétaire accommodante de la FED qui réduira dès janvier ses achats d’actifs à 75 milliards de dollars contre 85 auparavant. Même si Ben Bernanke s’est voulu rassurant («tapering » n’est pas « tightening ») il s’agit pourtant bien d’un début de resserrement de la politique monétaire américaine qui devrait à terme déboucher sur une hausse des taux directeurs. Il est donc tout à fait probable de voir le taux à 10 ans américain poursuivre sa hausse au-dessus de 3% en 2014. Il ne s’agit pas d’un évènement « dangereux » pour l’économie US mais d’une certaine normalisation alimentée par une croissance soutenue (4.1% au 3ème trimestre), une amélioration du marché immobilier et de l’emploi ou encore l’accord bipartisan sur le budget 2014 et 2015.
Les marchés européens et notamment le CAC40 sont également rentrés dans cette phase de consolidation/correction mais elle ne devrait pas remettre en cause la tendance haussière à long terme. Même si des prises de bénéfices pourraient continuer à intervenir début 2014 (le marché s’est apprécié de 50% entre juin 2012 et novembre 2013), la tendance de fonds devrait rester positive sur le CAC40 dans les mois qui viennent avec un retour possible dans la zone des 4560 points, c’est-à-dire le niveau atteint juste avant la faillite de Lehman Brothers à l’automne 2008.
Cette détente du risque devrait être portée par la poursuite des processus d’intégration en zone euro (union bancaire, mécanisme de résolution, …) et des réformes structurelles mais également par l’atténuation des politiques d’austérité en vigueur depuis le début de la crise de la dette. L’Irlande est récemment sortie du programme d’aide européen, ce sera au tour du Portugal en 2014.
On ne peut non plus écarter le virage pris par l’Allemagne au cours des derniers mois. Le moteur « export » du pays a commencé à montrer des signes d’essoufflement, impacté par le tassement de la demande mondiale mais également de ses partenaires européens. L’Allemagne cherche dorénavant à allumer un autre moteur de croissance qu’est la demande intérieure par le biais de l’augmentation du salaire minimum. Nous avions déjà assisté à des augmentations de salaire par branche en 2013. Ceci devrait participer à un début de rééquilibrage des balances commerciales au sein de la zone euro et favoriser la poursuite de la convergence des taux.
Toutefois, on ne peut envisager de hausse massive des marchés en Europe car de nombreux vents contraires persistent (croissance faible, chômage élevé, réformes structurelles difficiles dans certains pays, processus d’intégration parfois lent et complexe, dette publique italienne à près de 130% du PIB).
Nous ne sommes pas cependant dans une situation de risque systémique, comme ce fut le cas dans la phase aigüe de la crise de la dette, de nombreux pare-feu ayant été mis en place depuis, sans compter l’intervention probable de la BCE qui devrait mettre en place de nouvelles mesures non conventionnelles.