Alors que le monde bancaire vit la mise en cause de ses failles et excès dans l’exploitation financière, fiscale et comptable (HSBCLeaks, etc.….), allons-nous vers la même remise en cause dans le monde du conseil boursier et financier ? Si c’était le cas, ne serait-ce pas un bien pour les épargnants, les investisseurs, les professionnels et les Etats ?
Ainsi, la désinformation basée sur les valorisations comptables boursières mark-to-market qui sont « imposées » aux professionnels comme support de performances financières communiquées aux épargnants et investisseurs non avertis, sera-t-elle le déclenchement du BourseLeaks ? Suis-je un illuminé d’écrire des propos d’une telle gravité au moment où les indices boursiers reprennent le chemin de la hausse ? Jugez-en par vous-mêmes :
L’environnement comptable
Alors qu’il existe trois règles comptables adaptées à une saine valorisation des investissements boursiers en fonction de leur réel potentiel de réalisation financière, seul le concept « juste valeur » avec la règle comptable appelée mark-to-market (qui fausse quotidiennement à plus de 98% la faisabilité des performances annoncées), reste appliquée en contradiction totale avec le respect du principe juridique « d’égalité des porteurs de parts ».
Souvenez-vous : Monsieur de Juvigny, Secrétaire général adjoint de l’Autorité des Marchés Financiers en France, le 6 décembre 2010 dans « La Tribune » va encore plus loin en précisant : « L’évaluation financière est si peu encadrée qu’elle fait presque figure d’anomalie dans l’univers réglementé de la finance. Mais avec l’essor du concept de « juste valeur », l’évaluation est apparue comme le maillon faible de l’information financière lors de la crise du « subprime », qui a mis en évidence la difficulté à cerner la valeur intrinsèque d’un actif en l’absence de transactions sur le marché. Avant d’ajouter que « L’AMF n’exclut pas la « possibilité de faire référence, à terme, aux standards de l’IVSC, mais « ne se prononce pas, à ce jour, en faveur de normes précises et contraignantes ».
Effectivement, ce qui est souvent présenté comme les cours des fonds de placement ne sont dans les faits que des valeurs nettes d’inventaire comptable issues du concept comptable de « juste valeur » matérialisé par le principe comptable « Mark-to-market ».
Que dit le principe comptable mark-to-market ?
La règle est enfantine tant dans sa structure que dans son application. Le cours des quelques titres échangés à la fermeture (parfois à l’ouverture) des marchés déterminent, en dehors de toute logique et de toute faisabilité financière, la hausse ou la baisse informationnelle et comptable de tous les titres ainsi que leur assiette fiscale de taxation dans certains cas.
Pour faire un simple parallèle, nous sommes dans la situation d’un jeu de grattage quelconque où l’on dit à tous les porteurs de billets qu’ils ont gagné (ou perdu) le même montant que les gagnants (ou perdants) qui ont gratté à 17h30. Là, ne s’arrêtent pas les dérives puisque, comme indiqué ci-dessus, parfois vous êtes taxés sur les performances issues du « vent » de l’extrapolation de la conceptualisation « comptable » en l’absence totale de toute crédibilité de réalisation financière possible.
Conséquences
Imaginez la « crédibilité » réelle des comparatifs de performances et des récompenses… Quant aux fonds de placement ou SICAV qui intègrent une commission de surperformance par rapport à un indice de référence, qui relève trop souvent d’un certain ésotérisme financier, que penser ? Des commissions de « surperformance » issues d’un concept comptable prises en cash sur des performances non réalisées et non réalisables car issues de la seule imagination comptable ? Des milliards prélevés aux porteurs de parts sans aucune justification financière réelle. Pourquoi ne pas prendre ces commissions dites de « surperformance » au moment de la revente et de la matérialisation financière du gain de surperformance ? Logique non ? Nous sommes bien dans le domaine de l’adrénaline comptable (et non plus dans le domaine de la finance réelle) aussi rémunératrice pour ses promoteurs que destructrice pour les Peuples et les Etats.
Les réalités
En Bourse, bien que l’ensemble des acteurs reconnaisse les déstabilisations et l’incohérence de cette situation rien ne change. C’est ainsi que la France financière (tout comme les autres pays) se gausse du CAC40 à plus 5000 alors que ce chiffre ne correspond dans les faits à RIEN. Si ce n’est être le résultat d’un concept comptable support de paris et de produits financiers algorithmiques. Où quand la conceptualisation comptable a pris le pas sur l’évidence directe de la réalité.
Parmi les épargnants, combien savent que les indices boursiers type SMI, CAC à 5000 … sont issus du seul chapeau de l’artificialité comptable ? De simples chiffres comptables sans réelle valeur financière sont transformés du jour au lendemain en performances financières de référence tant en termes de fiscalité, que d’éléments pertinents pour les comparatifs de performances divers et variés, que pour les commentaires boursiers quotidiens etc... Cela sans parler de la crédibilité sur laquelle les investisseurs non avertis se sécurisent lors de leurs choix d’investissements aidés ou non par des professionnels.
Réalité des plus « étonnante » confirmée par l’obligation d’inscrire la mention suivante dans les documents financiers « Les performances du passé ne présagent pas des performances du futur ». Qui sait que ces chiffres artificiels n’ont été créés que pour être le support de paris et de jeu ? En effet, les lois sur l’exception de jeu (pour la France) qui avaient été mises en place en 1936 après les effets du krach de 29 ont été volontairement abrogées en 1985. Ce faisant, le marché financier était placé sous la dépendance et au service des mathématiques financières (jeu). Le transfert mécanique de la hausse ou de la baisse réalisées sur quelques titres à des millions voire à des milliards de titres mis en place, les capitaux qui servaient initialement à l’investissement direct pouvaient être détournés et « triturés » en défaveur de l’économie réelle via les paris avec effets de levier sur la volatilité comptable transformée en performances boursières.
Comment ne pas comprendre qu’il est plus intéressant pour certains de choisir de parier sur cet effet de levier que sur les entreprises elles-mêmes et leur personnel ? Ici nous ne sommes plus dans l’optimisation fiscale et comptable mais bien dans le blanchiment de l’optimisation comptable et financière de performances fictives au détriment de l’ensemble des investisseurs, des épargnants et des Etats. Blanchiment mis en place en faveur des dérives des marchés dérivés qui sans l’effet booster comptable mark-to-market ne pourraient exister et ainsi voir s’évader des montants astronomiques en défaveur de l’économie réelle. L’ère des produits mathématiques comprenant des marges très importantes pour leurs promoteurs au détriment des réalités et des développements sociologiques, économiques, politiques et financiers était mise en place.
Solution
Les enseignements du dernier krach n’étant toujours pas pris en compte, seul le juridique pourra imposer le retour à la normale en imposant une double information boursière quotidienne et une double valorisation comptable des fonds communs de placement et autres OPCVM.
- Pour les investisseurs spéculateurs quotidiens, l’information de la variation spéculative du jour actuelle appelée cours VSJ (Variation Spéculative du Jour).
- Pour les épargnants et investisseurs non professionnels, une information plus humainement responsable basée sur le respect du droit à savoir, non plus « le tous riches ou tous pauvres du concept comptable « fair value » mais, la répartition du gain et de la perte du jour, à titre d’information, sur tous les titres. Cette nouvelle information qui apporte plus de sérénité et évite de passer de l’euphorie à la « détresse » s’appelle le cours VHR (Variation Humainement Responsable).
Pour ma part, je pense que si nous ne changeons rien nous connaîtrons dans les proches années futures un OPCVMLeaks voire un BourseLeaks tant l'ensemble du système n'a plus aucune cohérence. Et si les OPCVMLeaks ou BourseLeaks n’étaient en fait que ce que nous appelons les krachs boursiers. A votre avis, krachs boursiers ou krachs comptables ? Et si les krachs boursiers n’étaient que le retour d’une certaine cohérence entre la réalité financière et la réalité comptable non conceptualisée via le « fair value » et le « mark-to-market » ? Qui pourra dire à ses clients qu'il ne savait pas ? Et devinez les effets de ce scandale ?
Pour terminer, dans la situation décrite ci-dessus il n’y a ni bon ni méchant, il y a simplement un ensemble de faits qui mis bout à bout ont perdu toute cohérence d’ensemble. L’Avenir est dans le retour de la véritable gestion boursière c’est-à-dire dans l’achat et vente quasi quotidiens. Pour cela, il faut libérer les professionnels du risque d’amalgame entre la gestion des volumes quotidiens et l’attaque sur le « faire tourner le portefeuille ». Un portefeuille doit par essence « tourner ».
Sans cela, la gestion de ce portefeuille n’est qu’une gestion d’affectation comptable. Gestion qui va au détriment des épargnants, des investisseurs non avertis et de la Bourse elle-même puisque la représentativité de la Bourse ne dépend que des volumes traités quotidiennement. Si l’on veut redonner une crédibilité au marché, il faut impérativement que les professionnels puissent de nouveau gérer et se rémunérer sur la gestion quotidienne des volumes (sans encourir d’attaques diverses et variées) au détriment des affectations « comptables » destructrices et spoliatrices.