Pour ceux qui auraient oublié comment fonctionnent les marchés, sous l’administration stalinienne des Banques centrales, il existe une règle absolue qui ne souffre aucune exception depuis 2011 : rien ne saurait faire baisser les marchés américains à la veille du Pont de Thanksgiving.
Une panne de courant géante pourrait frapper les États-Unis, une 3ème guerre mondiale pourrait éclater (je plaisante, la guerre au terrorisme, permanente et éternelle, est déjà déclarée depuis le 11 septembre 2001) : rien ne pourrait empêcher Wall Street de prendre la direction du Nord.
À la veille de journées aussi cruciales que celles des soldes de Thanksgiving, du Black Friday et du Cyber Monday (le lundi suivant Thanksgiving offrant de nombreuses promotions exclusivement en ligne), les indices US ne peuvent connaître qu’un seul sens, donc impossible de se tromper.
Mais en l’occurrence, la déconnection par rapport aux profits des entreprises et au contexte géopolitique n’a jamais été aussi extrême.
Je veux bien que le dollar soit à deux doigts de retracer son zénith de la mi-avril face à l’euro… Cependant, avouez qu’il est assez compliqué d’expliquer à l’épargnant lambda que le CAC40 se retrouve aujourd’hui seulement 150 points au-dessus de ses niveaux du 13 novembre (celui d’avant les attentats qui ont ensanglanté Paris et débouché sur l’actuel état d’urgence) et que Wall Street et l’ensemble des places européennes se retrouve au-dessus de ses précédents records mensuels d’avant l’incident russo-turque. À Paris, les intervenants se disent convaincus que la BCE va faire de nouveaux miracles d’ici la semaine prochaine : l’accroissement du « QE » et des taux de prise en pension toujours plus négatifs, c’est pour amuser la galerie, un simple échauffement.
Super Mario devrait – selon la rumeur – annoncer des rachats d’actifs de catégorie « plus spéculative »…
La BCE va enfin venir à bout de nos retraites…
Pour l’exprimer plus trivialement, des dettes subprime (et pourquoi pas des émissions pourries de municipalités en faillite qui polluent le bilan des banques), et une fois que la Bundesbank s’y sera habituée, la BCE passera aux Junk Bonds. Cela va encore aplatir la courbe des rendements, c’est-à-dire la rémunération de votre épargne retraite : magnifique subversion du couple rendement/risque. Donc, vos assureurs-vie vont vous recommander chaudement d’acheter des « actions qui ne baissent jamais » (même après avoir triplé de valeur) et qui rapportent gros.
Gros comme 1,7% pour les valeurs du Nasdaq (alors que les T-Bonds rapportent 2,25%), avec des PER qui peuvent atteindre non pas 20, ni 50, ni 100 mais bel et bien 1 000 sur un titre comme Amazon (US0231351067 AMZN), ou certaine « licornes » (ces entreprises valorisées à au moins 1 Md$) récemment introduites et dont le business model est de la pure « pompe à brouillard ».
Des assureurs au plus-haut… dans un contexte hautement risqué
Il y a des attentats, une toile de fond géopolitique qui s’obscurcit au Proche Orient… néanmoins, sur le plan boursier, c’est l’heure de gloire des assureurs depuis le 13 novembre. Tenez, prenez l’Allemand Allianz (DE0008404005 ALV) : c’est la locomotive du DAX30 depuis le 16 novembre, avec un gain de 10%… alors même que le stade de Hanovre avait dû être évacué en même temps que le Stade de France en raison de la menace terroriste avérée.
De même, AXA (FR0000120628 CS), de son côté, surperforme le CAC40 depuis maintenant 10 jours : merveilleux marché qui achète des anoraks en arrivant aux Bermudes et qui achète des bermudas en arrivant au Groenland. Or, comme il s’agit de marchés de days traders (d’investisseurs intraday), et que dans cette configuration ne peut être gagné que ce que d’autres perdent, les mains les plus fortes – ou plutôt celles qui détiennent la plus grosse batte de base-ball – s’ingénient à prendre le consensus à revers et à détruire les positions faibles, baissières.
Une séance de bourse, c’est comme une donne au poker : les joueurs ne disposent que de quelques minutes pour faire la différence mais bien plus que les cartes en main, c’est la hauteur de la pile de jetons qui décide du sort des enchères. Et il est admis depuis longtemps que lorsque les enchères montent brutalement, les « mains faibles » se couchent.
La stratégie : miser avec une paire de 2 en mains comme si cela complétait une série d’as déjà sur la table. Sauf si un autre joueur possède également un as, tous les adversaires jettent leur main… et celui qui possède cet as a toutes les raisons de craindre un full. Et ce bluff quotidien à plusieurs milliards rapporte des fortunes aux algo-traders qui ont les poches les plus profondes : c’est juste la loi du plus fort… et, à part les algorithmes qu’elles mobilisent, il s’agit d’une technique de triche veille comme le monde.
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