« Folle », « Alcoolique » : Les « mots doux » du fichier client de Boulanger

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 24 juillet 2015 à 11h27
Fichier Client Boulanger Cnil Commentaires Excessifs
2 MILLIARDS €En 2014 Boulanger a enregistré un chiffre d'affaires d'environ 2 milliards d'euros.

Si travailler dans un centre d'appels n'est sans doute pas la meilleure chose du monde, ni même la plus passionnante, cela ne justifie probablement pas ce qu'a découvert la CNIL (Commission nationale informatique et libertés) en fouillant dans le fichier client de l'enseigne Boulanger. Pas moins de 5 828 commentaires plus ou moins insultants ou discriminatoires. Des commentaires inutiles, donc, qui ont poussé la CNIL à prendre des mesures.

Boulanger mis en demeure par la CNIL

Jeudi 24 juillet 2015, donc, la CNIL a annoncé la mise en demeure de Boulanger à la suite de la découverte de ces commentaires bien peu élogieux et surtout inutiles. Car s'il est autorisé de mettre des commentaires dans le fichier client, ceux-ci ne doivent servir que pour le suivi du client et du dossier.

La CNIL donne donc 3 mois pour régler le problème. Boulanger devra non seulement éliminer les commentaires jugés "excessifs" par la commission mais également prendre des mesures pour que cela ne se reproduise plus. En l'occurrence améliorer les contrôles. Les commentaires autorisés ne doivent pas "porter atteinte à l'image des personnes" écrit la CNIL.

Si Boulanger se met en conformité, la CNIL ne prévoit pas de suites au dossier. Dans le cas contraire elle pourrait prendre des sanctions.

Mais quels ont été les commentaires qu'a découverts la CNIL ?

La Commission n'a pas révélé l'intégralité des 5 828 commentaires "excessifs" mais a tout de même donné quelques exemples assez éloquents.

Ainsi, elle a trouvé des commentaires du type "Le client est chiant" ou le client "N'a pas de cerveau". D'autres vont plus loin : outre le "Fort accent africain" ou encore le "Cliente de confession juive", certains des commentaires dévoilent des problèmes personnels.

On voit en effet mal en quoi peut servir, pour le suivi du client, le fait de savoir que "La cliente a une maladie neurologique" ou encore que "Le client c'est fait opérer dune hernie discal il y a 3 mois " (noter que les fautes d'orthographe étaient dans le fichier et que la CNIL a reproduit les commentaires tels quels).

Mention spéciale, tout de même, à ce commentaire-ci : "La cliente est une grosse connasse qui se croit tout permis". L'intéressée appréciera.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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