Bitcoin: une monnaie électronique peut-elle détrôner le dollar ou l’euro ?

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Par Pascal de Lima Modifié le 25 avril 2013 à 1h46

Cette question est complexe en réalité. Elle en pose plusieurs en filigrane : existe-t-il une défiance envers les monnaies traditionnelles, et notamment l'euro bien sûr ? La technologie à tout prix peut-elle détrôner les banques centrales en créant une monnaie électronique ?

D'abord pour commencer, il faut savoir qu'une monnaie doit se caractériser par trois fonctions pour se légitimer. On appelle cela les trois fonctions de la monnaie : une unité de valeur acceptée de tous, un outil de réserve de valeur et d'épargne, un mode de règlement des transactions courantes.

Une monnaie électronique comme le Bitcoin permet-elle de répondre à ces trois principes fondateurs d'une monnaie ? Évidemment non.

D'abord le Bitcoin est une simple monnaie virtuelle qui n'est pas acceptée de tous comme un étalon de valeur sûr. Elle est tout simplement trop récente. Puis avec des transactions intraçables, comment imaginer ne serait-ce qu'une seconde qu'elle puisse être le socle d'une société fondée sur la confiance ?

C'est d'ailleurs le contraire : ici, c'est de l'informel, qui vient justement défier le formel des banques centrales. Car ce type de monnaie n'est soumis à aucune institution financière. Rappelons que les institutions financières sont censées assurer un rôle d'intermédiaire dans la collecte de l'information, dans la gestion des risques et dans la liquidité. Il est fort peu probable que ce type de monnaie parvienne à s'insérer dans ce circuit.

La relation de confiance nécessitant au moins deux individus, avec des monnaies dont on ne connait pas l'expéditeur, il y a fort à parier que l'on soit plus proche du blanchiment d'argent que de la confiance procédurale sociale-démocrate fondée sur la monnaie.

On nous dit que les bitcoins évolueraient selon un cours qui permet de déterminer un taux de change et que ce faisant, il s'agirait véritablement d'une monnaie. Mais non : une monnaie a trois fonctions !

1. Confiance en l'unité de compte : je crois qu'on en est loin pour les raisons exposées plus haut. De plus, son cours est très volatile. Or c'est la stabilité du change et de l'inflation qui forgent la confiance.

2. Réserve de valeur et épargne : ne transitant pas vers des intermédiaires financiers, cette fonction n'est pas suffisamment respectée à cause de la garantie des dépôts. Certes on peut imaginer une valeur refuge mais comment garantir sa valeur, à quel taux et auprès de quel inconnu ?

3. Instrument de transactions : peut-être de façon très partielle, mais qui garantit la sécurité des transactions ?

On sait que cette monnaie virtuelle est notamment un des principaux freins dans la lutte contre le piratage. Ainsi, on peut douter de sa pérennité. Afin de neutraliser le financement de sites pirates, Google aurait tenté de passer des accords avec Visa, PayPal et Master Cards.

Certaines informations rappellent que la monnaie est hors de contrôle : le site Numerama rappelle que cette monnaie virtuelle a permis à Wikileaks de survivre quand Visa, PayPal et MasterCard lui ont coupé les vivres. Enfin, selon le FBI, la monnaie virtuelle serait couramment utilisée pour les trafics de drogue.

Bref, le vrai problème est davantage dans la défiance de la monnaie euro que dans la confiance dans les bitcoins, comme en témoignent les pics de téléchargement de l'application bitcoin observés à Chypre cette semaine, en Espagne au mois de mars. Et l'on revient à l'éternel problème de l'euro.

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Chef économiste, Economiste de l'innovation, knowledge manager des cabinets de conseil en management (20 ans). Essayiste et conférencier français spécialiste de prospective économique, mon travail, fondé sur une veille et une réflexion prospective, porte notamment sur l'exploration des innovations, sur leurs impacts en termes sociétaux, environnementaux et socio-économiques. Responsable de l'offre "FUTURA : Impacts des innovations sur les métiers de demain". Vision, Leadership, Remote of Work, Digital as Platforms...secteurs Banque Finance Assurance, PME TPE, Industrie et Sport du Futur. Après 14 années dans les milieux du conseil en management et systèmes d’information (Consultant et Knowledge manager auprès de Ernst & Young, Cap Gemini, Chef Economiste-KM auprès d'Altran - dont un an auprès d'Arthur D. Little...), je fonde Economic Cell en 2013, laboratoire d’observation des innovations et des marchés. En 2017, je deviens en parallèle Chef Economiste d'Harwell Management. En 2022, je deviens Chef économiste de CGI et Directeur de CGI Business Consulting. Intervenant en économie de l'innovation à Aivancity, Sciences po Paris, ESSEC, HEC, UP13, Telecom-Paris... et Conférenciers dans le secteur privé, DRH, Directions Métiers... J'ai publié plus de 300 tribunes économiques dans toute la presse nationale, 8 livres, 6 articles scientifiques dans des revues classées CNRS et j'interviens régulièrement dans les médias français et internationaux. Publication récente aux éditions FORBES de « Capitalisme et Technologie : les liaisons dangereuses – Vers les métiers de demain ». Livre en cours : "La fin du travail" Site personnel : www.pascal-de-lima.com

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