La taxation des robots revient à taxer les gains de productivité et à en priver les gens. Mais ce n'est pas parce qu'une idée est idiote qu'elle n'a pas d'avenir.
Lorsqu’un milliardaire à l’origine du plus grand succès commercial du XXème siècle prône la taxation des robots, il y a de quoi devenir perplexe. Si l’on écoute nos étatistes, nous savons que grâce à eux, notre avenir sera glorieux : le travail va progressivement disparaître mais chacun de nous percevra une rente sous forme de revenu universel car les robots vont payer des impôts. J’aime la caricature car elle permet de faire apparaître le côté grotesque d’une idée. La caricature n’est rien d’autre que le raisonnement « aux limites » que pratiquent les mathématiciens pour savoir où se dirige finalement une fonction.
Si vous pensez que tout le monde va bientôt vivre heureux sans travailler car les robots vont payer des impôts et vous redonner l’argent, je vous conseille d’aller consulter le Decodex du journal Le Monde pour rechercher des sites plus conformes à vos idées. Car nous sommes bien dans le domaine de l’idée et non pas de l’information. Je vous avouerai que jusque-là, je n’avais pas jugé bon d’agiter quelques neurones pour me pencher sur la dernière élucubration des paléo-socialistes et autres dinosaures crypto-communistes.
Mais Bill Gates est quelqu’un qui a réussi, a accumulé de la richesse sans dépouiller ignominieusement des masses de pauvres, et s’il embrasse l’idée de la taxation des robots, il faut essayer de comprendre pourquoi. Bill Gates le dit « les robots qui vous pique votre boulot doivent payer des impôts ».
Bill Gates : « En ce moment, l’ouvrier qui a, disons, un travail à 50 000 $ dans une usine, voit son revenu taxé et vous avez un impôt sur le revenu, des cotisations de sécurité sociale, toutes ces choses. Si un robot arrive pour faire la même chose, vous devriez penser qu’il devrait être taxé à un niveau équivalent. »
Mais… D’abord ce sont toujours des personnes qui payent des taxes, pas des choses ou des produits ou des pays ou des sociétés… Qui va payer la taxe sur les robots ? Dans un premier temps les producteurs et dans un deuxième temps les consommateurs. Ce que propose Bill Gates ou Benoit Hamon n’est rien d’autre qu’un impôt sur la productivité. Ensuite, qu’est-ce qu’un robot exactement ? Où est la frontière exacte entre robot et mécanisation, automatisme ?
Aujourd’hui, par exemple, il existe des robots capables de tailler les pieds de vigne, éliminant un travail fastidieux encore majoritairement fait à la main par les vignerons en hiver. Ce robot-là sera-t-il taxé ? Il existe aussi des « fablab » ateliers de prototypage ou de petites séries très automatisés. Un prototypiste étant traditionnellement un ouvrier très bien payé, il faudrait donc une forte taxe sur les fablab. Mais peut-être ne seront taxés que les robots mondialistes. Ceux qui sont utilisés par les capitalistes ultra-libéraux, suppôts déchaînés de la mondialisation esclavagiste et du capitalisme financier. Ces robots produisent les appareils sur lesquels tournent les logiciels de Microsoft, et Bill Gates confirme ainsi son statut de généreux bienfaiteur de l’humanité.
Toutefois, de quelque façon que je tourne cette idée dans ma tête, je n’arrive pas à trouver comment un impôt sur la productivité peut enrichir la société. En effet, la productivité consiste à produire plus avec moins : moins d’énergie, moins de gens, moins de matière grise, donc moins cher. Plus et moins cher, c’est mieux, en principe que l’inverse.
Le capitalisme honnête est par essence déflationniste : il conduit à une baisse des prix. Mais la monnaie a été remplacée par du crédit dont l’attribution est contrôlée par les instances politiques et financières ; depuis, bizarrement, les prix sont dans l’ensemble toujours en hausse et jamais en baisse. Vous savez, c’est l’horrible déflation contre laquelle nos banquiers centraux et nos politiciens doivent lutter car elle les contraindrait à réduire leur dette et donc leur train de vie…
Les prix montent donc, les impôts aussi et les gains de productivité nous sont volés. Mais ils ne sont pas perdus pour tout le monde. Les lois, règlements, normes, taxes pullulent et la Parasitocratie, elle, se porte comme un charme.
Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit