Leclerc aurait déjà jeté aux oubliettes les bonnes pratiques instituées par la charte mise au point entre distributeurs et producteurs après les États généraux de l'alimentation, en novembre dernier. Le ministère de l'Économie tape du poing sur la table.
C'est ce mercredi 31 janvier que Stéphane Travert, le ministre de l'Agriculture, présente son projet de loi sur l'Alimentation. Selon ce texte, chaque Français doit pouvoir accéder à une alimentation de qualité à un coût raisonnable, tandis que les agriculteurs doivent vivre « dignement » de leur travail. Le texte fait suite aux travaux des États généraux de l'alimentation, qui n'ont pas attendu le gouvernement pour coucher sur le papier une charte de bonne conduite sur la négociation des prix entre les industriels, les distributeurs et les producteurs.
Une charte jetée aux orties
Il semble toutefois que Leclerc, pourtant signataire de la charte, ait décidé de la jeter au panier. Une note de la DGCCRF visée par RMC met au jour une pratique du distributeur qui lui permet de négocier les prix en dehors du cadre réglementaire hexagonal. En 2016, le groupe a en effet créé une centrale d'achat en Belgique avec un distributeur allemand. Objectif : tirer les prix auprès d'importants fournisseurs (Nestlé, Danone…) en s'épargnant le respect de la charte et de tout autre texte français. Une pratique qui intéresse d'ailleurs d'autres distributeurs comme Intermarché et Carrefour.
Éviter la contagion
Par ailleurs, la direction de la répression des fraudes met en avant des pratiques de négociation très agressives de la part de Leclerc, qui exigerait de ses fournisseurs des rabais de 5% sans contrepartie, quant ces rabais étaient auparavant de 1 à 2%. De quoi inquiéter le ministère de l'Économie qui a convoqué Michel-Edouard Leclerc ce lundi afin d'évoquer la tenue actuelle des négociations.