Lettre à Benoît Hamon sur le financement du revenu universel

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Par Christian Pire Modifié le 31 janvier 2017 à 11h58
Argent Revenu Universel Programme Hamon Ps 2017
cc/pixabay - © Economie Matin
10%Benoît Hamon veut augmenter le SMIC et le RSA de 10 % s'il est élu.

Monsieur Hamon,

Je vous propose de prendre quelques minutes pour lire ce document qui est une réponse opérationnelle au financement du revenu universel. Cette réponse, qui a fait l’objet depuis plusieurs années d’articles dans la presse française et Suisse (après vérification de la faisabilité de mes propos), est connue de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF).

Monsieur Jean-Pierre Jouet, ex-président de l’AMF et actuel secrétaire général de l’Elysée, compris.

Chaque affirmation de ma part sera suivie d’une preuve de sa justesse ou de son intérêt via des déclarations de hauts fonctionnaires ou personnes dont on ne peut pas remettre en cause la justesse des propos.

Les bases de mes propositions sont simples : affecter une partie des montants pharaoniques endettant les Etats à chacune des crises boursières (devenues quasi métronomiques) au financement du revenu universel (entre autres) grâce à une meilleure information et valorisation boursière.

De quelle manière ? En mettant fin au principal élément à la base de la récurrence et de la croissance des crises boursières actuelles, à savoir : les failles des valorisations et de l’information financière boursière.

1) Histoire : Motif du « scandale » financier

Au milieu des années 80, quantité de pouvoirs étatiques sont passés aux mains du privé et notamment, dans le domaine financier, des banques. C’est dans le cadre de cette « privatisation » que les marchés financiers ont été ouverts à tous, tout en supprimant l’ensemble des règles financières prudentielles mises en place par les Etats après le krach de 29. Actuellement, les règles comptables « Fair value ou mark-to-market » prennent le dessus sur les réalités financières et sont à la base de la très grande majorité des déstabilisations boursières. Ainsi, la comptabilité estime que le prix des quelques derniers titres échangés à 17h30 à la fermeture des marchés boursiers est une référence financière crédible pour valoriser tous les autres titres qui voudraient être vendus. Dans certains cas, c’est le prix de quelques centaines de titres échangés qui est extrapolé mécaniquement par la comptabilité en une référence financière applicable à des millions voire milliard de titres. Voilà d’où proviennent les crises.

Après quelques années de hausses, voire de fortes hausses boursières, réalisées par une très faible minorité mais généralisées à tort en terme de « richesse » informationnelle et en toute incohérence financière à tous les épargnants, il suffit simplement qu’une partie un tout petit peu plus importante que la normale de ces épargnants veuille transformer l’information comptable en cash, pour que le krach se déclenche et s’accentue par l’effet de panique.

Imaginez que vous ayez négocié le prix de votre immobilier avec un acheteur. Pensez-vous que le prix que vous avez négocié serait valable pour tous les propriétaires immobiliers s’ils voulaient tous vendre le lendemain ?

Vous doutez de mes propos ?

Jean-Paul Gaudal, directeur du département supervision bancaire et comptable à la Fédération Bancaire Française, dans « Confrontation Europe » de juillet/septembre 2010 : « Le concept de « fair value », la « juste valeur » sonne à priori équitable : il correspond à la question ancienne de la valorisation correcte des actifs financiers. Mais en valorisant ces actifs au prix du marché au détriment d’autres méthodes, il a contraint les investisseurs à afficher, en période hausses comme de baisses des cours, des gains ou des pertes comptables injustifiés par rapport aux fondamentaux économiques, ce qui a contribué à accroître la volatilité et à bouleverser le paysage financier. Dès lors que les marchés deviennent illiquides, les évaluations ne font que refléter le pessimisme ou l’optimisme des rares participants, dont le comportement ressort alors de phénomènes de hordes, déclenchant de brutales variations de valeur des actifs, à la hausse comme à la baisse.

Laurence Boisseau dans « Les Echos » du 2 juillet 2012 Article intitulé : AMF : Jean-Pierre Jouyet tire sa révérence aujourd’hui
« 
Enfin, les normes comptables devront être regardées de très près, notamment dès qu’il s’agit de comptabiliser à la valeur de marché, ce qui ne peut que générer une forte volatilité. »

Dans « www.trends.be » du 26 janvier 2012 André Orléan qui est au Comité scientifique de l’AMF Article intitulé : Et si les marchés financiers avaient tort ? «Les prix sur lesquels reposent les marchés financiers sont tronqués, pour ne pas dire totalement faux ! »

Paul-Henri de La Porte du Theil nouveau Président de l’Association de la Gestion Financière dans « Les Echos » du 18 mai 2009 : «  Dans la gestion, nous avons focalisé sur le couple rendement-risque en oubliant la liquidité, qui semblait aller de soi. L’effet de ciseau entre un passif qui décollecte et un actif illiquide peut être très douloureux »

Monsieur de Juvigny, Secrétaire général adjoint de l’AMF, le 6 décembre 2010 dans « La Tribune » va encore plus loin en précisant : « L’évaluation financière est si peu encadrée qu’elle fait presque figure d’anomalie dans l’univers réglementé de la finance. Mais avec l’essor du concept de « juste valeur », l’évaluation est apparue comme le maillon faible de l’information financière lors de la crise du « subprime », qui a mis en évidence la difficulté à cerner la valeur intrinsèque d’un actif en l’absence de transactions sur le marché. Avant d’ajouter que « L’AMF n’exclut pas la « possibilité de faire référence, à terme, aux standards de l’IVSC, mais « ne se prononce pas, à ce jour, en faveur de normes précises et contraignantes ». Et pourtant le même jour dans le même journal….

Michel Prada, ex-Président de COB, dans « La Tribune » daté du 6 décembre 2010 en page 37 : Article intitulé : Refonder l’évaluation financière pour restaurer la confiance « Les problèmes de valorisation sont au cœur des crises. Le sujet de l’évaluation financière échappe aujourd’hui à l’écran radar de la plupart des acteurs et des observateurs des marchés financiers. C’est là un véritable paradoxe au regard du rôle central joué par les problèmes de valorisation des actifs dans les dernières crises qui ont secoué non économies. L’incapacité des institutions financières à valoriser de façon précise et convaincante leurs actifs financiers complexes en l’absence de transactions sur le marché a en effet déclenché une crise de confiance sans précédent depuis 1929. L’heure est aujourd’hui à une refondation de l’évaluation financière, qui doit concerner tant les pratiques de place de la profession et sa déontologie. »

Petit à petit nous avons construit un monde de référence comptable n’ayant plus aucune crédibilité financière. Réalité qui nous est rappelée périodiquement lors des krachs répétitifs. Krachs qui, comme vous l’aurez compris, ne sont dans les faits que la résultante d’une minorité un peu plus importante que la « normale » qui demandant la transformation des chiffres comptables en cash transforme la supercherie comptable (chaîne de Ponzi) en crise financière. Ainsi naît le cycle des crises financières que nous connaissons depuis les années 80.

Articles traitant de ce sujet  : « Une histoire de la Bourse » https://www.economiematin.fr/news-marches-bourse-evolution-produits-financiers?utm_source=newsletter&utm_medium=Email&utm_campaign=NL-2013-05-20

et

« Liquidité financière ou le mystère d’un aveuglement collectif ? » et « Liquidité financière ou le mystère d’un aveuglement collectif ? »

https://www.economiematin.fr/news-liquidite-financiere-ou-le-mystere-d-un-aveuglement-collectif-

2) Une solution : Mise en place de l’Information Financière Humainement Responsable

Concrètement, je propose de généraliser la mise en place de l’information boursière appelée IHR (Information Humainement Responsable) qui est l’application du principe juridique appelé « Egalité des porteurs de parts ». Eh oui ! Le système actuel ne respecte pas certains principes juridiques. En clair, au lieu de faire croire abusivement aux épargnants qu’ils peuvent tous bénéficier des hausses boursières reprises dans les médias, au titre de l’information financière humainement responsable, on divise en parfait respect du principe juridique d’égalité des porteurs de parts le gain ou la perte boursière réalisée par les spéculateurs du jour sur l’ensemble des titres.

Les résultantes sont :

- une information boursière stabilisée,

- un prix d’achat des produits financiers nettement plus cohérent et plus faible,

- une volatilité boursière conforme à la réalité réduisant

  • tous les excès de la spéculation,

  • les aberrations du développement des produits dérivés qui n'apportent rien à l'économie et ne servent qu'aux émetteurs et aux spécialistes institutionnels. Cela sans parler de la spéculation sur matières premières responsables selon le rapport ONU de Monsieur Ziegler (reconnu par l’ensemble des politiques internationaux) de la mort de plusieurs dizaines de millions de personnes par an, voir annexe 1

    • Extrait du document : https://www.socioecopofi.com/pages/comprendre-notre-economie/divers/financiarisation---bourse.php

    • 2007 : Tamara Kummer, Porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), le « grenier des Nations unies » « Nous distribuons quatre millions de tonnes de vivres par an à 73 millions de personnes dans 78 pays. L’augmentation de 55 % de nos coûts, depuis juin 2007, a provoqué un manque à gagner, qui nécessite de réunir 500 millions de dollars avant le 1er mai. Si à cette date-là, nous n’avons pas les sommes nécessaires, nous serons obligés, soit de réduire de moitié nos rations, soit de diminuer de moitié le nombre de personnes que nous nourrissons. »

    • Mathieu Laine dans « Le Figaro » du 27 novembre 2009 : « L’élimination de la faim de la surface de la terre nécessiterait, selon le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, 44 milliards de dollars par an d’aides publiques à investir dans les infrastructures, les technologies et les intrants modernes. Cette somme est, dit-il, modeste au regard des 1 340 milliards de dollars dépensés dans l’armement… »

    • Pascal Lamy, Directeur général de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) répondant à une interview dans « Les Echos » du 13 mai 2008 : Question posée : Le monde connaît une grave crise alimentaire. Comprenez-vous que des pays comme l’Argentine, la Chine ou l’Inde restreignent leurs exportations ? Réponse : En tant qu’économiste, j’estime qu’assécher l’offre va dans le mauvais sens. En tant qu’homme politique, je comprends. Les économistes voient cela globalement ; les politiques pensent à leur prochain mandat….

- très fortement le risque de crise boursière dans le respect des textes juridiques,

- Etc.

Pour approfondir ce sujet un article écrit le 31 octobre 2014 « Les crises boursières justifient une « information humainement responsable » » (temps de lecture inférieur à 5 minutes) https://www.economiematin.fr/news-information-humainement-responsable-bourse-finance-gestion-langlade

En annexe, vous trouverez un courrier du 24 août 2011 de Monsieur Jouyet (ex-président de l’AMF et secrétaire général de l’Elysée) qui écrit « particulièrement intéressé » et un autre de son successeur Monsieur Rameix à la présidence de l’AMF qui, via son adjoint Monsieur Denis du Péage, écrit « opportun ».

3) Un outil de financement : Fonds de stabilisation boursier (FSB)

Monsieur Hamon, je vous propose de bâtir le financement du revenu universel, tout en mettant fin à la désinformation boursière actuelle des épargnants non avertis, en créant le premier fonds de stabilisation boursier.

Article paru dans Economie matin « Comment résoudre la crise grecque par les effets boursiers ? » le 5 février 2015 (temps de lecture inférieur à 5 minutes) https://www.economiematin.fr/news-comment-resoudre-la-crise-grecque-par-les-effets-boursiers-

En fait, la problématique du revenu universel n’est pas tant dans sa création que dans l’utilisation (voire l’encadrement) du revenu universel. Cela fera l’objet d’un autre article en temps voulu.

Monsieur Hamon, si vous avez le courage de soumettre ces idées à une véritable réflexion de tous vos conseils, je ne doute pas que vous trouverez en ces propos une solution aussi pragmatique que réalisable dans l’intérêt de toutes et tous.

Par la présente, je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de ma considération distinguée.

Christian PIRE

www.socioecopofi.com

www.agencedecotationihr.com

Annexe

Courrier du 24 août 2011 de Monsieur Jouyet (ex-président de l’AMF et secrétaire général de l’Elysée) qui écrit « particulièrement intéressé » : L’ensemble des articles en lien est en annexe 4.

https://www.agencedecotationisr.com/media/Reponse Jean-Pierre Jouyet/24 08 11 Reponse Monsieur Jouyet courrier du 10 06 09 - copie.pdf

Courrier du 19 septembre 2013 de Monsieur Rameix, président de l’AMF, via son adjoint Monsieur François Denis du Péage : https://www.agencedecotationisr.com/media/Reponse Monsieur Rameix/10 09 13 Anne4Reponse AMF - copie.pdf

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Universitaire. CEDS. Ancien président de société de gestion de portefeuille et gérant d'OPCVM. Créateur de l'approche SOCIOECOPOFI et de l'agence de cotation boursière alternative IHR.

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