Un résultat presque sans appel contre les sociétés gestionnaires d'autoroutes françaises. Accusées de réaliser des marges excessives, ces entreprises sont désormais dans le collimateur du gouvernement, et des Français, selon le dernier sondage TILDER/LCI/OpinionWay publié jeudi 29 janvier.
D'après cette étude, 78% des Français seraient donc favorables à la nationalisation des autoroutes.
Vers une nationalisation des sociétés d'autoroutes ?
Ce résultat est d’abord un sérieux caillou dans la chaussure des sociétés d’autoroute. Il prouve que la communication des concessionnaires ces dernières années n’a pas réussi à démontrer l’intérêt des privatisations de 2006 et, au-delà, la valeur ajoutée "bénéfice client" de la gestion par le privé de nos voies rapides. La conséquence est que ces sociétés n’ont plus aujourd’hui que le juridique comme axe de défense possible, mettant en avant leurs contrats et les engagements de l’Etat.
C’est un axe on ne peut plus légitime que celui du respect contractuel auquel vient s’ajouter la facture de ce qui serait une résiliation anticipée, soit près de 40 milliards d’euros. Un chiffre qui pourrait aussi faire réfléchir les contribuables français. Néanmoins, la difficulté pour les concessionnaires est maintenant de gérer une communication très défensive dont la dimension contentieuse ne sera pas très porteuse dans l’opinion. Par ailleurs, le sujet n’est pas aisé non plus pour le gouvernement.
Derrière le discours de défense du pouvoir d’achat et une certaine dénonciation des profits des sociétés d’autoroute, il y a tout de même celui du respect des engagements, même s’ils ont été pris par un gouvernement d’une autre couleur politique. De ce point de vue là, c’est le même sujet que sur l’Ecotaxe. On se souvient que Ségolène Royal avait dû rectifier le tir après avoir voulu résilier purement et simplement le contrat avec Ecomouv, que la France s’est finalement engagée à payer. Pour le gouvernement aussi, la communication contentieuse risque de ne pas être facile.
Les Français opposés à une annulation de la dette grecque
L'autre question du sondage du jour portait sur la dette grecque. Alors que la France a notamment prêté 40 milliards d'euros à ce pays, trois Français sur quatre sont opposés à une annulation de sa dette. Les Français n’entendent pas effacer l’ardoise grecque. Ce résultat était prévisible, mais il ne va pas simplifier l’exploitation politique que François Hollande entend faire de l’accession au pouvoir de Syriza. Le Président de la République n’a pas voulu laisser Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon tirer tous les bénéfices de cette victoire et c’est pour cela qu’il a convié le nouveau leader grec à venir à Paris avant le prochain conseil européen.
Le défi pour le Président français va être de tenir un double discours. Un discours de politique intérieure sur la lancée de son regain de popularité, par lequel il va chercher à réaffirmer son positionnement à gauche, en vue de l’échéance de 2017 qui est de nouveau rentrée dans son champ de vision. Et un discours de politique européenne qui va certes le conduire à défendre un assouplissement « à la française » des politiques d’austérité mais dans lequel il devra continuer à garantir la réduction des déficits, les réformes structurelles et, vis-à-vis de la Grèce, la nécessité qu’elle tienne ses engagements.
Le calage sur ce point devra se faire au cordeau avec Berlin, ce qui explique l’actuelle prudence des prises de position sur le ton de l’équité et de la justice du remboursement de la dette. Mais les Français, eux, ne sont déjà pas loin d’une position plus tranchée : celle de Margaret Thatcher, en 1979, et son fameux "I want my money back". Avis de tempête pour la zone euro ?
Fiche technique : Etude réalisée les 28 et 29 janvier 2015 selon la méthode des quotas, sur un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.