Statu quo à la Banque Centrale Européenne.
Sans réelle surprise, la BCE a annoncé qu'elle maintenait inchangé son principal taux directeur, à 0.75%. Malgré les récentes secousses chypriotes, l'institution n'a donc pas prévu de sortir de nouveau dispositif non conventionnel, à très court terme tout au moins. Elle maintient ainsi l'un des objectifs principaux de son mandat : contribuer à la stabilité des prix en zone euro.
En somme, le positionnement de la BCE tend à diverger sensiblement de celui de la Banque du Japon, ultra offensif. La banque centrale nippone souhaite de son côté accentuer la stimulation de son économie (et soutenir la hausse des marchés actions, dont la performance atteint +20% depuis le 1er janvier), par une politique monétaire toujours plus accommodante, visant à affaiblir le yen. Sous l'impulsion des lignes directrices du nouveau gouvernement japonais, la Banque du Japon a annoncé qu'elle souhaitait multiplier par deux ses rachats d'actifs obligataires mensuels, tout en doublant sa masse monétaire, jusqu'à ce que le taux d'inflation se stabilise à 2%.
Néanmoins, en ne changeant pas ses taux, la BCE s'octroie une marge de manœuvre éventuelle pour les mois à venir. Si la situation économique se détériorait davantage ou si d'autres crises similaires aux tensions chypriotes survenaient dans d'autres pays, une baisse supplémentaire des taux pourrait alors être envisagée. L'enjeu, faciliter encore davantage les conditions de financement des pays européens, notamment des plus fragilisés tels que l'Irlande, l'Espagne ou l'Italie, sur les marchés obligataires.
Dans ses propos, Mario Draghi, le Président de la BCE, s'est montré rassurant sur la garantie que continuerait d'apporter l'institution pour venir en aide aux pays les plus endettés. La politique monétaire accommodante telle qu'elle s'établit depuis la fin de l'été dernier (avec la mise à disposition d'opérations de refinancement à taux quasi-nul et illimités) sera maintenue aussi longtemps que nécessaire.
Par ailleurs, pour tenter d'éteindre l'incendie lié aux conséquences chypriotes et rassurer les marchés financiers , Mario Draghi a affirmé que le plan d'aide européens à Chypre ne constituerait pas un précédent, pas « un modèle » ni même « un tournant pour la zone euro ». Sur le plan économique, l'atonie de la zone euro a été une fois de plus soulignée, avec pour perspective, une reprise européenne qui n'est pas espérée avant le second semestre de l'année.
Comment les marchés boursiers ont-ils réagi, après l'annonce de Mario Draghi ? Sans entrain. Alors qu'il avait ouvert dans le vert ce jeudi matin, l'indice Cac40 a finalement corrigé de -0.77% sur la séance. Si les volumes d'échanges restent relativement faibles à Paris, la volatilité poursuit son regain haussier. Prudents, les investisseurs privilégient les valeurs sûres, ces dossiers davantage exposés à la croissance mondiale, dans les pays émergents, aux valeurs purement européo-centrées. D'où un mouvement de rotation sectorielle favorable à des titres comme LVMH, Publicis ou Renault.
De la même façon, sur les devises, la prime aux actifs les plus robustes se caractérise par une défiance envers la parité EUR/USD (-1.3% depuis un mois, à 1.2857). L'euro est délaissé au profit du billet vert, sacro-sainte monnaie refuge !