La BCE doit concrétiser sa nouvelle stratégie

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Par Franck Dixmier Publié le 21 juillet 2021 à 5h34
Euro Bce Inflation 1
@shutter - © Economie Matin
2%L'objectif d'inflation de la BCE est désormais symétrique à 2%.

La réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne du 22 juillet devrait être l’occasion pour sa présidente Christine Lagarde de réitérer sa volonté de rester extrêmement prudente, et de maintenir une politique monétaire accommodante, comme indiqué dans ses nombreuses interventions récentes. Malgré un assouplissement des conditions financières en mai, grâce à la baisse des taux long-terme, la recrudescence de la pandémie laisse planer une menace sur les perspectives de croissance en zone euro.

Toutefois, cette réunion est un rendez-vous important, car la BCE va devoir clarifier sa feuille de route suite à l’annonce de sa revue stratégique le 8 juillet. De fait, la cible d’inflation, définie en 2003 comme étant « en dessous, mais proche des 2% », va évoluer vers un objectif d’inflation symétrique de 2% à moyen terme. Celui-ci va requérir, selon Christine Lagarde, une « forceful or persistent monetary policy action », permettant une inflation « modérément » au-dessus de la cible pendant une « période transitoire ».

Alors que la BCE n’a jusqu’ici jamais été en mesure de respecter son mandat de stabilité des prix, les détails à venir sur sa politique seront un test pour sa crédibilité. L’adoption à l’unanimité de la revue stratégique explique probablement sa formulation peu précise, rendu nécessaire pour apaiser les divergences au sein du conseil des gouverneurs. En allant plus loin qu’attendu dans sa revue stratégique, Christine Lagarde s’inscrit dans les pas de Mario Draghi. Mais elle va devoir faire face à une opposition en interne sur les moyens à mettre en œuvre. Il sera donc intéressant d’entendre Christine Lagarde sur la façon dont elle compte concrètement atteindre son nouvel objectif, et notamment sur ces trois points.

  • Que signifie une « politique monétaire persistante » ? Les outils présentés lors de leur mise en oeuvre comme « non conventionnels » (achats d’actifs, TLTROs) font désormais partie intégrante de la boite à outil de la banque centrale, et le PEPP doit prendre fin en mars 2022. Dès lors, quels seront les nouveaux programmes mis en place, pour quels montants et quelle durée ?
  • Quelle sera la réelle marge de manœuvre face à une inflation au-dessus de 2% ?
  • Et qu’entendre par « période transitoire » ?

La politique de la BCE va de plus en plus diverger de celle de la Reserve fédérale américaine, qui devrait annoncer à la fin de l’été un tapering à mettre en oeuvre début 2022. Mais elle se place en alignement total d’intérêt avec les Etats membres de la zone euro. Le maintien de taux de refinancement très faibles, conjugués à des perspectives d’inflation plus élevées à moyen terme si la BCE atteint son objectif, devrait leur permettre de gérer la soutenabilité de leur dette et de mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires pour rehausser la croissance potentielle.

La revue stratégique n’a pas fait réagir les investisseurs, qui restent convaincus que les taux resteront très bas pour encore plus longtemps qu’attendu.

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Franck a rejoint le groupe Allianz en 1995 où il a exercé diverses fonctions dans le domaine des taux. En 1998, il est devenu Directeur des Gestions Obligataires pour AGF Asset Management (aujourd'hui la branche parisienne d'Allianz Global Investors). Son rôle comprenait la responsabilité des portefeuilles d'assurance d'AGF, avant d’être nommé Directeur des investissements d'Allianz Global Investors en France entre 2008 et 2012. Depuis 2012, Franck était CIO Europe pour les activités de gestion de taux et de portefeuilles d’assurance et depuis 2015, Directeur des gestions obligataires Monde. De 2012 à la fusion de la filiale française dans Allianz Global Investors Europe GmbH en 2014, Franck était également Directeur général d'Allianz Global Investors France.  En 2020, Franck est nommé Global CIO Gestion de Taux. Franck est titulaire d'une maîtrise en finance de l'Université Paris Dauphine ainsi que d’un diplôme de 3e cycle d’Economie (Paris Dauphine).

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