Des dettes par dessus la tête. La Banque Centrale Européenne (BCE) achetera sans limite les bons du Trésor des Etats européens en difficulté, à condition qu'ils réforment leurs économies, mais sachent aussi les soutenir, ce qui peut paraître paradoxal... Concrètement, la BCE qui a racheté jusqu'ici 210 milliards d'obligations grecques, espagnoles et italiennes sur les marchés secondaires, pour faire baisser les taux quand c'était vraiment nécessaire, ne se fixera plus de plafond. Ce programme de rachat des dettes publiques, toujours de 1ère, 2e ou 3e main, appelé Outright Monetary Transactions, devrait dissuader les spéculateurs de s'attaquer à certains pays, soulager leurs économies de dizaines de milliards d'euros d'intérêts sur plusieurs années, et facilter à nouveau les échanges interbancaires et les octrois de prêts aux entreprises comme aux particuliers, notamment les prêts immobiliers.
Pour ce faire, la BCE a accepté de renoncer à un autre de ses avantages, celui du privilège de ses créances, sur celles des investisseurs privés ; Autrement dit, en cas de défaillance d'un Etat dont la valeur des bons du Trésor serait en partie dénoncés par l'emprunteur, la BCE ne serait pas servie en premier par le créancier, mais en même temps que les autres, ce qui n'est pas neutre pour les investisseurs privés.
Mario Draghi le président de la BCE a toutefois mis une condition au rachat des dettes publiques par la BCE : que les pays émetteurs aient d'abord appelé à l'aide le Fonds Stratégique Européen (FESF), ce qui n'est pas le cas de l'Espagne par exemple pour l'instant, et surtout... engagé les réformes jugées indispensables par leurs pairs.
La Bundesbank, dont le gouverneur a voté seul contre (face à 22 voix pour), boude ce matin. Maintenant, il faut espérer que sa position conservatrice ne soit effectivement pas la bonne... Mais quels sont les risques de ce programme de rachat de dette et pourquoi l'Allemagne s'y oppose? Lire la suite ici: Rachat de dette par la BCE: quels sont les risques ?.