À la BCE, un Euro fort justifie une politique monétaire plus souple

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Par Alban Huet Modifié le 9 mai 2014 à 9h03

La Zone euro sort de la crise, la cure d’austérité a permis de réduire les déficits, mais la monnaie unique contribue au tassement des prix. Voilà le tableau que dresse Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne.

Mercredi 23 avril, Eurostat devrait publier les chiffres 2013 de la dette publique dans l’Union européenne. Benoît Coeuré appelle les États membres à poursuivre leurs efforts.

« La fascination pour le taux de change est une passion française »

« Il est certain que l'appréciation de l'euro depuis l'été 2012 a contribué au faible niveau actuel de l'inflation. Toutes choses égales par ailleurs, plus l'euro est fort, plus une politique monétaire accommodante est justifiée », a indiqué Benoît Coeuré. « La question est pour nous de savoir si le niveau et les perspectives d'évolution de l'euro risquent de freiner le retour de l'inflation à un niveau proche et inférieur à 2%, qui est notre définition de la stabilité des prix et le coeur de notre mandat », a indiqué le banquier central.

L’ancien du Trésor français, Benoît Coeuré, persiste et signe. Le membre français du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) confirme que, face à l'euro fort, l'institution européenne peut adopter une politique plus souple.

Cependant, M. Coeuré relève que « la fascination pour le taux de change est une passion française, unique en zone euro », et d’ajouter « le fait que la France est un des seuls pays de la zone dont les comptes extérieurs sont dans le rouge n'y est sans doute pas étranger. »

Est-on allé trop loin dans la rigueur ?

Benoît Coeuré, interrogé sur les mesures d’austérité demandées aux pays sous assistance, assure que les plans de sauvetages menés – par l’UE et le Fonds monétaire international (FMI) – ont donné du temps à ces pays pour « infléchir des tendances économiques et financières qui n'étaient plus soutenables. Il pointe en outre que sans eux, « l’ajustement aurait été plus brutal. La rigueur s'atténue maintenant en zone euro, mais ce n'est pas parce que la dette revient à la mode. C'est parce que la plupart des pays ont fait le plus dur et commencent à en voir les fruits. »

À propos des actions que la BCE pourrait prendre face à la hausse du cours de l'euro, Benoît Coeuré a rappelé l'ensemble des options dont dispose la banque centrale. « Nous avons encore de la marge pour réduire le principal taux directeur », indique-t-il. « Nous pouvons aussi faire passer en territoire négatif le taux de la facilité de dépôt, qui rémunère les dépôts au jour le jour des banques auprès de la BCE. Enfin, lors de sa dernière réunion, le conseil des gouverneurs s'est déclaré unanimement prêt à étudier des solutions non conventionnelles, ce qui inclut potentiellement l'assouplissement quantitatif, si les circonstances l'exigeaient ».

L’assouplissement quantitatif en dernier recours

Cet assouplissement quantitatif – type de politique monétaire non conventionnel auquel peuvent avoir recours les banques centrales dans des circonstances économiques exceptionnelles, telles que des crises financières et économiques de grande ampleur – dans l’éventualité où il serait envisagé, devrait intervenir sur une « gamme d’actifs assez large pour injecter assez de liquidités dans l’économie. Le choix des actifs publics ou privés que devrait alors racheter la BCE dépendrait de trois considérations » ajoute Benoît Coeuré.

« Une considération d'efficacité, d'abord, pour s'assurer que les mesures prises se transmettent bien à l'économie réelle, notamment au crédit aux entreprises. Une considération de faisabilité, ensuite. Les marchés financiers européens sont différents des marchés américains : un assouplissement quantitatif pour la zone euro serait donc différent du « quantitative easing » américain. Enfin, les achats d'actifs devraient se faire dans le respect du mandat qui interdit à la BCE de financer directement les Etats. La réflexion est en cours sur tous ces aspects » conclut Benoît Coeuré.

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Analyste financier indépendant, Alban Huet est spécialisé dans l'établissement de bilans complets d'entreprises de toutes natures. Les yeux rivés sur l'évolution des tendances économiques, il n'a pas son pareil pour prévoir quelles valeurs vont grimper ou chuter, et à quel moment. Il officie essentiellement à Paris, New York et Londres.

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