Perdu : 1000 milliards d’euros. Ecrire au journal qui transmettra.

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Par Philippe Herlin Modifié le 2 mai 2012 à 20h26

On a perdu 1000 milliards d’euros ! C’est tout à fait sérieux. Selon Le Monde en date du 26 avril dernier, Michel Barnier, commissaire au marché intérieur, a demandé au président de l'Autorité bancaire européenne (EBA) de s'intéresser à l'usage qu'ont fait les banques des deux prêts géants de la Banque centrale européenne (BCE).

En effet, à deux reprises (les 21 décembre et 29 février), la BCE a prêté 500 milliards d’euros sur trois ans aux banques européennes, à des conditions très avantageuses : 1 % d’intérêt par an !

Pourquoi ? Parce que plusieurs d’entre elles se trouvaient, fin 2011, au bord de la faillite. Les banques détiennent dans leurs bilans des actifs toxiques datant de la crise de 2008 ainsi que de la dette de pays en difficulté (Grèce, Espagne, etc.). Résultat : aucun établissement n’accepte de prêter à ses confrères, par manque de confiance. Le marché interbancaire est complètement asséché. La BCE est donc intervenue pour apporter les liquidités nécessaires, du moins le temps de tenir quelques mois.

Mais au-delà de cette aide d’urgence, les grands argentiers et les dirigeants politiques européens étaient persuadés que l'argent se diffuserait dans l’économie sous forme de crédit aux entreprises et aux ménages, et qu’ainsi la croissance repartirait… Quelle naïveté. S’il suffisait de déverser de l’argent d’en haut pour faire croître l’activité, l’URSS serait devenu la première puissance économique mondiale. L’économie ne fonctionne pas de cette façon, ce sont les entreprises qui créent la richesse, pas la planche à billets.

Alors où sont passés ces 1.000 milliards ? D’abord les banques – sur l’amicale pression de leurs Etats – ont acheté de la dette de leurs pays, notamment en Italie et en Espagne, ce qui a contribué à faire baisser les taux (mais cet effet s’estompe sous nos yeux). Et la plus grande partie a servi aux banques en difficulté à se refinancer auprès de leurs créanciers, c'est-à-dire d’autres banques… qui se sont empressées de replacer cet argent en sécurité… à la BCE ! Les dépôts des banques à la Banque centrale européenne atteignent en effet des records, ils dépassent 800 milliards d’euros. Voilà où se trouve l’essentiel de ces 1000 milliards, dans les comptes de l’institution qui les a elle-même créé. Ca tourne en rond jusqu’à ce que tout s’écroule pour de bon, comme l’URSS…

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.

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