La situation en Grèce devient de plus en plus confuse mais une dégradation rapide de la situation semble, aujourd’hui, improbable.
La décision de la Grèce de transférer la trésorerie des administrations publiques à la banque centrale est peut-être le signe que le pays souhaite utiliser, en cas d’urgence, ces fonds pour rembourser le FMI au mois de mai. Rien n’indique qu’il s’agisse d’un premier pas vers un défaut de paiement. Faire un parallèle avec l’Argentine qui avait agi de la même manière avant de faire défaut est encore très prématuré.
La Grèce et le bras de fer avec la BCE
Cette décision inattendue n’a en tout cas pas été du goût de la BCE qui, en représailles, a laissé entendre qu’une minorité croissante de membres du Conseil des gouverneurs s’oppose au programme ELA. Il serait erroné de sur-interpréter cette information. La Grèce et ses créanciers sont dans un bras de fer difficile qui se gagnera d’abord par la communication. Chaque acteur du dossier doit montrer qu’il ne perd pas la main, c’est ainsi qu’il faut certainement appréhender la réaction de la BCE.
Cinq certitudes au sujet de la Grèce
Aujourd’hui, il y a beaucoup trop de spéculations à propos de la Grèce ce qui pénalise un accord. Nous avons seulement cinq certitudes :
Un défaut de paiement de la Grèce ne signifie pas automatiquement un Grexit qui aurait des conséquences complètement imprévisibles pour le reste de la zone euro. Bien que cela ait un coût élevé pour les Européens, il est dans leur intérêt d’aider financièrement la Grèce.
Le nouveau gouvernement grec a déjà présenté quatre listes de réformes différentes. Sans succès. Face à l’impossibilité de trouver un terrain d’entente, les négociations sont bloquées depuis la réunion de l’Euro Working Group du 1er avril. Une évolution positive semble peu vraisemblable dans les prochaines semaines. Nous tablons plutôt sur un accord de dernière minute courant juin ou juillet.
Le vrai ultimatum pour la Grèce n’est ni le 24 avril ni le 11 mai. Il s’agit du 20 juillet. Le pays a une certaine latitude pour rembourser le FMI qui peut lui accorder un délai de quelques semaines. En revanche, le remboursement de près de 3,5 milliards d’euros à la BCE devra se faire impérativement le 20 juillet prochain. En cas d’impossibilité à faire face à cet engagement, un défaut de paiement sera inévitable.
Dans le pire des scénarios, la Grèce peut liquider au cours des trois prochains mois une partie de ses actifs financiers dont le montant total était estimé par la banque centrale grecque à 87 milliards d’euros en septembre 2014. Depuis, cette somme s’est vraisemblablement fortement dépréciée, en particulier du fait de la chute de la Bourse d’Athènes, mais le pays dispose encore certainement de plusieurs dizaines de milliards d’euros pour payer les charges courantes (retraites, fonctionnaires etc…) et éventuellement rembourser le FMI.
Les marchés financiers paraissent immunisés par rapport aux déboires grecs car la certitude que la BCE interviendra dans tous les cas de figure pour éviter une dégradation majeure de la situation fait consensus. A raison certainement. Cela explique aussi pourquoi la BCE a toujours refusé jusqu’à présent de couper totalement l’accès des banques grecques au programme ELA, ce qui risquerait de précipiter le Grexit. Il convient, toutefois, d’être prudent car la période de mai est souvent propice à une correction sur les marchés financiers. En cas d’accentuation de l’attention des médias et des investisseurs sur la situation financière de la Grèce et surtout de ses banques, il n’est pas exclu que les bourses européennes dégringolent de nouveau. C’est certainement le bon moment pour prendre ses bénéfices et partir en vacances !