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La Banque centrale européenne ne devrait pas annoncer de nouvelles mesures de politique monétaire lors de sa réunion du 10 septembre, au vu des actions engagées depuis mars et dans un souci de se conserver des marges de manœuvre.
- Elle devrait réitérer son message de soutien constant de la politique monétaire, son biais accommodant, et sa capacité à intervenir à tout instant.
- Face à une faible inflation, un euro fort et une reprise hésitante, la BCE pourrait toutefois amplifier son action dans les prochains mois, avec notamment des mesures concernant le PEPP et les LTRO.
La réunion de rentrée de la Banque centrale européenne devrait être moins riche en annonces que le discours de la Reserve Fédérale américaine à Jackson Hole. Sa revue stratégique n’est pas attendue avant 2021, et les derniers chiffres concernant la reprise ou l’inflation ne nous semblent pas justifier à ce stade de nouvelles mesures de politique monétaire.
La BCE devrait donc réitérer son message : face à un degré d’incertitude élevé sur l’évolution de la pandémie, la faible inflation et les perspectives macroéconomiques, un soutien constant de la politique monétaire et le maintien d’un biais accommodant sont indispensables, et elle se tient prête à faire davantage. Toutefois, de nouvelles mesures nous semblent prématurées : la BCE a déjà fait beaucoup depuis mars, et se doit de conserver des marges de manœuvre. De plus, la récente appréciation de l’euro ne fait que corriger sa sous-évaluation par rapport à sa valeur d’équilibre telle que définie par la parité de pouvoir d’achat, reflète de meilleures perspectives macroéconomiques en zone euro et, il faut le noter, salue aussi la réponse coordonnée et massive de la BCE et des gouvernements de la zone euro.
Il est néanmoins probable que la Banque centrale amplifie son action dans les prochains mois. La croissance en zone euro perd de sa vigueur, l’effet de rattrapage né du déconfinement avant l’été s’estompant. Cet essoufflement est clairement illustré dans les chiffres du mois de juillet, avec une faible croissance des commandes à l’industrie en Allemagne (+2.8% après un rebond de 30% le mois précédent), et la faiblesse des ventes au détail en zone euro (+0.6% en glissement annuel contre +1.5% en juin). Par ailleurs, la dichotomie nord-sud, dont la crise sanitaire a été un catalyseur, est de plus en plus évidente : tandis que l’Allemagne révise à la hausse ses prévisions de croissance, les pays du sud s’enfoncent dans le ralentissement. Enfin, les chiffres d’inflation valident le caractère désinflationniste du choc économique provoqué par la crise sanitaire, avec un CPI en août à -0.2% après +0.4% en juillet, et un core CPI à +0.4% après +1.2% en juillet, même s’ils peuvent être expliqués en partie par le report des soldes dans certains pays et la baisse de TVA en Allemagne.
Les nouvelles mesures pourraient inclure une extension des montants du PEPP, que la BCE considère comme son outil le plus efficace, ou une modification de ses paramètres, ajustables à tout moment. Des conditions plus favorables sur les T-LTROs nous semblent également envisageables. Une baisse du taux de dépôt, qui relancerait le débat sensible sur les taux d’intérêts négatifs, nous semble en revanche plus difficile à anticiper.
Cette réunion ne devrait pas avoir d’impact sur les marchés. La présence permanente de la BCE dans les marchés obligataires va continuer à permettre aux Etats et aux entreprises de bénéficier de conditions de financement extrêmement favorables en maintenant des niveaux de taux bas pour longtemps, et en maintenant les spreads sur des niveaux serrés.