Il ne faut rien attendre de la BCE ce jeudi…et encore moins des politiques !

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Par Christopher Dembik Modifié le 4 novembre 2014 à 6h00

La BCE pourrait aussi bien distribuer des billets de 500 euros à toute la population européenne, la confiance ne serait toujours pas de retour. Ce sont aux Etats de prendre leurs responsabilités, et notamment à l'Allemagne de dire si elle est disposée à supporter financièrement la majeure partie du long redressement économique des pays du Sud de l'Europe.

Bien que les marchés le voudraient, il est de l'ordre du fantasme de croire que la BCE puisse dégainer un bazooka à la japonaise comme l'a fait la Banque du Japon la semaine passée. La BCE usera ce jeudi de sa seule arme immédiatement disponible, le forward guidance.

L'exercice pour Mario Draghi est assez habituel. Il s'agira de contenir les anticipations d'inflation et de rassurer sur la trajectoire de la croissance, alors que les chiffres allemands, dont les ventes au détail, font craindre une possible récession du pays en fin d'année. Il n'est cependant pas certain qu'il réussisse à convaincre encore longtemps.

Et si on augmentait les salaires en Espagne ?

Bien que la déflation ne soit en aucune façon notre scénario de base pour 2015, un niveau des prix proche de 2% à moyen terme nous parait de plus en plus difficilement atteignable en zone euro. Là encore, la BCE ne possède pas tous les outils nécessaires pour accélérer la hausse des prix.

Pour qu'une boucle prix-salaire vertueuse se mette en place, il faut que les gouvernements s'émancipent du processus de consolidation budgétaire et incitent les entreprises à augmenter les salaires et à investir. Pour les pays les plus susceptibles d'entrer durablement en déflation, comme l'Espagne où le salaire réel a baissé de 7.3% entre 2010 et 2013 selon Adecco, il s'agirait de revenir en arrière.

Cependant, les conditions ne sont pas réunies pour qu'un tel débat ait lieu. Une boucle prix-salaire se heurte à la nécessité de renouer avec des niveaux de déficit public plus soutenables et à la stratégie de baisse du coût du travail privilégiée par de nombreux pays pour améliorer la compétitivité. A terme, un choix sera à faire.

L'incroyable santé économique américaine

Le fossé économique se creuse des deux côtés de l'Atlantique. Les chiffres de l'emploi et du chômage attendus ce vendredi aux Etats-Unis devraient le confirmer. Nous nous attendons à 240 000 créations de postes en octobre au regard des récents bons indicateurs.

Le taux de chômage se rapproche de l'estimation de long terme de la FED à 5.4% mais le taux de participation restant toujours faible, la banque centrale américaine va certainement maintenir encore longtemps son biais accommodant. Une première hausse des taux ne devrait avoir lieu qu'en juin 2015, avant la période volatile de l'été.

La combinaison d'une reprise solide du marché de l'emploi outre-Atlantique, d'une très faible inflation prolongée en zone euro et de l'attente de nouvelles mesures de politique monétaire du côté de la BCE confortent, en tout cas, notre vision baissière pour l'EURUSD avec un objectif à 1.22 d'ici la fin de l'année et à 1.20 d'ici six mois.

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Christopher Dembik est économiste chez SaxoBank.

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